Trous Noirs Multi-thématique, elle s’est construite depuis novembre 2008 et chaque émission appartient à l’une des sept rubriques suivantes :
Terre et Liberté cultures, luttes, alternatives des peuples sans État (et qui n’en souhaitent pas)
Sous les pavés… la terre cultures, luttes, alternatives paysannes
Luttes sociales témoignages d’acteurs des mouvements sociaux partout dens le monde
Terre et radioactivité vie sur la planète mise en danger par une société nucléarisée
Tranches de vie parcours sociaux, culturels, politiques de ceux qui disent NON
Anarchie et anarchistes ils existent… et y en a bien plus qu’un sur cent
Liberthèmes thèmes libres et libertaires
Luttes sociales
Hebdomadaire, le lundi
16h00-18h00
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Date Programme
(s'il a été renseigné par l'émission)
31 mars 2025

Les Éditions Du Monde Libertaire, les éditions de la Fédération Anarchiste déploient une intense activité. Ainsi, tout dernièrement, viennent de paraître Émilie Lamotte, vivre en anarchiste, coécrit par Sylvain Wagnon et Marie Pier Tardif, un livre coédité avec les Éditions Libertaires, ainsi que Paul Robin, La Liberté et la mort, du même Sylvain Wagnon.

De ces deux personnalités, Paul Robin est le plus connu. Avec Émilie Lamotte nous découvrons une personnalité riche et attachante. Émilie Lamotte est née en 1876 et sa vie trop brève s’est arrêtée en 1909, quand celle de Paul Robin, elle a commencé en 1837 et s’est achevée par un suicide en 1912.
Ce qui les rassemblent assurément, c’est d’avoir vécu pour une part à la même époque, de s’être probablement croisés, mais bien plus de s’être intéressés, voire consacrés, en anarchistes aux questions décisives liées à l’éducation. « Une éducation intégrale et rationnelle qui met l’accent sur l’autonomie, l’exploration et la compréhension profonde des enfants. Une éducation qui serait le moyen de transformer la société par la formation d’individus libres et responsables de leurs actes. »

Mais avec ces deux pédagogues, l’éducation ne s’arrête pas aux portes de l’école, c’est l’affaire de toute une vie où chacun cherchera à « s’appartenir ». Apprendre à lire et à écrire sans doute, mais aussi apprendre à connaître son corps, pour faire le choix ou non de la maternité, vivre une sexualité épanouie, sans oublier de s’aventurer dans les larges champs de la créativité et de l’art.

Pour cette occasion, nous recevons les deux auteurs, Sylvain Wagnon dans le studio de Radio Libertaire et Marie Pier Tardi, au téléphone depuis Montréal.
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24 mars 2025

Aurélie Stern a longtemps séjourné en Turquie : nous l’avions reçue le 7 mars 2016 pour son livre  L’antimilitarisme en Turquie.
En novembre 2021 elle a soutenu une thèse d’où est issu son récent livre Turquie-Azerbaïdjan. La danse des loups gris (Éditions Maisonneuve et Larose). Elle apporte un éclairage peu abordé en France sur un courant idéologique et politique du nationalisme turc, le turquisme, et sur le développement d’une zone d’influence visant l’ensemble du monde turc.

Les espoirs de la constitution d’une union turcique reliant États et minorités turcophones ont été grands au début des années 1990, après la chute de l’URSS qui a permis de renouer les contacts avec les Républiques turciques : Azerbaïdjan, Kazakhstan, Ouzbékistan, Turkménistan, Kirghizstan. Malgré la déception, de nombreuses réalisations dans les domaines culturel, éducatif, économique ont pu être réalisées. Elles sont à l’initiative d’associations de militants nationalistes, mais aussi de l’État turc qui a pris le relai, particulièrement depuis 2006 sous l’impulsion de Recep Erdoğan.
Aurélie Stern a nourri son étude par des enquêtes d’opinion, l’analyse de documents et d’archives. des entretiens auprès de nombreux nationalistes turquistes, dont beaucoup de jeunes militants le plus souvent organisés hiérarchiquemente et militairement.
Les ”ennemis” sont objet de haine dans la population et d’attaques armées par les États : les Kurdes pour la Turquie, les Arméniens pour l’Azerbaïdjan dans le conflit du Haut-Karabagh.

Ce livre permet une bonne compréhension de l’évolution de ces groupes identitaires ultranationalistes et une comparaison avec ceux que nous connaissons dans divers pays européens.
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17 mars 2025

Quand Ronces Éditions se sont engagées dans la réédition de Le Boucher des Hurlus, elles n’imaginaient sans doute pas publier un livre « d’actualité ». Et pourtant, l’excitation guerrière de ces derniers jours éclaire sous un jour singulier ce roman de Jean Meckert publié en 1982, sous le nom de Jean Amila, dans la « Série Noire », la mythique collection de romans policiers de Gallimard.
Extrait de la 4e de couverture :
« 1918. Michou, huit ans, est à la tête d’une bande d’orphelins de guerre. Rongé par l’esprit de vengeance, il part à la recherche du boucher des Hurlus, le général qui a fait fusiller son mutin de père, afin de lui rendre la monnaie de sa pièce. »

Pour saluer cette belle édition illustrée par Saint Molotov, Trous Noirs consacre une émission à Jean Meckert, écrivain singulier en passe d’être redécouvert, et dont les textes se caractérisent avec constance par une profonde hostilité à tout embrigadement.

Pour ce faire nous recevrons non pas un, mais quatre invités :
Quentin pour Ronces Éditions,
Saint Molotov, illustrateur,
Stéphanie Delestré, directrice de la « Série Noire »,
Hervé Delouche, tous deux auteurs de la postafce au Boucher des Hurlus, et des présentations rédigées pour les rééditions de nombreux autres textes qui sont publiés chez Joëlle Losfeld.
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10 mars 2025

Pour l’État, la priorité absolue est aujourd’hui la Défense nationale et le Ministère des Armées. La Santé publique fait partie des parents pauvres, plus particulièrement le secteur de la psychiatrie.
La casse des hôpitaux publics a déjà été largement entamée par la loi Bachelot en 2002, imposant la recherche de la rentabilité, l’hôpital-entreprise étant chargé de gérer au mieux des patients‑marchandise.
Pour la psy, c’est en 2021 qu’un décret a imposé un nouveau mode de financement, variable tous les ans en fonction de critères liés à une approche visant à réduire au minimum ce qui est présenté comme un ”fardeau économique”, afin de préserver la compétitivité de notre pays.

Cette vision mercantile conduit à une véritable catastrophe, particulièrement dans le cas de l’Aisne, département rural à fort taux de pauvreté et indice de vieillissement important.
Il y a quelques mois ont été fermées deux unités de proximité dépendant de l’Établissement public de santé mentale départemental de Prémontré, à Saint-Quentin et Villiers-Saint-Denis. La fermeture prochaine des autres (Laon, Chauny, Hirson et Soissons) a été annoncée. Cette bombe à retardement prépare l’augmentation des affects socio-dépressifs et des souffrances sociales de la population.

Un collectif ”Prémontré en lutte” s’est constitué à l’initiative de la CGT, réunissant des militants syndiqués ou non, des personnels hospitaliers, des associations et des personnes se sentant concernées. Il a décidé de mener diverses actions afin d’alerter sur les conséquences de cette décision.
Ainsi, une ”caravane psy” se déplace chaque mois de janvier à juin dans six villes différentes, pour informer personnels des hôpitaux, services d’urgence et population : interventions, tracts, conférences-débat, témoignages de patients et familles. Mi-juin, un festival revendicatif sera organisé à Prémontré.

Nous recevons dans notre studio quelques-uns des membres de ce collectif.
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03 mars 2025

Sont présentées deux nouveautés des Éditions du Monde Libertaire :
L’éducation intégrale - Paul Robin, Eugène Delaunay et la pédagogie libertaire d’Hugues Lenoir, dans une collection qui propose de ”faciliter l’accès à la pensée de figures importantes de la littérature anarchiste en mettant en regard un texte oublié”.
Ce livre permet de (re)découvrir Paul Robin, animateur de l’orphelinat de Cempuis, à travers un texte où il présente son expérience pendant 14 années d’une ”pédagogie de la liberté” permettant aux enfants de développer une ”culture harmonique de toutes les facultés physiques, intellectuelles et affectives”. Sont également présentés les articles ”pédagogie” et ”éducation”, parus dans L’Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure, rédigés par l’instituteur libertaire Eugène Delaunay.

Terre sainte, guerre sans fin - la création de l’État d’Israël en Palestine, sionisme et utopies du Réseau Makhno, dans la collection Ici et maintenant ”qui a vocation à rendre compte des terrains de lutte actuels”.
Ce livre a pour objectif d’informer en ”reprenant tous les éléments géographiques, historiques et politiques qui nourrissent cette nouvelle Guerre de cent ans”. Sont notamment abordés la désintégration ottomane et les pressions des impérialismes (français, britannique et russe), le développement des nationalismes, la rôle des diasporas, la présence des religions monothéistes (judaïque, chrétienne, musulmane) ainsi que de multiples schismes (maronite, chiite, sunnite, druze...), les liens entre nationalisme et territoire favorisés par la construction d’un ”récit national” déformant la réalité historique.
En déconstruisant les éléments de langage des uns et des autres, il s’agir de sortir d’une logique de guerre qui fait de plus en plus de victimes.
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24 février 2025

Le 1er janvier 1925, Robert Louzun, Alfred Rosmer, Pierre Monatte et quelques autres militants syndicalistes créent La Révolution prolétarienne - Revue syndicaliste communiste.
100 ans et 827 numéros plus tard, Les Éditions Syllepse en publient une sélection d’articles regroupés en une vingtaine de thèmes, Christian Mahieux et Stéphane Julien en ayant assuré la coordination : La Révolution prolétarienne (1925-2025) - La revue qui n’a pas observé le mouvement ouvrier mais qui l’a vécu.
Ses fondateurs avaient déjà vécu les conséquences d’un événement qui va diviser et affaiblir le mouvement ouvrier pendant des dizaines d’années : le coup d’État d’octobre 1917 en Russie. Ils partagèrent un temps les illusions de nombreux militants qui virent dans le parti bolchevique ”l’outil révolutionnaire qui a vaincu les blancs”. Un court séjour au Parti Communiste en 1924 et le noyautage bolchevique de la CGTU, adhérant dès sa création en 1922 à l’Internationale syndicale rouge (ISR) inféodé au Komintern, les ont alors amenés à créer La Révolution prolétarienne pour donner la parole à des militants minoritaires de la CGT et de la CGTU se réclamant de l’autonomie syndicale : le sous-titre devient ”Revue syndicaliste révolutionnaire” en 1929.
Ils ont toujours gardé espoir dans l’unification syndicale afin que le mouvement ouvrier retrouve toute sa force, mais les courts épisodes, en 1936 et en 1943, ne résistèrent pas aux manœuvres partidaires internes.

