Trous Noirs Multi-thématique, elle s’est construite depuis novembre 2008 et chaque émission appartient à l’une des sept rubriques suivantes :
Terre et Liberté cultures, luttes, alternatives des peuples sans État (et qui n’en souhaitent pas)
Sous les pavés… la terre cultures, luttes, alternatives paysannes
Luttes sociales témoignages d’acteurs des mouvements sociaux partout dens le monde
Terre et radioactivité vie sur la planète mise en danger par une société nucléarisée
Tranches de vie parcours sociaux, culturels, politiques de ceux qui disent NON
Anarchie et anarchistes ils existent… et y en a bien plus qu’un sur cent
Liberthèmes thèmes libres et libertaires
Luttes sociales
Hebdomadaire, le lundi
16h00-18h00
Site de Trous Noirs



Avant le 16 décembre 2023 l'enregistrement démarre 5 mn avant l'heure prévue du début de l'émission
Après le 16 décembre 2023 1 mn

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Date Programme
(s'il a été renseigné par l'émission)
25 mars 2024

Tchernobyl, 26 avril 1986, 1h23 min 45 sec, le réacteur n°4 de la centrale Lénine explose ; trois ans auparavant l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) l’avait qualifié de ”grande sécurité”.
Protéger l’industrie nucléaire et éviter la panique des populations, tels sont alors les objectifs immédiats des organismes internationaux accompagnant depuis la seconde Guerre mondiale l’entrée dans l’ère atomique : la Commission internationale de protection (CIPR), le Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des rayonnements ionisants (UNSCEAR), l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Réunis à Copenhague le 6 mai 1986, leurs experts étaient formels, précisant ”les actions qui ne se justifient pas actuellement” : rester à l’intérieur des locaux, ne pas inhaler des poussières dans les travaux extérieurs, éviter la consommation d’eaux de surface ou souterraines pour la boisson, prendre des comprimés d’iode.
La messe irradieuse est dite : ”les conséquences sanitaires seront insignifiantes”, ”la société pourrait bien considérer cette liste de pertes humaines comme un prix acceptable pour une énergie bon marché et propre”, AIEA août 1986. La maladie à combattre est ”le syndrome de radio-phobie pouvant faire peser une menace sur la santé plus grande que l’exposition aux radiations”, AIEA avril 1987.
Par la suite, les décès et maladies des liquidateurs et des populations des zones irradiées se multipliant, les ”experts” des organismes internationaux, couverts par le label OMS, utilisent leurs connaissances en intoxication, manipulation et secret pour rédiger des rapports rassurants.
Plus tard, le ”bilan définitif” sera publié dans le Chernobyl forum report ”Tchernobyl : l’ampleur réelle de l’accident 20 ans après”. Dénombrant moins de 50 décès suite à la catastrophe, le déni des détriments de Tchrenobyl est ainsi gravé dans le marbre : ”aucune incidence grave sur la santé du reste de la population des zones avoisinantes, ni de contamination de grande ampleur”.
Nous recevons Yves Lenoir, président de l’association Enfants de Tchernobyl Belarus et auteur de Tchernobyl-sur-Seine et de La comédie atomique - l’histoire occultée des dangers des radiations.
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18 mars 2024

Jean-Marc Royer a entamé en mars 2022 ses Carnets de Guerre, essai d’histoire immédiate afin de décrire et analyser l’évolution de la situation après l’agression russe en Ukraine. Le numéro 14 intitulé ”Du goulag polaire aux sous-sols d’une centrale nucléaire” vient d’être publié, deux ans plus tard.
Ils peuvent être regroupés entre quatre rubriques :
- Les antériorités de la guerre d’agression
- La Russie de Poutine, ses idéologues et ses suppôts
- Les dimensions nucléaires de la guerre
- La guerre que le peuple ukrainien affronte
Sur ce dernier point qui traite de l’actualité, Jean-Marc Royer resitue la guerre d’usure imposée au peuple ukrainien dans un cadre géopolitique qui montre les États-Unis s’en désintéressant progressivement et l’Europe n’ayant pas les moyens militaires de prendre la relève.

