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FSER : Radio Libertaire en danger
Conséquences pour Radio Libertaire
du Projet de Loi de Finance 2025
En septembre 2026, Radio Libertaire fêtera ses 45 ans ! 45 ans, la force de l’âge, l’âge de raison ? Une certitude, en 2026 nous fêterons cet anniversaire! Nous vous convions par avance à ce rendez-vous futur, que nous souhaitons festifs, avec force et déraison.
Mais à part ça, James, quelle nouvelle ? Tout va très bien Madame l’anarchiste, cependant il faut que je vous dise, on déplore un tout petit rien… Ce tout petit rien, c’est une petite ligne dans le projet de loi de finance 2025. Lequel agencé sous étroite surveillance du Rassemblement National agite savamment la crise d’une dette abyssale pour tailler, trancher, raboter dans moult dépenses inconsidérées, tout en oubliant de nombreuses sur lesquelles on pourrait rogner avec profit. Car nous aussi nous avons des idées et de l’imagination quand il s’agit d’élaborer un budget. Mais au fait !
Le Projet de Loi de Finances 2025 prévoit une réduction de 30 % des financements alloués au Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique. Cette décision met en danger l’existence même des radios associatives, pourtant indispensables au pluralisme de l’information et à la diversité culturelle. Ce FSER, nécessaire au fonctionnement de toutes les radios associatives, est doté d'environ 35 millions d'euros et suivant le projet de loi de finance pour 2025, serait amputé de près de 12 millions, dont un peu plus de 10 millions sont destinés aux Radios Associatives comme Radio Libertaire.
On peut légitimement s’interroger sur le fait que Radio Libertaire, expression de la fédération anarchiste, organisation hostile à l’État, lequel par son pouvoir autoritaire, régulateur, ordonnateur, prescripteur et policier, nous ôte chaque jour le pouvoir de gérer nos vie, que Radio Libertaire s’accommode donc de recevoir des subsides de ce même État.
Le FSER, Kesako, un peu d’histoire :
Le site du Ministère de la culture nous apprend que le Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique locale (FSER) a été créé en 1982. Son « objet (est) de permettre aux radios associatives locales (qui représentent près de 700 structures en France) d’assurer leur mission de communication sociale de proximité auprès des territoires, grâce à des aides prévues par la loi. La mission de communication sociale de proximité est entendue comme le fait de favoriser les échanges entre les groupes sociaux et culturels, l’expression des différents courants socioculturels, le soutien au développement local, la protection de l’environnement ou encore la lutte contre l’exclusion. »
[...]
« Chaque année, environ 700 radios associatives bénéficient des aides du FSER (720 en 2021), qui représentent en moyenne 40 % de leurs ressources.» (source : ministère de la culture [cliquer])
« Jusqu'au 31 décembre 2008, le fonds était constitué à partir des recettes d'une taxe assise sur les sommes payées par les annonceurs pour la diffusion, par voie de radiodiffusion ou de télévision, de leurs messages publicitaires. Elles proviennent désormais d'une dotation forfaitaire du budget de l'État.» (source : wikipedia [cliquer])
C’est donc au début de l'année 2009, que le financement du FSER est passé d'un fond de péréquation, où ceux qui faisaient de la publicité participaient au financement de ceux qui n’en faisaient pas, à un un fond géré par l'État via le ministère de la culture. Cette ressource générée par l'activité économique du secteur, un peu à la manière du Centre National de la Cinématographie dont une partie du financement provient de la billetterie des salles de cinéma n’était donc pas un impôt au sens strict, mais plutôt un dispositif de solidarité. Le genre de mot qui fait bondir les types comme Barnier, Retailleau... j'en passe.
Ce procédé a été souvent utilisé par l'État pour accaparer des ressources qui étaient gérées sans son intervention (ça aussi c'est insupportable!). Quelques milliards sur un fond de sécurisation du régime de retraite. Tentative de main mise sur les réserves du régime Agirc-Arcco. Reprise en main des régimes assurance chômage, Sécurité Sociale, au prétexte de déficits parfois organisés par l'État lui même. En organisant le déficit, l'État s'oblige à intervenir et donc à reprendre le pouvoir de décision, et parfois à taper dans la caisse quand celle-ci est à nouveau pleine.
Radio Libertaire sollicite et perçoit chaque année la "subvention d'exploitation", un des quatre dispositifs financés par le FSER. Si elle est "automatique", cette subvention nécessite tout de même de remplir de nombreux dossiers, fournir des justificatifs... Nous venons tout juste de recevoir notre versement pour l'année 2024, soit les deux tiers du budget RL environ. Le montant est attribué en fonction d'une grille liée au budget de la radio associative. Si la baisse annoncée était répercutée en proportion, l’aide reçue baisserait d’un tiers elle aussi.
Parmi les nombreuses Radio Associatives françaises, RL est sans doute le cas unique d'une radio n'ayant aucun salarié, son activité reposant entièrement sur l'activité de bénévoles. L'essentiel du budget de la radio passe dans le fonctionnement (émetteur, poste N°1) charges courantes (EDF, Copro) et l'achat et l'entretien du matériel. Pour toutes les autres radios, elles doivent trouver des financements complémentaires. Une bonne part de leur budget est utilisé pour le paiement des salaires et des cotisations. Certaines risquent sans doute de devoir licencier, ou d'abandonner la diffusion DAB+ ou FM.
Cette coupe budgétaire risque d'avoir au moins deux conséquences:
• La disparition de certaines fréquences et les répercussions que cela pourrait avoir sur l'ensemble de la filière: baisse de ressources pour les diffuseurs, salariés au chômage, disparition d'une forme de diversité d'expression, tout particulièrement en milieu rural.
• Les radios type Courtoisie, Notre Dame, et autres proches de la galaxie Bolorée ont probablement des financements très supérieurs aux nôtres, et ne risquent pas d'être importunées par cette coupe budgétaire.
Sous des airs de rigueur budgétaire, et d'un sérieux requis par les circonstances, c'est l'opportunité pour un gouvernement aux ordres de l'extrême droite de débarrasser le paysage d'acteurs indépendants ou rebelles, et à tous le moins de resserrer la laisse autour du cou de structures fragilisés. En se souvenant du vieil adage : « Ne mords pas la main qui te nourrit » !
Les coupes budgétaires une fois actées il faut souvent des années pour retrouver un nouvel équilibre. La perspective de l’arrivée du FN-RN au pouvoir dans les mois ou les années qui viennent laisse craindre le pire pour la diversité des expressions.
Mais constructifs toujours, nous somme prêts à œuvrer à la réduction du déficit public. Quelques propositions :
• Suppression du SNU, dont la généralisation nécessiterait entre 3,5 et 5 milliards d’euros par an.
• Abandon définitif des projets de construction de 6 réacteurs EPR2, pour un coût estimé par EDF à 67,4 milliards d'euros. Quand on sait que celui de Flamanville à vu son prix multiplié par 6...
Comme nous craignons de ne pas être entendus dans les hautes sphères parlementaires, le modèle politique et économique de Radio Libertaire n'est donc pas complètement à l'abri de telles menaces. Cela doit constituer une alerte et nous inciter à renforcer notre indépendance financière, mais sans nous isoler, et donc à travailler à des alliances et des solidarités avec des structures proches.