Les articles présentés analysent de nombreuses luttes sociales en France et dans le monde, anciennes (révolution espagnole, mai-juin 1936, Tunisie, Algérie, Mai 68, Lip...) ou récentes comme le mouvement pour les retraites.
On peut y lire de très beaux textes, tels ceux de Victor Serge, Daniel Guérin, Albert Camus, ou Simone Weil évoquant l’avenir : ”Cet avenir, il ne faut pas l’attendre, mais le faire”.
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17 février 2025

Pour notre invité Corto Fajal, faire des films est un moyen de vivre des aventures extraordinaires, de faire des rencontres et de les partager ensuite. Depuis longtemps il s’est intéressé aux cultures et sociétés traditionnelles.

Ainsi, pour réaliser Jon face aux vents, il a partagé pendant 5 ans le quotidien au-dessus du cercle polaire de cet éleveur de rennes Sami. Son film est construit autour des huit saisons de l’année, suivant notamment les migrations du troupeau de 3 000 rennes. Une immersion dans une nature magnifique, mais aussi une grande proximité avec Jon, son savoir, son goût du partage, sa vision des choses dans une période où certains viennent exploiter les ressources de ce territoire, alors que les Lapons ne se considèrent pas comme propriétaires de la terre.

Pour Nous Tikopia il a fait trois longs séjours sur cet île de 5 km2 et de 2 000 habitants, dans l’archipel de Salomon en Mélanésie. Pendant cette période, l’influence extérieure s’est accrue (installation d’une antenne téléphonique, navires ravitailleurs deux fois par an). Un certain nombre de jeunes sont ainsi partis étudier à l’extérieur, mais beaucoup sont revenus vivre à Tikopia, ayant côtoyé un monde moderne difficile et agressif. D’autre part, ils ont refusé l’introduction de l’argent dans les échanges internes. Ti Namo le roi de l’île, venu en France à la sortie du film, disait avec humour : ”Vous avez l’heure mais vous n’avez jamais le temps, nous on n’a pas l’heure mais on a du temps”.

Le confinement dans sa petite commune de Longaulnay a donné l’occasion à Corto Fajal de mettre localement en pratique ces valeurs d’entraide, de solidarité et de partage qu’il a rencontrées parmi ces peuples. Il a été à l’origine de l’association ”Bien vivre en Bretagne romantique”, communauté de 25 communes qui regroupe environ 35 000 habitants, à mi-chemin de Saint-Malo et Rennes. Quelques-unes des nombreuses activités : marché ambulant alimenté par des producteurs locaux, jardins partagés, maraîchage solidaire, échanges de compétences entre habitants, buvette et alimentation locale, rencontres régulières pour des soirées festives ou des échanges sur des sujets du quotidien...

Ses projets actuels : une thèse dont le sujet ”Vers une expérience autochtone élargie : contribution à une réflexion sur les relations homme-nature dans les sociétés de culture occidentale” sera aussi abordé dans un film et un livre.
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10 février 2025

En juillet 1936, après la tentative de putsch militaire en Espagne, le militant anarchiste Martín Milar répondait à la question ”De quoi avez-vous le plus besoin ?” : ”D’armes ! De mitrailleuses, de canons, de chars, d’avions, de munitions, de télémètres, de radiogoniomètres”.
Alors que Franco est soutenu par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste, la France et l’Angleterre mettent en place une politique européenne de ”non-intervention”, visant à interdire l’envoi d’hommes et de matériel de guerre pour soutenir la République espagnole.
De son côté, le récit mémoriel communiste, largement repris par l’historiographie, met essentiellement en avant les armes provenant d’URSS et traite avec mépris l’”inefficacité” des fournitures passant par divers circuits de contrebande liés notamment à la solidarité internationale anarchiste.

Notre invité, l’historien Pierre Salmon, a publié Un antifascisme de combat - Armer l’Espagne révolutionnaire paru aux Éditions du Détour.
Travaillant sur diverses archives notamment liées à la surveillance policière et militaire, il décrit les nombreuses initiatives de contrebande d’armes.
Ainsi en France le Comité pour l’Espagne libre (CEL), qui deviendra la branche française de la Solidarité internationale antifasciste (SIA) en mai 1937, est créé par Louis Lecoin de l’Union anarchiste (UA). À Perpignan, le ”Comité du Continal Bar” est animé par Maurice Jacquier de la Gauche révolutionnaire (GR), courant pivertiste de la SFIO.
Le renforcement du pouvoir étatique, l’intégration progressive des milices dans l’Armée Populaire conduisent à une opposition entre révolution et contre-révolution, débouchant sur de sanglants affrontements armés avec les staliniens lors des journées de mai 1937 puis sur la venue au pouvoir de Juan Negrin, socialiste en accord avec les communistes pour privilégier la guerre à la révolution sociale. En août 1937, le communiste Enrique Lister, à la tête d’un corps d’armée, détruit les collectivités libertaires de Catalogne et d’Aragon.
Plus tard, la défaite militaire puis la ”Retirada” à partir du début de 1939 font connaître aux républicains l’”accueil” de la France dans des ”camps de concentration”.
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03 février 2025

”Refuser de prêter ma voix pour justifier la guerre excepté celle de tous les peuples contre leurs despotes et exploiteurs - la Révolution Sociale”, écrit Emma Goldman en mars 1917 dans le mensuel anarchiste Mother Earth.
Un siècle plus tard, des collectifs de femmes russes réagissent à l’invasion de l’Ukraine : ”Nous sommes l’opposition à la guerre, au patriarcat, à l’autoritarisme et au militarisme”.
Ces textes figurent dans le livre publié récemment aux Éditions du Monde Libertaire, La guerre contre les femmes - Les femmes contre la guerre d’Hélène Hernandez.
Beaucoup d’autres sont issus d’articles du Monde Libertaire, du périodique Casse-rôles ou de l’émission hebdomadaire Femmes libres sur Radio Libertaire.

L’actualité médiatique centrée sur Gaza et l’Ukraine ne doit pas faire oublier les dizaines d’autres guerres, au cœur desquelles les population civiles, dont les femmes, sont victimes. Elles luttent et résistent contre gouvernements, talibans, mollahs, fous de pouvoir et fous de Dieu qui arrêtent, emprisonnent, violent, torturent, assassinent, esclavagisent.
Le Rojava au Kurdistan, le mouvement ”Femme Vie Liberté” en Iran, sont évoqués dans ce livre, mais aussi bien d’autres régions du monde.
Le dernier texte est intitulé ”Sonder les ténèbres qui font d’un bébé un assassin”, phrase de la femme d’un journaliste arménien assassiné en Turquie, pays ultra-militariste où la violence quotidienne est entretenue par le dressage, la dépersonnalisation des jeunes recrues.
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27 janvier 2025

Les innovations technologiques sont financées par l’État afin de renforcer son pouvoir régalien. Ainsi la police a à sa disposition de nouveaux moyens, menaces pour nos libertés : vidéosurveillance algorithmique (VSA), reconnaissance faciale, drones, logiciels prédictifs.
Après la ”Smart city”, de nombreuses collectivités locales investissent dans la ”Safe city”.

Les révélations d’Edgar Snowden sur les programmes de surveillance américains et britanniques avaient amené en 2018 l’Union Européenne à adopter le règlement général sur la protection des données (RGPD) et, pour la France, la loi relative à la protection des données personnelles, prolongement de la loi ”Informatique et Libertés” de 1978 et de la création de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) la même année.
Mais ces garde-fous se révèlent de plus en plus franchissables par la stratégie des petits-pas et l’accumulation de dispositifs dérogatoires adoptés au nom de la sécurité publique, tels ceux des Jeux Olympiques. Un autre argument des décideurs est de ne pas contrarier la mise sur le marché d’innovations, ce qui risquerait de marquer notre retard en ce domaine. La CNIL se révèle ainsi totalement impuissante face à la surveillance d’État.

Déjà reçu le 10 février 2020 pour L’Utopie déchue. Une contre-histoire d’Internet, Félix Treguer nous parle de son récent ouvrage Technopolice - La surveillance policière à l’ère de l’Intelligence Artificielle. Il nous alerte sur le fait que ”dopée par la puissance de l’informatique, la Technopolice tend à se faire totalitaire. L’action collective demeure la meilleure manière de se donner prise et d’éprouver notre puissance commune”.
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20 janvier 2025

En septembre dernier, les éditions Des Presses du Réel mettaient en librairie Élisée Reclus, les 101 mots, un abécédaire conçu à partir, avec ou au prétexte de la pensée et du travail du géographe et anarchiste Élisée Reclus. Ce lundi 20 janvier, Trous Noirs reçoit les quatre coordinateurs de l’ouvrage, Pauline Couteau (Philosophe), Federico Ferretti, Philippe Pelletier (tous deux géographes), et Nicolas Eprendre (réalisateur).
Les plus avisés noteront que Nicolas est aussi un des animateurs de Trous Noirs avec Serge et Monique. Alors conflit d’intérêt et copinage sur Radio Libertaire. En fait oui, et sans fausse honte.
Parce que Trous Noirs m’a invité à faire la connaissance des studios de Radio Libertaire pour parler du film que j’ai consacré à Élisée Reclus en 2012. Et que cette première invitation a marqué le début de ma présence à Radio Libertaire.
Parce que Pauline Couteau, Federico Ferretti et Philippe Pelletier sont des amis et que nous sommes toujours heureux de les recevoir et de les entendre.
Et enfin si cela ne suffisait pas encore, parce que partager notre passion pour Reclus est une raison suffisante.

Élisée Reclus, les 101 mots est le fruit d’un travail de plus de trois années. 101 notices, en manière de jeu pour lesquelles nous avons convié plus de cinquante auteurs et autrices. Ils ou elles sont géographes, historiens, philosophes, sociologues, illustrateurs, architectes, biologistes… Français, italiens, espagnols, brésiliens, anglais, suisses.