Dans la période actuelle, on doit s’interroger sur la redistribution des rapports de force en cours entre impérialismes.
Depuis l’effondrement du capitalisme d’État soviéto-stalinien, ”la contre-révolution néolibérale est devenue internationalement dominante”. La nature du pouvoir et le mode de gouvernement évoluent et le dégoût pour le ”sérail politicien” classique se traduit par la montée en puissance de clans représentés par Bolsonaro, Poutine, Milei, Modi, Trump... dont les choix politiques sont difficilement prévisibles et risquent d’entraîner de graves conséquences pour les populations de nombreux pays.
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11 mars 2024

Sylvain Boulouque, historien spécialiste du communisme, de l’anarchisme et du syndicalisme a publié récemment Meurtres à la Grange-aux-Belles - Quand les communistes flinguaient les anarchistes.
À l’occasion du centième anniversaire d’un événement où ”pour la première fois en France des ouvriers ont tiré sur d’autres ouvriers”, causant la mort de deux anarchistes et plusieurs blessés graves, il présente de nombreux documents permettant de reconstituer ce qui s’est passé le 11 janvier 1924 lors d’un meeting appelé par le Parti communiste dans la grande salle du siège de la CGTU (Confédération générale du travail unitaire) à Paris : témoignages, rapports de police, articles de l’Humanité (organe officiel du PCF) et du Libertaire (alors quotidien).

Cet épisode sanglant intervient dans une période particulièrement conflictuelle dans le mouvement ouvrier :
Sur le plan politique, au Congrès de Tours de décembre 1920, une majorité de membres de la SFIO créent la SFIC (Section française de l’Internationale communiste) liée au Komintern (Internationale communiste), entérinant un alignement inconditionnel sur la politique décidée à Moscou.
Sur le plan syndical, la bolchévisation de la CGTU est confirmée à son IIè congrès à Bourges où est votée l’adhésion à l’ISR (Internationale syndicale rouge) inféodée au Komintern, malgré l’opposition de la minorité syndicaliste révolutionnaire.
Ainsi l’utilisation de la violence par les communistes résonne fortement avec les connaissances qu’ont les anarchistes de la réalité de la dictature bolchevique sur le prolétariat russe, notamment à Kronstadt et en Ukraine.

Par la suite, beaucoup de syndicalistes libertaires vont quitter la CGTU, ce qui accentuera encore la main-mise des communistes sur le syndicat. Les coups de feu tirés à la Grange-aux-Belles y ont certainement joué un grand rôle. En rappeler le déroulement est d’autant plus important que la vérité à longtemps été occultée par les mensonges, le journal L’Humanité par exemple accusant du crime des provocateurs qui, ”sous le masque de l’anarchie ouvrent la voie au fascisme”...
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04 mars 2024

”Moins que jamais l’école n’est le lieu de l’émancipation individuelle. On y apprend le rendement, l’adaptabilité, la mise sous pression : au lieu de têtes bien faites, la taylorisation des neurones”. Cette phrase figure dans La déconstruction de l’école - Journal d’un enseignant français 2021-2022, ouvrage de Renaud Garcia, professeur de philosophie ”par vocation”. Il constate l’obsolescence programmée d’un métier qui repose à l’origine sur la relation vivante avec les jeunes.
L’accélération s’en fait particulièrement sentir dans la période récente, facilitée par la gestion étatique de la Covid et par la religion du numérique. Ceux qui résistent sont des perturbateurs, pour l’administration comme pour la majorité des élèves et de leurs parents.
Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation pendant 5 ans, a été un ”officier zélé de la technocratie en marche”.
Pour le bac, l’importance d’options de spécialités, dont les résultats sont connus en mars, limitent l’intérêt des élèves aux six premiers mois, l’obsession de la note étant devenue prégnante avec le rendez-vous incontournable avec le logiciel Parcoursup. L’angoisse des élèves et de leurs parents est d’autant plus grande que les algorithmes gérant la sélection des demandes sont secrets et peuvent varier d’un établissement à l’autre. Après plusieurs années d’utilisation, un sondage montre qu’une forte majorité le jugent stressant, injuste et inégalitaire.
Le fond d’investissement Educapital signale que l’enseignement scolaire est le marché ayant le plus gros potentiel en France. Parmi les innovations auxquelles doivent se soumettre les professeurs :
le logiciel Santorin qui impose sur écran une correction des copies scannées ;
le logiciel Pronote où est saisie en direct la vie scolaire : notes, absences, emplois du temps, cours en ligne..., obligeant une consultation régulière sur écran induisant inquiétude des élèves, conflits professeurs-parents, espionnage par l’administration ;
le logiciel Pix permettant d’évaluer et d’améliorer son ”profil Pix”, reflet de sa maîtrise du numérique.