Dans cette émission enregistrée le 13 décembre dernier, nous aborderons l’origine de ce travail, la manière dont nous l’avons conçu, tout en revenant sur les dates clés de l’existence d’Élisée Reclus. Cet abécédaire nous a permis de mobiliser des plumes critiques refusant le conformisme comme l’hagiographie. Les 101 feuilles de cet arbre reclusien font le point sur des sujets d’actualité, comme la science, le milieu, le genre, la violence, le peuple, la révolution… et offrent des perspectives inattendues, Saint-Simon, Spinoza, cosmos, race, tourisme… promesses de découvertes futures.
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13 janvier 2025

La fabrique du progrès - Scientisme, système technicien et capitalisme vert de notre invité, Arthur Guerber, correspond à un long travail qu’il a réalisé pour analyser le rôle des sciences dans l’évolution de nos sociétés. Il souhaite contribuer à ”éveiller notre sens critique face au discours dominant”.
Il remet en cause une certaine vision du progrès, liée à une philosophie linéaire et finaliste de l’Histoire, dont le marxisme s’est nourri pour tenter d’imposer sa vision du ”socialisme scientifique”.
Aujourd’hui le capitalisme occidental, vantant les bienfaits miraculeux de la technologie, substitue à la foi religieuse vieillissante une foi scientifique ”moderne” : le scientisme.
Le sujet de cet ouvrage est d’une actualité que chacun peut constater, dans laquelle s’accélère chaque jour la dérive technocratique du pouvoir. Ainsi, pour Arthur Guerber, le déploiement effréné des technologies numériques par les industriels et l’État ”constitue la plus grande menace sur les libertés”.
Dans une première émission, il avait échangé avec nous sur le développement du capitalisme vert, la naturalisation des problèmes sociaux et la culpabilisation du consommateur afin de lui faire accepter une gouvernance environnementale globale.
Il revient dans notre studio pour analyser l’histoire des sciences et leurs limites ainsi que la façon dont s’est installée le mythe d’une technologie progressiste, au service d’une synergie entre capitalisme et science.
”Voulons-nous d’un monde produit par l’algorithmisation de nos vies ?”
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06 janvier 2025

Nouméa : Hamid Mokaddem a participé au barrage filtrant installé par les habitants du quartier de Petite normandie pendant les journées d’affrontements et de révolte de la jeunesse face au mépris et à la violence coloniale. Il retrace la vie quotidienne sur cette base-vie, ses discussions, ses rencontres, ses analyses à chaud dans le récent ouvrage Chroniques de Kanaky (Nouvelle-Calédonie) 13 mai - 10 juillet 2024.
Il explique comment des ”milliers de jeunes de 15 à 26 ans ont sillonné les quartiers échappant au contrôle des services d’ordre, aux bureaucraties des partis politiques, des comités et relais de ces partis” et pourquoi ”Ce mouvement n’est pas une émeute. C’est une révolte qui pourrait être en passe de devenir une révolution”.
Il cite la Lettre ouverte au peuple de France - Pour une solidarité entre nos peuples de l’écrivain kanak Waixen Wayewoll :
”La Kanaky est une terre annexée par l’Etat colonial français depuis 1853. Il y a un peuple premier qui était déjà là, de la civilisation du Lapita depuis plus de 3000 ans. Il s’est socialement organisé dans le pays avec ses clans, ses institutions et ses règles coutumières. Une civilisation de l’oralité où les savoirs et connaissances se transmettent de génération en génération. C’est aussi un peuple d’eau et de la terre.
Le peuple kanak est un peuple de résilience, de résistance, de non-violence. Il se bat pour son droit, contre un système d’oppression et non contre le peuple de France.
Nos enfants ont bien compris qu’on les pousse par ce genre de provocation pour justifier une militarisation à outrance, une répression meurtrière et une pacification par la force des armes.”
Pour comprendre la situation, il est nécessaire de mieux comprendre la culture kanak et de rappeler ce qui a amené l’impasse actuelle, depuis les débuts de la colonisation, la récupération de terres coutumières, les ghettos des réserves autochtones, le code de l’indigénat. Jusqu’à aujourd’hui de nombreuses révoltes kanak ont été sauvagement réprimées et les espoirs des accords de Nouméa en 1998 ont été déçus.
Sur tous ces sujets nous échangeons avec Hamid Mokaddem et Charles Illouz, ethnologue et anthropologue, qui connaît très bien la culture de ce peuple.
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30 décembre 2024

Rediffusion de l’émission du 1er juillet 2024.
À l’occasion du centenaire de la naissance de Michel Ragon (décédé en 2020), la revue Fragments et le Cercle culturel de littérature ouvrière, paysanne et sociale ont organisé un colloque intitulé Michel Ragon – la littérature prolétarienne, l’anarchisme, l’architecture les 8 et 9 juin derniers.
Tous les enregistrements sont disponibles sur le site de Radio Libertaire (ˮÉvénements spéciauxˮ). Mais pour que ceux de nos auditeurs n’utilisant pas internet n’en perdent pas tout, Trous Noirs vous propose aujourd’hui un montage composé des interventions de :
• Raphaël Romnée (Postier retraité, syndicaliste) : Michel Ragon et mai 68,
• Abbi Patrix (Conteur) : sketchs à partir du livre Drôles de métiers,
• Christophe Carassou (Comédien) : lecture théâtralisée d’extraits de La Mémoire des vaincus.
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23 décembre 2024

Rediffusion de l’émission du 17 juin 2024.
À l’occasion du centenaire de la naissance de Michel Ragon (décédé en 2020), la revue Fragments et le Cercle culturel de littérature ouvrière, paysanne et sociale ont organisé un colloque intitulé Michel Ragon – la littérature prolétarienne, l’anarchisme, l’architecture les 8 et 9 juin derniers.
Tous les enregistrements sont disponibles sur le site de Radio Libertaire (ˮÉvénements spéciauxˮ). Mais pour que ceux de nos auditeurs n’utilisant pas internet n’en perdent pas tout, Trous Noirs vous propose aujourd’hui un montage composé des interventions de :
• Thierry Maricourt (Écrivain, essayiste, critique) : Michel Ragon, libre et libertaire.
• Justine Mangeant (Universitaire) et Martine Minarovits (Bibliothécaire en retraite) : lectures croisées de Les Mouchoirs rouges de Cholet et 1793.
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16 décembre 2024

Les 29 et 30 octobre derniers, en Espagne, un évènement climatique appelé DANA, pour Depresion Aislada en Nivelos Alto, soit dépression isolée de haute altitude, a provoqué des précipitations d’une extrême intensité dans les régions de Valence et de Murcia. D’autres évènements semblables sont intervenus sur la péninsule ibérique, mais avec une moindre gravité, en Catalogne, et aux Iles Baléares notamment.

Cependant, c’est sur la région de Valence que les conséquences ont été les plus dramatiques. En quelques heures, des torrents de boue se sont formés et ont dévasté de nombreux villages autour et en périphérie nord de Valence. Un peu plus d’un mois après les évènements, le bilan fait état de 240 morts et disparus et de dégâts majeurs pour de nombreuses infrastructures de la région. C’est de fait une des plus graves catastrophes naturelles ayant frappé l’Europe et plus particulièrement l’Espagne.

Cette catastrophe a mis en lumière deux faits importants. D’une part l’indigence coupable de la réaction des autorités régionales (Généralitat de Valencia), tout particulièrement de son président Carlos Mazon, et de l’État central espagnol. D’autre part un formidable élan de solidarité et d’entraide qui se prolonge encore aujourd’hui, pour secourir les sinistrés et remettre en état ce qui peut l’être.

Pour faire le point sur cet évènement, nous recevons, pour une émission qui a été enregistrée le 6 décembre dernier, Daniel Pinos et Juan Miguel Font. Daniel Pinos séjourne très fréquemment en Espagne, où il est en contact avec les milieux syndicaux et libertaires, et il a écrit dans le Monde Libertaire de décembre un article pour rendre compte de ces évènements et de leurs conséquences.
Nous aurons ensuite un échange téléphonique avec Juan Miguel Font, le secrétaire général de la CGT de Valence, et le coordinateur des actions de solidarité avec les victimes de la DANA.
Avec eux, nous ferons le point sur les conséquences de la catastrophe des 29 et 30 octobre derniers, et ce qu’il faut en apprendre.
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09 décembre 2024

Sous les pavés... la rage, la rage de lire du jeune saute-ruisseau Michel Ragon.
Dès ses 12 ans en 1936, à Fontenay-le-Comte en Vendée, il sait ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. Il ne sera ni paysan, ni bourrelier, ni domestique comme les membres de la famille dont il est issu. Il s’entend bien avec eux, mais se sent différent. Il veut lire, apprendre, apprendre encore, écrire. Les mots écrits l’accompagnent partout, il aime jouer avec eux, apprécie l’humour.

Sa mère, qui rêve pour lui d’un emploi de bureau, s’installe à Nantes lorsqu’il a 14 ans. Dans son premier roman Drôles de métiers (1953), il parlera de ses emplois successifs : garçon de courses, aide-comptable, mécanicien, emballeur...
Il découvre des auteurs dans les bibliothèques des appartements que sa mère est chargée de garder : il écrira des livres plus tard ; il observe attentivement immeubles et maisons : il sera historien de l’architecture et de l’urbanisme plus tard ; il se glisse discrètement dans les galeries de peinture : il sera critique d’art plus tard.
Autodidacte venu de la plèbe, il sait que la culture est un outil d’émancipation.

À 19 ans, il commence à fréquenter poètes et peintres. Pour élargir son horizon et ses rencontres, il monte à Paris en 1945. Il publie plusieurs recueils de poèmes.
Rapidement il rencontre Henri Poulaille, créateur du courant de la littérature prolétarienne, il tient la librairie de l’anarchiste Pierre-Valentin Berthier, sympathise avec Étienne Dorléans, spécialiste de Proudhon, Armand Robin, pacifiste, Maurice Joyeux...
C’est la période pendant laquelle les communistes se voulaient hégémoniques au sein de la gauche politique et intellectuelle, mais il suit la ”voie libertaire” à laquelle il restera toujours fidèle. Il commettra le sacrilège de critiquer Louis Aragon, fervent dévot du Parti et du ”Petit Père des peuples”, Staline.

Avec nous dans le studio, Thierry Maricourt auteur de l’ouvrage Une rage de lire - Le jeune Michel Ragon aux Éditions L’Échappée, ami de Michel Ragon qu’il évoque avec tendresse et passion. Lui aussi est autodidacte, auteur de romans et d’essais, et a exercé de nombreux métiers.
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02 décembre 2024

Francis Linart, notre invité, est un des animateurs de la revue en ligne Les Obscurs, dont un des premiers textes ”Sans attendre” affirme : ”On ne va pas attendre cent ans pour vivre libre”, qui renvoie à la phrase ”Ce n’est pas dans cent ans qu’il faut vivre en anarchistes”.
Les anarchistes individualistes, qui se reconnaissent dans ce précepte de Libertad, ont une vingtaine d’années dans les premiers jours du vingtième siècle. Ils se définissent comme des ”en-dehors” et refusent de se soumettre à l’ordre social dominant, à l’exploitation du salariat : ”Travailler librement, aimer librement, nous revendiquons toute la vie” pouvait-on lire dans le journal l’anarchie sous la signature de Victor Kibaltchiche, futur Victor Serge.
Avant les dérives illégalistes de certains, ils ont concrétisé leur refus des normes et préjugés de la société, inventant d’autres relations entre hommes et femmes, adultes et enfants.
La communauté d’habitat installée dans une grande maison au 22 rue du Chevalier de la Barre à Montmartre, le ”Nid rouge” pour la police, en était un noyau essentiel. Avec l’objectif de l’émancipation individuelle, ils animent diverses initiatives qui les rattachent au courant anarchiste éducationniste : les ”Causeries populaires”, le journal L’anarchie, ”Libertaire-plage” colonie de vacances pour adultes et enfants à Chatelaillon près de La Rochelle, le projet inabouti d’une école pour les enfants du quartier, alternative à l’école confessionnelle et à l’école laïque qui apprend ”le respect de l’armée, de la patrie, de la propriété et l’infériorité de l’étranger”.
Les femmes sont nombreuses dans le groupe. Elles militent contre le mariage et la prostitution, pour le contraception et l’égalité avec les hommes. On peut notamment citer Anna Mahé, Rirette Maîtrejean, Émilie Lamothe, Jeanne Morand.

”La vie, toute la vie est dans le présent. Attendre, c’est la perdre”, L’anarchie.
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25 novembre 2024

Le son de la révolte, deuxième partie.
La musique africaine-américaine prend ses racines dans l’esclavage : en 300 ans plus de 11 millions d’Africains ont été ramenés de force dans le Deep South des États-Unis pour servir de main d’œuvre corvéable à merci pour les grands propriétaires de champs de coton. Les chants, les danses, les joutes verbales jouèrent un rôle essentiel pour supporter les souffrances et renforcer les liens communautaires entre ces déportés de différents peuples d’Afrique de l’Ouest.
Dans un pays qui se présentait comme celui de la liberté et de l’égalité, les conditions de travail et de vie abominables imposées à ces humains (ségrégation, lynchages) afin de devenir la nation la plus riche du monde, étaient justifiées par les exploiteurs blancs en prétendant appartenir à une race supérieure : encore aujourd’hui ”Indios” et ”niggers” sont des injures crachées au visage de sous-hommes ”menaçant la pureté de la race”.
Lutter en chantant les ”work songs” leur a permis de dénoncer les injustices, de construire un rempart contre l’aliénation. Mais qu’est-ce que le jazz ? :
”Un noir était jazz dans tout ce qu’il faisait”, Nina Simone, pianiste et chanteuse.
”Le jazz est l’éternel tam-tam qui résonne dans l’âme noire, le tam-tam de la révolte contre la lassitude de vivre dans un monde blanc”, Langston Hugues, poète.
Pour l’industrie américaine du spectacle, le jazz était avant tout un produit commercial de divertissement permettant de faire des profits. Certains musiciens blancs ont tenté de le copier en éliminant son contenu social. Mais cette musique, en perpétuelle évolution depuis les zones rurales pauvres du sud et les ghettos noirs des villes industrielles, a su rendre sa dignité au prolétariat noir.

Le son de la révolte (Éditions Le mot et le reste) est un récent livre référence qui retrace l’histoire des États-Unis à l’aune des musiques africaines-américaines. Nous recevons Christophe Ylla-Somers, son auteur, qui anime l’émission Soul Power sur Radio Libertaire :
”Le blues, la soul, le jazz ou le hip-hop expriment avant tout l’aspiration à un changement social”.
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18 novembre 2024

Nicolas Lambert pratique le ”TTT”, Théâtre tout terrain mêlant humour et politique : ”Le théâtre peut ouvrir les yeux et donner des clés pour comprendre ce qui se passe. C’est la première étape pour agir et changer le monde.” Il y a quelques années, nous l’avions reçu dans notre studio pour sa trilogie Bleu-Blanc-Rouge ou l’a-démocratie, qui traite des trois mamelles de la vie politique française : le pétrole, le nucléaire, l’armement.

Dans son récent spectacle au théâtre de Belleville, La France, Empire, il joue avec ses souvenirs d’enfance et déjoue l’une des conséquences les plus néfastes de la colonisation : le silence. Il montre comment ”en m’interrogeant sur cette histoire effacée de nos mémoires collectives, je me suis rendu compte combien ça résonnait dans mon propre parcours et celui de mon entourage”.
Dans une nation, le pouvoir politique demande aux citoyens d’adhérer très jeunes à un récit national. En évitant dans l’apprentissage scolaire d’évoquer le passé impérial de la France, des pans d’Histoire sont volontairement mis de côté. Ainsi, des épisodes de la guerre d’Indochine, de la guerre d’Algérie ou la guerre du Cameroun, sont oubliés.
Malgré le côté parfois dramatique des sujets abordés, l’humour n’est pas absent, car Nicolas Lambert aime jouer avec les mots qui, tels des chats, adorent ça.

En rétablissant des vérités concernant l’action de la France envers ses ex-colonies et, pour certaines, encore actuelles possessions telle Mayotte, il explique sa démarche : ”Il ne s’agit pas de dire du bien ou du mal de l’histoire française mais de la connaître. Le théâtre peut ouvrir les yeux et donner des clés pour comprendre ce qui se passe. C’est la première étape pour agir et changer le monde.”
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11 novembre 2024

”Il a été le peintre d’une époque. Son œuvre, c’est soixante ans de chroniques de la société française”. Ces paroles ont été prononcées par Stanislas Nordey, fils de Jean-Pierre Mocky, à l’occasion de son enterrement le 12 août 2019.
Réalisateur, scénariste, adaptateur, monteur, acteur, producteur, distributeur, ce franc-tireur, cet enragé, ce bouillonnant, a notamment à son actif, en soixante-quinze ans d’activités, plus de soixante longs-métrages, dont plusieurs films-culte, et quarante épisodes de séries pour la télévision.
Cela méritait bien le livre de référence Jean-Pierre Mocky que vient de publier aux ”Éditions Rouge profond” Éric le Roy, historien du cinéma, qui fut son assistant au début des années 1980 : il dédie son livre à ”Jean-Pierre Mocky pour son amitié fidèle. J’ai eu la chance de croiser son chemin. Il a changé le cours de ma vie”.
Agrémenté de nombreuses images, scènes de film, affiches, portraits de Mocky à diverses époques,
cet ouvrage s’appuie sur des témoignages de collaborateurs techniciens ou acteurs du ”Mocky Circus”, de documents parfois inédits, permettant de partager les passions de ce créateur-artisan, amoureux de la vie et du cinéma, qui a toujours su rester indépendant.

Il s’est intéressé à tous les genres :
la comédie avec Un drôle de paroissien, Les Compagnons de la marguerite, La Grande Lessive (!),
le drame avec Un couple, Le Témoin, Y a-t-il un Français dans la salle ?,
le polar avec Solo, Un linceul n’a pas de poche, Noir comme le souvenir.
Prenant le contre-pied de la mode, il utilise la farce, la satire, le grotesque. Il explique ses provocations : ”C’est pour faire réagir. Je ne puis supporter la société telle qu’elle est aujourd’hui. Mes films sont la manifestation de ce dégoût, mais je ne crois pas être misanthrope. J’aime les vrais humains, ceux qui ne piétinent pas leur dignité”.
Les cibles récurrentes de celui que certains appelleront l’anartiste : Église, État, politiciens, police, argent, hypocrisie, auxquels s’opposent des héros solitaires, marginaux, romantiques dont le destin est le plus souvent tragique.
Éric Le Roy montre à travers ses films et sa vie que ”Mocky perçoit que la société est pourrie. Il le vit comme un malaise et s’en révolte. Les opprimés, les délaissés, les oubliés existent dans son cinéma, avec humour et insolence. Il rêve d’un monde meilleur, de liberté, d’améliorer la vie, de changer la société”.
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04 novembre 2024

La musique africaine-américaine prend ses racines dans l’esclavage : en 300 ans plus de 11 millions d’Africains ont été ramenés de force dans le Deep South des États-Unis pour servir de main d’œuvre corvéable à merci pour les grands propriétaires de champs de coton. Les chants, les danses, les joutes verbales jouèrent un rôle essentiel pour supporter les souffrances et renforcer les liens communautaires entre ces déportés de différents peuples d’Afrique de l’Ouest.
Dans un pays qui se présentait comme celui de la liberté et de l’égalité, les conditions de travail et de vie abominables imposées à ces humains (ségrégation, lynchages) afin de devenir la nation la plus riche du monde, étaient justifiées par les exploiteurs blancs en prétendant appartenir à une race supérieure : encore aujourd’hui ”Indios” et ”niggers” sont des injures crachées au visage de sous-hommes ”menaçant la pureté de la race”.
Lutter en chantant les ”work songs” leur a permis de dénoncer les injustices, de construire un rempart contre l’aliénation. Mais qu’est-ce que le jazz ? :
”Un noir était jazz dans tout ce qu’il faisait”, Nina Simone, pianiste et chanteuse.
”Le jazz est l’éternel tam-tam qui résonne dans l’âme noire, le tam-tam de la révolte contre la lassitude de vivre dans un monde blanc”, Langston Hugues, poète.
Pour l’industrie américaine du spectacle, le jazz était avant tout un produit commercial de divertissement permettant de faire des profits. Certains musiciens blancs ont tenté de le copier en éliminant son contenu social. Mais cette musique, en perpétuelle évolution depuis les zones rurales pauvres du sud et les ghettos noirs des villes industrielles, a su rendre sa dignité au prolétariat noir.

Le son de la révolte (Éditions Le mot et le reste) est un récent livre référence qui retrace l’histoire des États-Unis à l’aune des musiques africaines-américaines. Nous recevons Christophe Ylla-Somers, son auteur, qui anime l’émission Soul Power sur Radio Libertaire :
”Le blues, la soul, le jazz ou le hip-hop expriment avant tout l’aspiration à un changement social”.
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28 octobre 2024

”Comédien, syndicaliste et formateur, tel fut le triptyque de ma vie” est la dernière phrase du livre de Serge Vincent : Itinéraire d’un artiste citoyen (Éditions L’Harmattan).

À l’age de 21 ans, désirant devenir artiste, il quitte Montpellier pour Paris, un ”saut dans l’inconnu”. Commence alors pour lui une vie d’intermittent du spectacle, avec des petits rôles au théâtre, cinéma, séries TV, spots publicitaires. Dans le bistro-épicerie de ”La mère Vernet” à Montmartre, le café de Dédé ”Le petit Gavroche”dans le Marais, ”le couloir de la honte” des studios des Buttes Chaumont, ses diverses rencontres lui permettent de trouver des emplois dans divers domaines : opéra en occitan, doublages de film, spectacles de marionnettes, interventions dans les établissements scolaires, cours de formation en expression orale...