Renaud Garcia nous rappelle plus largement que ”les dernières innovations technologiques entrant dans le champ des espaces numériques se diffusent comme un long poison inodore”.
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26 février 2024

Ange Pottin, jeune chercheur en postdoctorat à l’Université de Vienne (Autriche), s’intéresse aux résidus de l’industrie nucléaire française. Vient de paraître Le Nucléaire imaginé - Le rêve du capitalisme sans Terre, prolongement de sa thèse consacrée au cycle des déchets nucléaires et aux faux espoirs de les réutiliser indéfiniment en les retraitant et en évoquant le mirage du surgénérateur, pourtant un fiasco mémorable (Superphénix définitivement arrêté en 1997).
Il analyse la rhétorique actuelle des nucléocrates, qui s’articule autour de la défense du climat et de la souveraineté énergétique. En rappelant les réalités concrètes de cette industrie, il déconstruit un tel discours, rapporté avec zèle par les médias complaisants.
Il montre les signes de faiblesse qui se multiplient concernant les capacités à assurer la sécurité des installations vieillissantes, à en construire de nouvelles, et à gérer pour des milliers d’années les déchets stockés et retraités à La Hague ainsi que ceux enfouis à Bure.

La fumée repeinte en vert qui s’échappe des réacteurs ne peut faire oublier que ”cette énergie est symptomatique d’un capitalisme industriel traversé par une étrange contradiction : tout en promettant l’indépendance vis-à-vis de la Terre, il étend sans cesse sa pesante emprise terrestre”.
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19 février 2024

Après LʼOrdre contre lʼHarmonie – Anthropologie de lʼAnarchie, un autre ouvrage de Charles Macdonald va sortir au printemps prochain, L’autorité sans le pouvoir - Anthropologie critique, perspectives libertaires.
Afin de mieux comprendre le présent il développe une hypothèse sur la source et l’origine de l’organisation humaine : ”la modernité peut devenir plus intelligible dans la perspective d’une théorisation de l’anarchie, qui s’avère l’une des idées les plus productives que j’aie jamais rencontrées dans ma carrière d’anthropologue professionnel”.
Il rappelle que ”les êtres humains peuvent vivre et ont vécu très longtemps non pas dans une structure sociale rigide et mécanique, mais dans le respect de valeurs propices à un mode de vie libre, ouvert, égalitaire, solidaire. C’est ce qui survit dans le cœur de beaucoup et apparaît chaque fois que l’État faiblit”.
Il présente les principes de la vie collective anarchique : partage, égalité, fraternité, autonomie, liberté, solidarité, pacifisme, par lesquels le ”primitif”, le ”sauvage” construisait et maintenait l’harmonie collective.
À l’opposé, dans la continuité de la société marchande du Moyen-Âge, du capitalisme industriel de 19è siècle et du capital financier d’aujourd’hui, les principes socio-hiérarchiques ont transféré les liens de dépendance personnelle à une entité abstraire transcendante dotée d’une valeur suprême : Dieu, Nation, État, Patrie, Devoir, Obéissance, Honneur... Nous lui devons une loyauté indéfectible, intériorisée par beaucoup et imposé par la contrainte aux autres.