Le tournage d’un téléfilm sur Jean Moulin et l’envie de défendre les intérêts matériels et moraux des artistes-interprètes, le décident à s’engager dans l’action syndicale. Il participe en 1980 à la création du SYDAS-CFDT. Mais, constatant que l’autogestion revendiquée par la CFDT n’était que ”du vinaigre pour attirer les mouches” et que Jack Lang, Ministre de la Culture de François Mitterrand, n’avait pour objectif que ”de mettre en place une vitrine culturelle à la gloire du régime”, il est à l’initiative de la création en 1984 du Syndicat indépendant des artistes-interprètes (SIA), beaucoup plus combatif.
C’est le début de sa participation à de nombreuses actions, notamment juridiques, pour la reconnaissance de sa représentativité (contesté par le syndicat SFA-CGT majoritaire), et pour obtenir la transparence sur la gestion collective des droits auteurs et des artistes notamment concernant l’ADAMI (Administration des Droits des Artistes et Musiciens Interprètes) et la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique).
La divulgation par différents médias - dont Radio Libertaire et Le Monde Libertaire - de divers scandales en ce domaine, alimentée par le SIA, par l’association ”Protection des ayants droits” qu’il a créée en 1993, et par son livre Les dessous de la loi Lang, lui vaut trois procès en diffamation, les pressions des gouvernements de gauche et de droite, les imprécations du SFA-CGT.
Après des années de recours juridiques, de rapports ministériels enterrés, de décrets gouvernementaux contestés, de pressions multiples, la loi du 1er août 2000 met en place une commission de contrôle sur les comptes des sociétés incriminées.

Il a aussi passé à l’Université une capacité en droit en deux ans, bien utile face aux juges, et pris pour le plaisir des cours de chant avec Armande Altaï.
Aujourd’hui, Serge Vincent est ”retraité mais actif”.
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21 octobre 2024

Depuis 2019, Rockwool, leader mondial de l’isolation en laine de roche veut imposer la construction d’une usine aux 1870 habitants de Courmelles, dans l’Aisne. Son maire agriculteur, Arnaud Svercek, coordonne avec les associations ”STOP Rockwoool” et ”Sauvons Soissons” un long combat qu’il décrit dans le livre Le village contre la multinationale.
Appuyée par la majorité des élus (Soissons, agglomération intercommunale, région) et par le préfet, la multinationale, faisant miroiter la création de quelques emplois dans cette région au chômage important, pensait obtenir facilement le permis de construire de la commune : ”J’ai vu la force de frappe de l’industriel et de l’agglomération. À leurs yeux je ne suis qu’un pion dont on attend une signature”.

Une enquête publique organisée mi-octobre 2020 est l’occasion pour les opposants de s’informer sur les dangers de cette usine, grande consommatrice d’eau et d’électricité, qui devrait s’installer sur 39 hectares du Plateau. Les vents dominants dirigeraient les fumées s’élevant des 5 cheminées vers la cuvette de Soissons, à quelques kilomètres. Elles contiennent 28 substances, certaines cancérogènes, pouvant provoquer des maladies cardio-vasculaires et pulmonaires ; plusieurs sont des perturbateurs endocriniens agissant sans seuil de dangerosité. Le procédé consiste à injecter dans un four à 1500 °C des minéraux (basalte, dolomite), dont la lave est transformée en fibres avec un liant chimique très polluant. Il est aujourd’hui dépassé par l’utilisation d’isolants biosourcés (chanvre, lin...) n’utilisant pas de produits chimiques.

La consultation avec une forte participation donne 80 % d’oppositions. Cette réponse défavorable est confirmée par le commissaire enquêteur et conduit le maire à refuser le permis de construire le ler mars 2021. Rockwool et le préfet déposent alors un recours et une longue bataille juridique est engagée. Les pressions sur le maire se multiplient, menaçant notamment la commune de lourds dommages et intérêts. Les opposants au projet s’organisent, informent, manifestent : ”Se développe le mouvement social d’un village qui s’élève contre les intérêts d’une multinationale et la destruction d’un territoire. C’est une graine de révolte qui va germer”. Cela va peser sur la décision de la cour administrative d’appel qui, le 5 juillet 2024, confirme l’annulation du permis de construire.

Arnaud Svrcek, notre invité, qui rappelle que ”les seuls combats perdus d’avance sont ceux qu’on ne mène pas”, a acquis une conviction forte :
”C’est la leçon de cette histoire pour moi : la base doit faire bouger les choses. le changement passera par de nouvelles formes de démocratie locale participative”.
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14 octobre 2024

”Les loups sont entrés en Ukraine”, tel est le titre du numéro 16 des Carnets de Guerre, essai d’histoire immédiate dont Jean-Marc Royer, notre invité, a entamé l’écriture depuis mars 2022.
Après plus de 30 mois d’une guerre totale qui a dévasté la vie de millions d’Ukrainiens - des dizaines de milliers de civils et militaires tués ou blessés, des villes et villages rasés, six millions d’Ukrainiens partis à l’étranger, il en analyse les prémisses historiques, économiques et idéologiques, ainsi que la recomposition mondiale des rapports de force entre impérialismes.

Quelle est la stratégie états-unienne qui, prétextant la nécessité de ne pas provoquer Poutine, fournit des armes au compte-gouttes et semble négocier dans le dos des Ukrainiens une ”fin honorable” ? Quelle est la stratégie européenne, qui tente de préserver ses intérêts économiques en Russie ?
Quelle est la stratégie de Poutine, qui espère l’élection de Trump pour obtenir une victoire militaire et politique en Ukraine, avant de l’élargir vers la Transnistrie, la Moldavie, le couloir de Suwalki isolant ainsi les pays baltes ?
Combien de temps le peuple ukrainien pourra-t-il lutter pour sa survie face à un pays qui est passé en économie de guerre et qui multiplie les ”mobilisations partielles”, recrutant majoritairement la ”chair à canon” dans des régions pauvres et lointaines, peuplées en majorité de non-russes ?

Jean-Marc Royer a pu réaliser directement des entretiens avec des militants, permettant ainsi de faire connaître leurs actions et analyses : Serguei, activiste ukrainien du centre ”Solidarity Collectives” qui, tout en approuvant l’aide aux déserteurs ukrainiens, explique pourquoi des anarchistes participent à la lutte armée contre l’envahisseur ; Mishka, anarchiste biélorusse réfugié en Ukraine, qui est engagé volontaire ; un activiste de l’”Ecological Platform” qui a combattu sur divers fronts.

Résister ou déserter ?
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07 octobre 2024

”Le RN aux portes du pouvoir ?” est le titre de l’article annonçant l’émission d’aujourd’hui sur le blog ”Les Obscurs”, pour lequel notre invité Francis Linart participe à l’écriture d’un manifeste dont le premier texte affirme ”On ne va pas attendre cent ans pour vivre libre”.
Il a écrit plusieurs articles sur le développement de l’extrême-droite en France, alertant dès les élections européennes de 2014, le FN obtenant alors 4,7 millions de voix (24,8 %) : ”Jamais un parti fasciste ou nationaliste d’extrême-droite n’avait obtenu de tels résultats”. Aujourd’hui, en adoptant comme thème central l’immigration ”risque existentiel pour les Français” (Bardella), le RN rassemble 7,8 millions de suffrages (Européennes) puis 10,6 millions (Législatives), Marine Le Pen en ayant déjà obtenu 13,3 millions au 2ème tour des Présidentielles de 2022.
Cependant Francis Linart rappelle : ”La conquête du pouvoir pour le Front national, ni ne commence avec, ni ne dépend d’abord des élections. Elle passe d’abord par la domination idéologique”. Il analyse comment une longue préparation idéologique de l’opinion a permis de faire oublier l’extrême droite marginalisée et déshonorée à la Libération : la ”Le pennisation des esprits” et la ”dé-diabolisation” ont bien fonctionné. Cette pseudo ”républicanisation” a trouvé des alliés chez certains journalistes et intellectuels, chargés d’invalider la critique anti-fasciste et anti-raciste visant le FN puis le RN.
Un exemple en est l’écrivain Renaud Camus, passé du chevènementisme à la droite de l’extrême-droite. Sa théorie du ”Grand Remplacement”, jouant sur la peur d’une invasion par les étrangers, suivie par celle du ”Petit Remplacement”, ”Le Grand Remplacement c’est le changement de race. Le Petit Remplacement c’est le changement de culture”, ont contribué à l’internationalisation de l’idéologie d’extrême-droite.

Pour Francis Linart les compromissions avec Poutine pèsent peu dans l’opinion publique. Il affirme que ”l’opposition active au RN impose le combat des idées” et précise que ”le système représentatif n’est pas un cadre de résistance conséquent à l’extrême droite. Partisans de la démocratie directe, nous ne faisons confiance à aucun parti et leur décomposition actuelle ne fait que nous renforcer dans cette position”.
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30 septembre 2024

Les transformations radicales d’une société sont un révélateur des contradictions internes qui la traversaient depuis longtemps et que le système social dominant s’efforçait de surmonter ou de dissimuler. Quand la crise commence à s’étendre, l’État tente par divers moyens de conserver le contrôle dans cette période de transition, qui semble stable pour beaucoup. La dernière étape, brutale, est marquée par l’effondrement des institutions en place.
Éric Martel, notre invité, a illustré ces étapes par l’exemple soviétique, ”transition chaotique d’une société moderne qui peut le plus nous apprendre sur l’évolution de notre propre modèle sociétal”.
La chute de l’URSS au début des années 1990 était déjà en gestation depuis plus de 20 ans. Pendant cette période, l’État ayant fait disparaître toute contradiction, la ”réalité” présentait une fausse apparence de pérennité, confortée par l’affirmation partagée par beaucoup qu’aucune autre société n’était possible.
Les réformes libérales de la perestroïka (”reconstruction”) menées par Mikhaïl Gorbatchev, qui semblaient annoncer un avenir prometteur, n’ont pas empêché la chute du mur de Berlin, la catastrophe de Tchernobyl et la disparition de l’Union soviétique.
Eltsine, désormais maître de la Russie en 1991, après avoir constaté les défaillances du libéralisme de son prédécesseur, met en place une société autoritaire au niveau institutionnel et social, marquée en 1993 par la dissolution du Parlement et l’adoption d’une nouvelle Constitution. Il s’assure une majorité en s’alliant au parti de Vladimir Jirinovski qui a pour programme : retour à un État fort, expansionnisme militaire, xénophobie...
Depuis le début des années 2000, Poutine accentue cette orientation ultra-nationaliste et annonce son intention de rebâtir la ”Grande Russie”. Un siècle après les réalisations et les espoirs de la Makhnovitchina détruits par l’armée rouge, la guerre actuelle en Ukraine en est un jalon.
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23 septembre 2024

Dans le cadre de sa campagne fédérale antinucléaire, le samedi 27 avril dernier, le réseau Makhno de la Fédération anarchiste avait invité Lou Marin à la librairie Publico, pour une conférence intitulée : « 40 ans de lutte anti-nucléaires non violentes en Allemagne ».