Pour Charles Macdonald ”le sauvage moderne civilisé est le bureaucrate, le fanatique religieux, le patriote”, mais il nʼexiste aucune prédestination dans la ”nature” de lʼHomo Sapiens pour une telle forme de vie hiérarchisée, individualisée, marchandisée car ”l’anarchie, une société sans gouvernement, existe depuis des temps immémoriaux” et ”le sauvage moderne non civilisé est l’anarchique, celui qui vit en la plupart d’entre nous”.
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12 février 2024

Exceptionnellement, cette émission sera constituée de deux parties : la première nous emmènera à la découverte d’une estive en Ariège ; la seconde est un hommage à Claude Villers décédé le 16 décembre 2023 et enregistré par l’équipe de Trous Noirs à l’occasion des Reclusiennes en 2013 et 2015.

Première partie :
Jean Samouillan est documentariste et s’intéresse au mouvement néo-rural dans les Pyrénées ariégeoises. Il a notamment rencontré Paulo et Martine Garcia qui vivent de leur élevage de chèvres depuis le mouvement des communautés des années 70. Dans leur ferme-ressource, il accueillent des stagiaires qui se perfectionnent dans l’élevage caprin et la fabrication de fromages, frais ou en tomme.
Les accompagnant pour la transhumance annuelle menant le troupeau de plusieurs élevages à l’estive en altitude, il y rencontre un collectif de quatre jeunes bergers qui ont choisi cette existence pour partager une vie riche, respectueuse de la nature, des animaux et de la planète.
Mais l’ancienne fromagerie qu’ils aménagent ne correspond pas aux normes et il doivent en construire une nouvelle. Ils se servent des pierres et des arbres de la montagne pour en réaliser la structure à l’aide d’un chantier participatif.
Dans La réponse des bergers Jean Samouillan nous transmet son plaisir de leur donner la parole et de filmer chèvres, chiens, cochons, équidés... et la montagne, si belle.

Seconde partie :
En 2013, lors de la première édition des Reclusiennes à Sainte-Foy-la-Grande (lieu de naissance d’Elisée Reclus), Claude Villers animait une table ronde consacrée à Reclus et les Amériques ; nous en écouterons l’introduction.
En 2015, de retour aux Reclusiennes, il était interviewé par Lydia Ben Ytzhak et répondait aux questions du public.
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05 février 2024

Après avoir reçu Harry Bernas pour son ouvrage Les merveilleux nuages - Que faire du nucléaire ?, nous le retrouvons pour parler de L’île au bonheur - Hommes, atomes et cécité volontaire.
Dans ce livre se mêlent ”bribes de sa vie”, enchaînement des faits qui ont mené à Fukushima et chemins de scientifiques menant vers ”un présent et une science lestés par la bombe”.

Le projet Manhattan, lancé par Roosevelt, a permis à la Sainte-Alliance militaires, industriels et scientifiques de réaliser cette extraordinaire expérience scientifique ”in vivo” sur le Japon, démontrant au monde la supériorité américaine. Quelques déclarations émerveillées après l’essai Trinity au Nouveau-Mexique : ”Dieu a confié aux États-Unis de conduire le monde, la bombe est la baguette magique qui en garantira le succès”, le physicien Arthur Compton ; après la ”réussite” du largage de ”Little boy” sur Hiroshima : ”Ce que nous venons de faire est le plus grand succès de la science organisée, le président Harry Truman et ”C’est le début d’un ère nouvelle. Cette découverte aura peut-être pour l’avenir de la civilisation une importance comparable à celle qui permit aux hommes de maîtriser le feu”, le philosophe des sciences Paul Langevin.
Oppenheimer, directeur scientifique du projet, déclarera deux années plus tard :
”Un véritable scientifique estime qu’il est bon d’offrir à l’espèce humaine la plus grande puissance possible afin de contrôler le monde, de le gérer en fonction de ses lumières et de ses valeurs”. En fait, il l’a remise entre les mains d’un tout petit nombre d’hommes de pouvoir.

Par la suite, certains conseillers, tel le ”thin-tank” RAND, proposent de développer l’énergie nucléaire : ”Se servir de l’atome dans un contexte domestique ou hospitalier le fera admettre sur le champ de bataille”. Malgré l’avertissement du physicien Enrico Fermi : ”Il n’est pas évident que le public acceptera une source d’énergie qui engendre autant de radioactivité et qui est susceptible d’être détournée pour fabriquer des bombes”, le 8 décembre 1953 le président Eisenhower prononce son discours ”Atom for peace” aux Nations Unies. En plus des États-Unis et de l’URSS, la France, la Grande-Bretagne et... le Japon vont se précipiter pour construire des réacteurs nucléaires, court-circuitant les études nécessaires pour en estimer la sûreté et le coût réel. Après le désastre de Fukushima, la Commission d’investigation parlementaire rappellera : ”Ayant une foi aveugle en la puissance technologique du pays, nous avons échoué à mesurer le risque de construire des réacteurs nucléaires dans un pays sujet aux tremblements de terre”.

Harry Bernas nous rappelle dans son livre qu’on est passé ”de la cécité volontaire à l’aveuglement imposé” et qu’ en matière de déni Fukushima (”Île au bonheur”) rime avec Hiroshima.
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29 janvier 2024

Guy Chapouillié, après des études à l’Institut agronomique de Paris et à l’Université, soutient deux thèses au croisement du monde paysan et du cinéma. Plus tard, il fonde l’École supérieure d’audiovisuel de l’Université de Toulouse. Faisant le choix d’un cinéma ”qui s’efforce de fixer les enjeux de la représentation au niveau où se situent ceux des transformations sociales”, il a réalisé de nombreux films, beaucoup montrant la vie et les luttes des agriculteurs, la rente dégagée par leur travail étant ”détournée au profit des banques et des industries agroalimentaires”.
Ces dernières années, dans leurs fermes, leurs étables, leurs champs, leurs vignes, leurs alpages, avec sa compagne Dominique Bricard, il a partagé le quotidien de ceux qui tournent le dos au productivisme qui ”lessive les humains et déchire le tissu rural”. Son documentaire Prendre soin de la terre montre comment ils cultivent et élèvent afin de ”prendre soin de la terre, prendre soin de soi et prendre soin des autres”.
La recherche d’une harmonie entre nature et humains se concrétise dans leurs divers choix : bio, biodynamie, circuit court, ferme collective... Ils la partagent avec une grande variété d’espèces animales, brebis, chevaux, poules, canards, vaches, cochons, chats, chiens... et connaissent l’importance de la faune dans le sol pour la qualité du terroir, que l’agriculture industrielle détruit.
Ainsi Pierrick fustige une porcherie industrielle : ”ils arrivent le matin, allument l’ordinateur pour voir ce qu’il y a à faire ; le côté charnel, tactile, de sensibilité disparaît”. Éleveur de vaches pie noire en Bretagne, il participe à relancer cette race rustique : ”on produit différemment, on commercialise différemment, pour vivre différemment, être autonome, proposer une bonne nourriture”. Montrant avec émotion haies, arbres, animaux qui l’entourent, il poursuit : ”C’est ça la vie, toute cette richesse. On doit accompagner la nature et non pas la contraindre”.
Guy Chapouillié décrit tous ceux qui témoignent, dans ce très beau film, de leur vécu et de leurs espoirs : ”ils donnent corps à une société nouvelle, plus fraternelle, plus partageuse, soucieuse de transmettre une terre saine et grosse de promesses”.
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22 janvier 2024