Lou Marin est journaliste, traducteur, et on le connaît tout particulièrement pour son travail sur Albert Camus : Albert Camus, écrits libertaires : 1948-1960.
Nous vous proposons aujourd’hui d’écouter l’enregistrement de cette conférence. Lou Marin était venu faire le récit des combats qui ont largement contribué à la mise à l’arrêt par l’Allemagne de son programme nucléaire en 2011. Tout à la fois acteur de ce combat et observateur, au travers de sa collaboration avec la revue Grasswurzel Revolution (La Révolution par la base), Lou Marin était présent pour partager l’expérience  de ces luttes et des débats qu’elles ont suscité. Un retour d’expérience précieux à l’heure de l’annonce de la mise en chantier de nouveau réacteurs nucléaire en France.
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16 septembre 2024

À La Gorronnière, la ferme collective autogérée en polyculture-élevage du Groupement agricole d’exploitation en commun (GAEC) ”Radis & Co” est située sur la bassin versant de la Mayenne, dans la commune de Montflours Dans ce maillage bocager, sur 42 hectares cinq paysans produisent des denrées alimentaires et pratiquent la vente directe (AMAP, marché, magasin bio) : 2 maraîchers, 1 éleveur, 1 fromager, 1 paysan-boulanger.
Nous y avions déjà séjourné l’été 2011 lors de leur installation après la signature d’un bail rural environnemental de 40 ans avec la fondation ”Terre de liens”, propriétaire de l’exploitation.
Aucun n’était d’origine paysanne, mais leur volonté de réussir ce projet collectif était très forte :
”Le travail de la terre, c’est ultra-important. Je me posais des questions sur ma place dans la société. J’ai décidé d’agir, de mettre les mains dans la terre, plutôt que de dire et de penser des choses sans rien faire”, Robert-Jean, maraîcher.
Treize ans d’une aventure qui a vu leur projet initial évoluer : changement dans la composition du collectif, prise en compte de l’évolution des besoins, gestion attentive des rapports humains pour savoir évoluer au contact des autres et faire ensemble, insertion dans divers réseaux tel le Réseau d’échanges et de pratiques alternatives et solidaires (REPAS).
Mais les pratiques essentielles sont restées : production d’une alimentation saine et respectueuse du Vivant, autonomie en intrants, rotations longues, polyvalence sur les activités.
Les contacts réguliers avec leur environnement ont relancé une dynamique locale :
”Pour bénéficier d’un service, il faut participer à sa gestion : c’est ma vision du bien commun. À Montflours, ce qui nous tient à cœur, c’est que chacun puisse être acteur et responsable d’un projet comme l’éco-habitat partagé pour permettre aux anciens de rester au village, la brasserie, l’épicerie coopérative, les chantiers participatifs, la désacralisation de l’église pour en faire un lieu culturel, un bâtiment d’activités autogérées”, Marco, éleveur.
Après un excellent repas très convivial, partagé avec tous ceux qui travaillent à la ferme, autour des micros : Marco, du collectif initial, Maxime (intermittent du spectacle) en train de devenir associé (paysan-boulanger), ainsi que Maëlle qui va bientôt reprendre et diversifier la ferme en élevage bio de ses parents, plus au sud en Mayenne.
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09 septembre 2024

À La Parnière (sud Mayenne), nous sommes accueillis dans la ferme de Vincent et Christelle, élevage en agriculture bio de vaches laitières nourries à l’herbe du bocage breton. Nous y retrouvons leur fille Maëlle, déjà venue au printemps dans nos studios évoquer son projet de reprise des activités.
C’est l’occasion d’échanger avec eux trois sur la continuité d’une agriculture paysanne, les reprises familiales se raréfiant dans un contexte favorable au modèle agricole dominant (accroissement surface, lourds investissements, rendement accru par utilisation d’intrants).
Après ses études, Maëlle avait fait de longs séjours à l’étranger puis obtenu une licence ”Tourisme et écologie solidaire” à Avignon.
La retraite de Vincent approchant, Maëlle s’est interrogée sur son avenir : ”Je me suis rendu compte que la manière la plus concrète d’œuvrer dans ce monde était de produire de l’alimentation saine, locale, en respect avec le vivant, en faisant vivre les territoires”.
Pour préciser son projet (ferme collective, diversification, activités socio-culturelles...) elle a fait divers séjours en Bretagne dans des lieux où sont pratiqués différentes alternatives : ferme collective, diversification production, activités dynamisant le territoire...
Actuellement, elle suit pendant un an un ”stage paysan créatif visant à faciliter l’installation de projets agricoles innovants”, qui s’adresse à tous ceux qui souhaitent devenir paysan : pourquoi pas des auditeurs de Trous noirs ?
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02 septembre 2024

Rediffusion de l’émission du 5 décembre 2022.
Rojava : « Femmes, Vie, Liberté », repris aux funérailles de Mahsa Amini dans le Kurdistan iranien, vient à l’origine du Rojava (Nord-Est de la Syrie) où les femmes ont un rôle essentiel dans la révolution en devenir. Les États de la région, et au-delà, sont très inquiets de sa valeur d’exemple : ainsi un écrivain iranien a été condamné à 11 ans de prison pour avoir traduit en persan le livre Petite clef d’un grand but, la Révolution au Rojava.
La société civile organisée dans le TEV-DEM (Mouvement de la société démocratique) a adopté une Charte qui pourrait s’appliquer partout dans le monde : « Sans rien attendre de l’État, les communes cherchent par elles-mêmes des solutions aux questions sociales, éducatives, de santé et d’autodéfense. Elles constituent une société prenant en compte la liberté des femmes, l’écologie et où est instituée la démocratie directe ».
De même, le Contrat Social, adopté en 2016, propose : « Le système fédéral démocratique consensuel garantit la participation égalitaire de tous les individus et de tous les groupes sociaux à la discussion, à la décision et à la gestion collective ».
Mais le contexte de guerre, l’hostilité des États environnants, les traditions (religions, tribus) particulièrement dans les régions à majorité arabe, freinent la réalisation de cet idéal, qu’il est important de confronter aux réalités concrètes du terrain. C’est l’objet d’un récent colloque dont les travaux ont permis la réalisation d’un ouvrage : La démocratie sous les bombes – Le Rojava entre idéalisation et répression.
Nous recevons deux de ses contributeurs : Somayeh Rostampur qui étudie comment fonctionne l’alliance entre le mouvement des femmes et le leader charismatique Abdullah Öcalan, et Pierre Bance, qui analyse les pouvoirs et contre-pouvoirs au Rojava.
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26 août 2024

Rediffusion de l’émission du 21 novembre 2022.
Alain Gras, notre invité, s’intéresse à la socio-anthropologie des techniques. Il a récemment publié La servitude électrique, du rêve de liberté à la prison numérique.
Il s’intéresse à la question de l’énergie dans notre société thermo-industrielle : « Nous vivons aujourd’hui la fin de la période de grande abondance matérielle fondée sur des sources temporaires d’énergie concentrée et à bon marché ».
Le « Pacte Vert » européen nous promet pour 2050 une société « juste et prospère, dotée d’une économie moderne, efficace dans l’utilisation des ressources, leader mondial dans le domaine de  l’économie verte au cœur d’une croissance durable et inclusive » : la taxonomie verte inclut le gaz et l’énergie nucléaire.
Les politiciens et une partie des écologistes présentent l’électricité comme une « énergie propre » permettant la transition énergétique.
En réalité l’électricité est un « vecteur énergétique » qui transporte une énergie produite ailleurs : l’électrification du système énergétique, ainsi que la mobilité électrique vont générer la construction accélérée de centrales thermiques et nucléaires :
→ L’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans Le Futur est électrique présente un scénario pour 2040 qui prévoit 950 millions de véhicules électriques et l’augmentation de 50 % de la production de centrales à combustible fossile ou nucléaire.
→ La Chine prévoit la construction d’un énorme parc de centrales à charbon pour alimenter ses « autoroutes de l’électricité » et projette d’être le leader mondial des véhicules électriques.
Alain Gras nous invite à réfléchir et agir pour la sobriété énergétique dans un « monde post-croissant et post-fossile » empreint de « justice écologique et sociale ».
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19 août 2024

Du 9 au 13 juillet les Reclusiennes à Sainte-Foy-la-Grande (lieu de naissance d’Élisée Reclus) avaient pour thème « Co-habiter ». Nous vous proposons aujourd’hui d’écouter :

- Cécile Asanuma-Brice, CNRS, Université de Lille/Centre de recherche de la Maison Franco-Japonaise,

- Thierry Ribault, CNRS, Université de Lille.
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12 août 2024

Claire Auzias est décédée ce mardi 6 août. Nous lui rendons hommage en rediffusant une émission que nous avions faite avec elle le 30 août 2010.
Les Roms, peuple sans État, citoyens du monde, citoyens européens ? Claire Auzias, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, nous en parle et ne mâche pas ses mots sur l’attitude du gouvernement français !
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05 août 2024

Du 9 au 13 juillet les Reclusiennes à Sainte-Foy-la-Grande (lieu de naissance d’Élisée Reclus) avaient pour thème « Co-habiter ». Nous vous proposons aujourd’hui d’écouter :

- Difficultés d’habiter, errer, se loger : Patricia Willame et Jolanta Szulc évoquent des femmes victimes de violences conjugales rencontrées dans le cadre de l’association Le Lien (à Libourne),

- Habiter en migration : Catherine Withold de Wenden, politologue spécialiste des migrations nous parle de « Un monde en mouvement : quelles citoyennetés ? ».
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29 juillet 2024

James Scott est décédé le 19 juillet. Nous lui rendons hommage par la rediffusion de l’émission que nous avions faite avec Charles Macdonald le 17 juin 2019 à l’occasion de la sortie à La Découverte de Homo Domesticus – Une histoire profonde des premiers États :
James Scott est professeur de science politique et d’anthropologie à  l’université Yale aux États-Unis. Ses précédents ouvrages parus en France, Zomia ou l’art de ne pas être gouverné et Petit éloge de l’anarchisme se situent dans la continuité de Pierre Clastres et de David Graeber.Il contribue à  mettre à  mal les récits civilisationnels faisant de l’émergence de l’État l’outil que les humains auraient construit pour sortir de la « barbarie ». Dans son dernier livre, Homo Domesticus – Une histoire profonde des premiers États, s’appuyant sur de récentes découvertes en archéologie, il montre que « l’État est à  l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres ».Il met à  mal le « Grand Récit » dominant attribuant à  l’État le « bien-être » apporté par l’irrigation, la domestication, l’ordre social. En réalité, la sédentarité a déjà  existé plusieurs milliers d’années avant l’agriculture sédentaire, il a fallu attendre ensuite plus de 4 000 ans pour voir apparaître les premières cités-États, dans lesquelles l’État c’est le contrôle des populations, la servitude et la guerre. Monarque, prêtres et collecteurs d’impôts forment l’élite qui vit du travail forcé de ses habitants. Comprendre son origine, c’est découvrir qu’une autre voie était possible et qu’elle l’est encore aujourd’hui. Pour en parler avec nous Charles Macdonald, auteur du livre passionnant L’Ordre contre l’Harmonie – Anthropologie de l’Anarchie et Patrick, du Comité de rédaction du Monde Libertaire [en 2019], dont le dernier numéro contient des recensions de ces deux livres.
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22 juillet 2024