”L’indépendance de pensée et d’expression que je rencontrai dans le Jura suisse m’interpellèrent d’autant plus fort ; et après quelques semaines passées auprès des horlogers, mon opinion était certaine : j’étais un anarchiste”, Pierre Kropotkine 1877.
Désordres, film du réalisateur suisse Cyril Schäublin dont la famille travaillait dans l’horlogerie, a pour titre original Unrueh qui signifie ”le balancier” (d’une montre) et aussi ”l’émeute” en langue allemande.
Ce très beau long métrage aborde le travail de l’horlogerie dans le vallon de Saint-Imier en 1872, période charnière entre deux époques : les ouvriers se retrouvent progressivement dans des fabriques où s’installe le chronométrage de leurs gestes afin d’augmenter les cadences, les déposséder de leur savoir-faire, les rendant ainsi interchangeables.
Dans un atelier voisin, les ouvriers et ouvrières anarchistes organisés en coopérative lisent à tour de rôle les journaux pendant leur travail, échangent les nouvelles sur les luttes collectives et organisent la solidarité internationale par des caisses de grève. Ils appartiennent à une des 120 sections de l’Association internationale des travailleurs (AIT) en Suisse regroupant alors 10 000 adhérents et ayant un rôle essentiel dans le mouvement ouvrier international.
Des bâtiments du XIXè siècle, des costumes d’époque et de nombreux acteurs amateurs de la région, dont Michel Nemitz de la ”Fédération libertaire des montagnes” en crieur public, reconstituent la vie quotidienne de ce petit bourg si particulier, où le mélange des langues, français, suisse allemand, russe, traduit la forte immigration dans le Jura afin de travailler dans l’horlogerie.
Alors âgé de 30 ans, Pierre Kropotkine membre de la Société géographique de Saint‑Pétersbourg, fait un premier voyage en Suisse en 1872. Dans le film, il se promène autour de Saint‑Imier pour établir une carte intégrant les noms de lieux-dits, ignorés par la carte officielle. On le suit dans ses promenades et ses rencontres de militants anarchistes, d’une ouvrière horlogère, d’une magnifique forêt voisine.
Il a aujourd’hui dirigé ses pas vers les studios de Radio Libertaire sous les traits d’Alexei Evstratov, qu’il a choisi avec bonheur pour jouer son rôle.
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15 janvier 2024

La traduction en français du livre Les veines ouvertes de l’Amérique latine en 1981 avait eu un écho très important. Son auteur Eduardo Galeano, journaliste et écrivain, y dénonçait la spoliation des richesses du continent américain, de la colonisation espagnole jusqu’aux ravages de l’impérialisme.
Depuis quelques années, les Éditions du Québec Lux ont entrepris de publier en français d’autres ouvrages majeurs de cet auteur, décédé à Montevideo en 2015.
Nous présentons aujourd’hui Sens dessus dessous. L’école du monde à l’envers, dans lequel il décrit le monde qui est le nôtre : exacerbation des injustices et des inégalités, dévastation de la planète, haines sexiste et raciste, règne de la domination et de l’exploitation par des élites politiques et économiques, violence et guerres partout présentes...
Avec humour et sarcasme, il déplore : ”le XXème siècle né sous le signe de la révolution est mort marqué par le désespoir”. Ce ”monde à l’envers” nous fait perdre espoir en la capacité humaine de changer l’Histoire car il ”nous apprend à subir la réalité au lieu de la changer, oublier le passé au lieu de l’écouter et accepter l’avenir au lieu de l’imaginer”.
Refusant de ”s’agenouiller devant l’un des deux autels”, capitalisme libéral ou capitalisme d’État, il s’intéresse aux mouvements sociaux alternatifs, tels les communauté zapatistes au Mexique et les ”sans-terre” au Brésil.
Pour nous en parler, nous recevons Lydia Ben Ytzhak, traductrice d’un ouvrage encore plus d’actualité aujourd’hui, le capitalisme mondial étendant ses crimes partout dans le monde.
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08 janvier 2024

La fabrique du progrès - Scientisme, système technicien et capitalisme vert de notre invité, Arthur Guerber, correspond à un long travail qu’il a réalisé pour analyser le rôle des sciences dans l’évolution de nos sociétés. Il souhaite contribuer à ”éveiller notre sens critique face au discours dominant”.
Il remet en cause une certaine vision du progrès, liée à une philosophie linéaire et finaliste de l’Histoire, dont le marxisme s’est nourri pour tenter d’imposer sa vision du ”socialisme scientifique”.
Aujourd’hui le capitalisme occidental, vantant les bienfaits miraculeux de la technologie, substitue à la foi religieuse vieillissante une foi scientifique ”moderne” : le scientisme.
Le sujet de cet ouvrage est d’une actualité que chacun peut constater, dans laquelle s’accélère chaque jour la dérive technocratique du pouvoir. Ainsi, pour Arthur Guerber, le déploiement effréné des technologies numériques par les industriels et l’État ”constitue la plus grande menace sur les libertés”.
Dans les deux premières parties il analyse l’histoire des sciences et leurs limites et comment s’est installé le mythe d’une technologie rédemptrice. Une seconde émission évoquera ces sujets.