Retransmission de la présentation du nouveau livre de Philippe Pelletier, Figures de l’anarchisme – Femmes et hommes de liberté, édité au Cavalier bleu, qui s’est tenue le 15 juin dernier à la librairie de Monde Libertaire (Publico), 145 rue Amelot, Paris (11e).
Présentation sur le site de l’éditeur :
« De la fin du XIXe siècle à nos jours, le mouvement libertaire est animé par des hommes et des femmes dont les noms ont marqué ses étapes clés de révolution ou de réforme.
Au travers de 22 figures … ˮVingt-deux, v’là les anars !ˮ, plus une, Philippe Pelletier tisse les liens, les moments forts, les compagnonnages et les controverses entre elles. De Virginia Bolten à Stig Dagerman, d’Errico Malatesta à Emma Goldman, en passant par Dario Fo, Sam Mbah ou Murray Boockchin, de l’Europe aux Amériques en passant par l’Asie et l’Afrique, chacune et chacun incarne à sa manière la pensée et l’action anarchiste.
Ces femmes et ces hommes ont ainsi contribué à façonner le socialisme libertaire en investissant de nombreux domaines : syndicalisme, gestion directe (autogestion), condition féminine, anti militarisme et antibellicisme, anticolonialisme, instruction, art, théâtre, littérature, ajisme (auberges de jeunesse), environnementalisme.
Diplômé en géographie ainsi qu’en langue et civilisation japonaises, Philippe PELLETIER est professeur émérite près l’Université Lyon 2. Outre le Japon, ses travaux actuels portent sur les liens entre écologie et géographie, ainsi que sur les rapports entre géographie et anarchie. »
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15 juillet 2024

Comme tous les ans à cette période de l’année, l’équipe de Trous Noirs est partie aux Reclusiennes à Sainte-Foy-la-Grande, lieu de naissance d’Elisée Reclus, d’où nous vous rapporterons quelques enregistrements.
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08 juillet 2024

Comme tous les ans à cette période de l’année, l’équipe de Trous Noirs est partie aux Reclusiennes à Sainte-Foy-la-Grande, lieu de naissance d’Elisée Reclus, d’où nous vous rapporterons quelques enregistrements.
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01 juillet 2024

À l’occasion du centenaire de la naissance de Michel Ragon (décédé en 2020), la revue Fragments et le Cercle culturel de littérature ouvrière, paysanne et sociale ont organisé un colloque intitulé Michel Ragon – la littérature prolétarienne, l’anarchisme, l’architecture les 8 et 9 juin derniers.
Tous les enregistrements sont disponibles sur le site de Radio Libertaire (ˮÉvénements spéciauxˮ). Mais pour que ceux de nos auditeurs n’utilisant pas internet n’en perdent pas tout, Trous Noirs vous propose aujourd’hui un montage composé des interventions de :
• Raphaël Romnée (Postier retraité, syndicaliste) : Michel Ragon et mai 68,
• Abbi Patrix (Conteur) : sketchs à partir du livre Drôles de métiers,
• Christophe Carassou (Comédien) : lecture théâtralisée d’extraits de La Mémoire des vaincus.
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24 juin 2024

Le 13 juin dernier, Sciences Critiques et l’Association française contre l’intelligence artificielle (AFCIA) organisaient une rencontre-débat sur les conséquences du développement de l’intelligence artificielle (IA) sur l’emploi. C’est ce que nous vous proposons d’écouter aujourd’hui.
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17 juin 2024

À l’occasion du centenaire de la naissance de Michel Ragon (décédé en 2020), la revue Fragments et le Cercle culturel de littérature ouvrière, paysanne et sociale ont organisé, les 8 et 9 juin derniers, un colloque intitulé Michel Ragon – la littérature prolétarienne, l’anarchisme, l’architecture.
Tous les enregistrements sont disponibles sur le site de Radio Libertaire (ˮÉvénements spéciauxˮ). Mais pour que ceux de nos auditeurs n’utilisant pas internet n’en perdent pas tout, Trous Noirs vous propose aujourd’hui un montage composé des interventions de :
• Thierry Maricourt (Écrivain, essayiste, critique) : Michel Ragon, libre et libertaire.
• Justine Mangeant (Universitaire) et Martine Minarovits (Bibliothécaire en retraite) : lectures croisées de Les Mouchoirs rouges de Cholet et 1793.
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10 juin 2024

Nous recevons le réalisateur Daniel Kupferstein pour une émission enregistrée le 24 mai dernier. Il était de passage à Paris pour présenter son dernier film Béziers, l’envers du décor, film consacré à la gestion de la ville de Béziers par Robert Ménard, son maire d’extrême droite, vue au travers de son journal municipal.
Nous en avons profité pour proposer à Daniel Kupferstein de poser un regard rétrospectif sur son travail en nous attardant sur quelques films de sa riche filmographie. Observateur engagé et impliqué, Daniel fait des films sur des sujets qui l’interrogent, et il se tourne le plus souvent vers ce qui se passe près de chez lui. En revenant souvent sur les mêmes thèmes, il construit un regard sur la durée. Ses films se tournent vers le passé pour mieux regarder le présent. Ils trouvent ainsi un écho dans notre quotidien, et tout particulièrement dans l’actualité de ces derniers mois.
Les films réalisés par Daniel s’articulent autour de quatre grandes thématiques qui se recoupent et s’enrichissent :
• La Guerre d’Algérie mémoire et blessures. Nous nous attarderons plus particulièrement sur un film qui enquête sur un drame quasiment oublié : réalisé en 2014, Les balles du 14 juillet 1953, raconte comment, au moment de la dislocation d’une manifestation en l’honneur de la Révolution Française, la police parisienne a chargé et tiré sur un cortège de manifestants algériens, tuant sept personnes (6 algériens et un français).
• Les Cités et la Cité Balzac de Vitry-sur Seine, avec notamment Dans le regard de l’autre ! en 2009.
• Dans Pas en mon nom ! réalisé en 2019, Daniel Kupferstein s’interroge sur l’injonction qui est faite aux personnes d’origine juive de soutenir inconditionnellement l’État d’Israël, lorsque les conflits reprennent au Proche-Orient. Une question éminemment actuelle pour qui refuse de s’enfermer dans cette assignation communautaire, tout en craignant le développement de l’antisémitisme.
• En 2023, avec Béziers, l’envers du décor, il observe comment le journal de la ville façonne la ligne politique et idéologique d’une France catholique intégriste, rejetant les musulmans, tout en voulant contrôler et surveiller l’ensemble de ses habitants. Une vision glaçante de l’extrême droite au pouvoir...
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03 juin 2024

Michel Ragon est décédé le 14 février 2020 ; il aurait eu 100 ans cette année. À l’occasion de ce centenaire, la revue Fragments et le Cercle culturel de littérature ouvrière, paysanne et sociale organisent un colloque intitulé Michel Ragon – la littérature prolétarienne, l’anarchisme, l’architecture les 8 et 9 juin prochains à l’AGECA, 117 rue de Charonne, Paris (11e). Radio Libertaire y sera et enregistrera les débats. Aujourd’hui, Trous Noirs vous propose de réécouter l’émission que nous avions enregistrée dans son appartement parisien et diffusée le 17 mai 2010.
Né dans une famille paysanne vendéenne très pauvre, tout jeune il se passionne pour la littérature, la peinture, la poésie. À Paris, il exerce de « drôles de métiers » avant de devenir bouquiniste sur les quais de la Seine. Il publie des romans, fait des rencontres, des voyages, partage dans des revues ses enthousiasmes : anarchisme, littérature prolétarienne, art abstrait, architecture, dessin satirique. Proche de Louis Lecoin, il l’aide financièrement à fonder le journal Liberté. Antimilitariste et pacifiste, il collabore au Monde Libertaire et soutient Radio Libertaire. Parmi ses nombreux romans La mémoire des vaincus, à lire absolument, est une histoire romancée basée sur les faits réels du mouvement anarchiste de la première moitié du XXe siècle.
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27 mai 2024

Une ”cybervie” artificielle omniprésente s’efforce de faire de nous des individus connectés, voire des objets connectés. Les nouvelles générations sont capturées dès le plus jeune âge : on fabrique des poussettes avec un support pour smartphone !
La moitié des Français consulte leur smartphone au moins toutes les 10 minutes, y compris à table, dans la rue, le métro, à l’école…
Avec 9 milliards d’appareils dans le monde, la planète devient ”smart”.
Pour qu’un utilisateur puisse accéder à diverses ressources il est nécessaire d’utiliser un moteur de recherche. À sa création en 1998 dans la Silicon Valley, Google disposait du plus performant, ce qui lui a permis de passer de 10 000 requêtes par jour à des milliards aujourd’hui (80 % des recherches web aux États-Unis). Ces milliards de milliards de données numériques sont stockées et traitées dans des ”data center”, dont les plus récents consomment l’équivalent de l’électricité d’une ville de plusieurs dizaines de milliers d’habitants.
Des algorithmes constituent le profil de chaque utilisateur afin de personnaliser les offres de consommation. Cet aspect économique s’accompagne d’une surveillance politique qui intéresse les États pour contrôler leurs citoyens. Cette double domination du ”Nouvel âge digital” conforte le système capitaliste et tend à faire de nous des individus prévisibles et résignés.