Les échanges d’aujourd’hui portent sur le développement du capitalisme vert, sur la naturalisation des problèmes sociaux et sur la culpabilisation individuelle du consommateur afin de lui faire accepter une gouvernance environnementale mondiale.
Sont présentés les impasses de divers courants écologistes : l’écologie catastrophiste, l’écologie individualiste, l’écologie politique des ”Verts”, l’écologie profonde.
Le dernier chapitre, reprenant notamment certaines propositions de l’écologie sociale de Murray Bookchin, évoque une écologie anarchiste bien illustrée par la phrase du géographe anarchiste Élisée Reclus : ”L’homme est la nature prenant conscience d’elle-même”.
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01 janvier 2024

Rediffusion de l’émission du 13 novembre 2023.
Nous recevons aujourd’hui Roland Nurier pour son film Yallah Gaza, en salle depuis le mercredi 8 novembre dernier. Yallah Gaza est son second film, après Le Char et l’Olivier (2018). Nul doute que le réalisateur aurait préféré une période plus sereine pour présenter son film.
Avec Le Char et l’Olivier, Roland Nurier s’employait à apporter un éclairage documenté sur l’histoire de la Palestine et à expliquer les origines d’une guerre qui dure depuis 75 ans. Apprendre du passé pour comprendre le présent ! C’est un peu la même devise qui l’incite à consacrer un film à Gaza. Car si l’enclave fait bien partie de la Palestine historique, elle s’en distingue par bien des singularités. Roland Nurier nous fait le portrait de ce territoire particulier, à rebours, ou plutôt à distance des clichés véhiculés par les médias dominants. Un éclairage nécessaire et utile en ces temps de pensée unique.
Historiens, journalistes ou chercheurs, comme Jean Pierre Filiu, Sylvain Cypel, Leila Seurat ou le Gazoui Gassan Wishah se succèdent pour rappeler les grandes dates de l’histoire de Gaza. Les activistes israéliens se relaient avec les Gazaouis pour dénoncer les conditions de vie qui sont faites à ce territoire sous blocus depuis 17 ans.
Roland Nurier n’a pas été autorisé à se rendre à Gaza, mais il a pu compter sur l’appui de Iyad Alasttal, réalisateur gazaoui - auteur des Gaza Stories visibles sur internet -, qui a pris en charge les tournages réalisés dans l’enclave. Yallah Gaza montre une population vivante, cultivée, bien éloignée de l’image de terroristes assoiffés de sang véhiculée par des médias qui s’interdisent de réfléchir.
Dans cette émission, enregistrée vendredi 10 novembre, Roland Nurier évoque avec émotion les nombreux personnages qui apparaissent dans son film, et dont il est parfois sans nouvelle depuis plusieurs jours. Agriculteurs, pêcheurs, enseignants ou danseurs de Dabké vivent une vie presque normale où la guerre s’invite sans crier gare : explosion dans une ruelle brutalement envahie de poussière. Des participants aux marches du retour (2018) se font tirer par les snipers de l’armée de défense israélienne avec des balles explosives, munitions interdites, crimes de guerre... On retrouve ces mêmes jeunes gens, amputés d’un membre, sans même une prothèse. Ils jouent au foot appuyés sur une béquille, ou se jettent à l’eau du haut d’un rocher.
À Gaza, on sait depuis longtemps, comme le disent tour à tour les protagoniste du film, que « Les droits ne sont pas donnés. Ils s’acquièrent par la lutte ».
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25 décembre 2023