Philippe Godard, notre invité, est l’auteur de Le pouvoir selon Google, paru aux Éditions du Monde Libertaire.
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20 mai 2024

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13 mai 2024

Pour galvaniser l’unité nationale soutenant l’invasion de l’Ukraine, Poutine exalte la ”Grande Guerre patriotique” contre l’Allemagne nazie, particulièrement les habitants de Leningrad ”défenseurs héroïques de Leningrad assiégée, symboles du courage et de l’amour sacré du peuple pour sa patrie”. Quelques années plus tôt un survivant, enfant pendant le blocus, rappelait : ”On n’était en rien des héros, on survivait”.
Poutine rejoint ainsi l’utilisation politique par ses prédécesseurs, notamment en 1944, des terribles souffrances de centaines de milliers de civils : ”Pas un instant ils n’ont douté de la Victoire, parce qu’ils savaient que le grand Staline était avec eux”.
Sarah Gruszka, qui y a fait de longs séjours, a notamment questionné les enfants d’une classe en 2018, leur demandant de choisir un mot évoquant le siège de Leningrad ; leurs réponses : famine, pain, larmes, horreur, souffrances, mort, froid, survie...
Faire entendre les voix des assiégés, ”humains jetés dans les tourments de l’Histoire”, rejoignant celles des victimes du goulag, des camps de concentration, d’Ukraine, de Gaza, prend une dimension universelle. Elle a consulté dans divers centres d’archives de la ville plus de 400 journaux intimes tenus pendant le blocus, contredisant totalement l’instrumentalisation par le discours officiel des morts pendant le siège (leur nombre, estimé à 800 000, est ”secret défense”).
Ses recherches ont abouti à soutenir une thèse de doctorat fin 2019 : ”Voix du pouvoir, voix de l’intime. Les journaux personnels du siège de Leningrad (1941-1944)”.
Nous la recevons pour présenter le livre qui en est issu : Le siège de Leningrad Septembre 1941 - Janvier 1944. Elle le dédie aux ”blokadniki” (assiégés).
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06 mai 2024

Le Lycée autogéré de Paris (LAP) est en grave danger : le rectorat a engagé une procédure disciplinaire contre quatre enseignants pour ”méconnaissance du devoir d’obéissance”, avec interdiction de se rendre au lycée, de rentrer en contact avec leurs collègues et élèves.
Mais c’est l’ensemble du fonctionnement du lycée qui est remis en cause et le rectorat veut en imposer de nouvelles modalités à la prochaine rentrée, en supprimant tous les aspects autogestionnaires : gestion collective de tout ce qui concerne la vie de l’établissement, pas de hiérarchie, de proviseur, de surveillants, de notes, de compétition. Dès juin 2022 il avait refusé de renouveler la convention en vigueur depuis 2011, puis de prendre en compte les propositions des membres du LAP faites pendant l’année scolaire suivante.
Le LAP, 42 ans d’existence, est l’aboutissement de réflexions et d’échanges dans les années 1960 entre des enseignants acquis à la méthode Freinet et souhaitant la création de lycées aux antipodes du ”lycée caserne” : ”Le lycée est un lieu qui fabrique des moutons ou des casseurs, on se soumet ou on explose”.
Parmi eux, deux professeurs de Saint-Nazaire, André Daniel et Gaby Cohn-Bendit. Ils obtiennent en 1982 d’Alain Savary, ministre de l’Éducation nationale, la création de quatre établissements expérimentaux, dont le Lycée expérimental de Saint-Nazaire et le LAP.
C’est cette alternative pour enseignants ne supportant plus le système scolaire tel qu’il est et élèves ”revenus de tout sans être allés nulle part” que l’État veut faire disparaître.
Pascal, enseignant au LAP, est notre invité.
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29 avril 2024

Les animateurs de trois nouvelles émissions sont présents dans le studio :
- Mathieu pour Le nucléaire et son monde
”Politique, éthique, sociologique et un peu technique aussi, multiplions les regards sur le nucléaire.
Nucléaire et démocratie ne font pas bon ménage. Nucléaire et paix non plus. Place de la science et des scientifiques dans nos sociétés modernes, responsabilité auprès des générations futures, nature des risques... les questions ne manquent pas quand on aborde le sujet du nucléaire”.
- Yves pour Gabriel, Maurice, Claude et les autres
”Les compositeurs français de la fin du XIXe siècle furent influencés par de nombreux apports exotiques (musique orientales et extrême-orientale pour Debussy par exemple), ou par le jazz, comme Ravel, ou plus tard Dimitri Chostakovitch ou Sergueï Rachmaninoff. Ils eurent une influence énorme sur d’autres expressions artistiques : peinture, sculpture, poésie, cinéma naissant, théâtre, danse, apportant une nouvelle vision poétique, spirituelle et politique”.
- Christophe pour Soul power
Soul Power est consacrée aux implications socio-politiques des musiques noires américaines. À la fois témoignage des réalités sociales et célébration de l’identité noire, la musique a toujours été un puissant instrument de combats contre les injustices structurelles. Au-delà de faire danser ou de vendre des disques, la soul, le jazz ou le hip-hop expriment avant tout l’aspiration à un changement social”.
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22 avril 2024

Revue des Revues n°2
Les Revues peuvent avoir des vies très brèves, un numéro, ou très longues, plus d’un siècle... Leur diffusion est souvent modeste, parfois confidentielle, leur lectorat aléatoire... Pourtant, chaque année, de nouvelles aventures éditoriales et économiques voient le jour, avec enthousiasme toujours.

Il y a deux ans, dans Tous Noirs (mars 2022) nous avions invité quelques revues pour les faire connaître, comprendre leurs projets et leurs ambitions. Ce lundi 22 avril, nous renouvelons l’initiative en invitant trois revues à notre table radiophonique :

Jehan (animateur de Ondes de choc, le lundi de 14h30 à 16h, s’accrochera au micro jusqu’à 18h pour présenter la Revue In Toto, et tout particulièrement le n°5 paru en décembre 2023, et le très bel hommage qu’il rend à son compère Jymmy Gladiator, Aka Lord Jim, et dont la devise était « Ni Dieu, ni maître, sauf maître Kanter ».

Rachid Ouadah, pour la revue Zélium, irrégulomadaire bête et méchant, qui se définit comme un journal satirique à thèmes, mêlant textes et dessins. Au sommaire du n°12, « Folies Humaines et Règne Animal ».
https://www.zelium.info/

Daniel Pinos et Mireille Mercier viendront présenter Chroniques Noir et Rouge, revue trimestrielle de critique bibliographique du mouvement libertaire dont ils sont des contributeurs réguliers ; revue qui vient de publier sont n°16 en mars 2024.
https://editionsnoiretrouge.com/download/chroniques16.pdf
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15 avril 2024

Le 26 avril 1986, l’explosion d’un réacteur de la centrale Lénine de Tchernobyl produit la plus grande catastrophe nucléaire de tous les temps.
Aujourd’hui, près de 4 décennies plus tard, les enfants de la région développent diverses maladies. Yves Lenoir, président de l’association ”Enfants de Tchernobyl Belarus” en présente la réalité dans ”Effets à long terme du déni des effets des radiations, le cas Tchernobyl”, contribution à La pieuvre nucléaire (Éditions du Monde Libertaire), coordonné par le réseau Makhno.
Alors que les nucléocrates tentent désespérément de prolonger l’ère atomique, il est essentiel de proposer au plus grand nombre des informations précises pour combattre les mensonges d’État sur les graves dangers de ces êtres radioactifs, qui concernent de très nombreuses générations.
C’est l’objectif des contributeurs de ce livre, tous engagés depuis longtemps dans la lutte contre la pieuvre nucléaire. Sont ainsi abordés : fausses promesses du nucléaire ; risques de la production d’électricité d’origine nucléaire ; les travailleurs du nucléaire ; instrumentalisation de la question climatique ; Fukushima : la résilience technologie du consentement ; le nucléaire, nouvelle époque de l’Histoire.
Les libertaires ont été présents depuis les années 1970, rappelant que le nucléaire, civil ou militaire, implique décisions autoritaires, secrets d’État et contrôle policier. Une ”Coordination nationale antinucléaire” a été créée en juin 2023 pour mieux fédérer les actions des divers groupes locaux. La Fédération anarchiste y participe depuis l’origine : conférences-débat, dossiers dans Le Monde Libertaire, émissions sur Radio Libertaire...
Protons, neutrons et électrons seront donc présents dans le studio.
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08 avril 2024

Émission en hommage à Américo Nunes
Décédé en février dernier, Américo Nunes est né au Mozambique en 1939. Il a vécu au Portugal, à Alger puis en France, où il sera enseignant universitaire à partir de 1972. Proche du groupe Socialisme ou Barbarie et de l’Internationale situationniste, il s’est intéressé aux théories du communisme des conseils et des thèses de l’Internationale situationniste.
Nous rediffusons une émission que nous avions faite le 13 décembre 2010 :
Il y a 100 ans, campesinos avec Zapata, bandoleros avec Villa, anarcho-communistes avec Flores Magon entament la Révolution mexicaine. Cette lutte des pauvres contre l’oligarchie financière, le Clergé et le capital est évoquée par Américo Nunes, auteur de « Les révolutions du Mexique ».
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01 avril 2024

Sud Mayenne : un couple de paysans dans une petite ferme en agriculture biologique avec 30 vaches laitières. Leur fille Maëlle 26 ans, après quelques tranches de vie en Nouvelle-Zélande, Andalousie, Madagascar, est de retour : ses parents partant bientôt en retraire, elle décide de préparer sa reconversion vers l’agriculture paysanne. Désirant conjuguer idéaux paysans, gestion collective et revitalisation des territoires ruraux, elle part 5 mois en vélo dans la région ouest pour un périple de 3 000 km vers ceux qui pratiquent une agriculture en phase avec le vivant dans des fermes collectives, GAEC, coopératives, tiers-lieux... Participant à leurs activités, gîte, couvert et échanges passionnants lui sont offerts. Elle partage son aventure sur un site appelé Grains de route (du malgache ”Voandalana”), ceux que l’on sème pour faire germer nos rêves.

Prolongeant son voyage jusque dans les studios de Radio Libertaire, Maëlle évoque pour nous plusieurs de ses rencontres. Quelques exemples :
Un couple de deux naturalistes installés depuis 5 ans en agroécologie dans le ”Champ des Possibles” : maraîchage, pain à la ferme, traction animale, ventes directes (AMAP, épiceries et restaurants locaux).
Cinq associés, les ”Radis & Co”, usufruitiers d’une belle ferme aux bords de la Mayenne. Installés en polyculture-élevage sur des terres achetées par ”Terre de liens”, ils produisent et vendent localement une alimentation de base : une quarantaine de légumes, céréales transformées en pain, farine, galettes ; viande de bœuf, veaux, porcs, produits laitiers. Nous les avions rencontrés quelques mois après leur installation (émissions des 26 septembre et 3 octobre 2011) et sommes ravis d’apprendre qu’ils ont relancé une dynamique dans le bourg de Monflours : brasserie associative, lieu partagé, atelier de vannerie, marché de producteurs...
Ces nouvelles générations de paysans mettent en place des projets hors du modèle dominant de l’agro-industrie (énormes surfaces, monoculture, mécanisation onéreuse, intrants chimiques) : petites ou moyennes surfaces, diversification des activités, conservation de la biodiversité, production d’une alimentation respectant la santé du vivant (humains, animaux, plantes), ventes directes, vie collective permettant entraide, gestion des liens humains et temps pour soi...
Alors, tentés par un retour à la terre ?
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