Rediffusion de l’émission du 21 mars 2022.
« Il est réunionnais jusqu’au bout des ongles, marseillais de toutes les couleurs, catalan du nord et du sud », « c’est un prince de l’art brut, l’art de la récup, l’art de la sincérité, l’art de l’intelligence », disent de lui des proches d’André Robèr, poète, artiste, écrivain, éditeur, militant anarchiste.
Son enfance sur l’île est celle d’un « pov’ yab », faite de misère, de faim, d’absence d’éducation. À 19 ans « lou kité la mèr pou rofé la tèr » : heureusement « l’art m’a permis d’estomper cette souffrance due au déracinement».
Avec son « allure de baba cool surmonté d’une crinière à la kanak », il fait de nombreuses rencontres qui accompagnent son engagement artistique, social et politique, car « I fo un paké d’rèv pou-viv » : « dans le militantisme politique, le seul qui peut aider est l’individualisme anarchiste qui donne à l’homme les moyens d’être, d’exister en tant que créateur ».
Il accompagne l’aventure de Radio Libertaire : « C’est dans ces studios que j’ai le plus appris sur l’art en recevant artistes, critiques d’art... ».
Dans « El Taller », son atelier actuel d’Ille sur Têt, près de Perpignan, il organise des festivals de poésie, tel « L’Illa dels poetes », des expositions, des fêtes où le créole, « langue bafouée, langue ignorée » reprend vie, stimulée par les odeurs de diverses épices et par le « Rhum arrangé » de ce « cuisinier fraternel et affectueux ». Dans ce lieu très accueillant, on peut s’initier au créole réunionnais en feuilletant de nombreux textes, en écoutant des CD, de ses Éditions K ’A.
André Robèr, « devenu rebelle par perception de l’injustice », a réussi à « être l’alchimiste de son existence ».
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18 décembre 2023

« La science est une chose trop importante pour être laissée entre les mains des seuls savants », est la phrase d’accueil du site Sciences critiques créé en février 2015, encore aujourd’hui seul site d’information et de réflexion critiques associant chercheurs, journalistes et passionnés des sciences.
Il offre des repères permettant de comprendre le « monde des sciences » à travers tribunes libres, enquêtes, dossiers, grands entretiens, débats publics...
Quelques questions abordées : La recherche scientifique répond-elle aux besoins de lʼhumanité ? Quelle est la responsabilité des scientifiques dans la « crise » sociale, politique, économique et écologique actuelle ? Les « experts » scientifiques ont-ils pris le pouvoir ? Les « progrès » scientifiques et techniques dépossèdent-ils les citoyens de leurs libertés fondamentales ?

Ses animateurs ont récemment décidé l’auto-édition de brochures reprenant des textes marquants publiés sur le site. Nous recevons un des créateurs de Sciences critiques, le journaliste scientifique Antony Laurent, qui nous présente les premières parutions de cette collection Les bonnes feuilles.
Il nous parle du déferlement technologique évoqué dans La technologisation de la vie : du mythe à la réalité et de La guerre des mondes dans laquelle s’affrontent partisans d’un monde vivant et artisans d’un monde-cyborg.

Il est essentiel de garder un esprit critique sur les innovations scientifiques et techniques : « Quand on me présente quelque chose comme un progrès, je me demande avant tout s’il nous rend plus humains ou moins humains. » (George Orwell).
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11 décembre 2023

Le documentaire Tisseurs de colère, produit par le collectif René Vautier, utilise des images d’archives du Centre de Culture populaire de Saint-Nazaire, cette région étant riche d’une culture ouvrière construite par de nombreuses luttes. Aujourd’hui, les deux tiers des actifs sont des ouvriers et les édiles reconnaissent que « le tissu social est très revendicatif ». Les conditions de travail et de vie ont pour conséquence une surmortalité de 28 % dans le bassin de Saint-Nazaire par rapport à la moyenne nationale. Notamment en cause les cancers, dont Annie Thébaud-Mony directrice du Groupement d’Intérêt Scientifique sur les Cancers d’Origine Professionnelle estime qu’ils constituent la moitié des cas de cancer.
Le sociologue et journaliste Benjamin Fernandez, qui réside dans cette ville, a publié un reportage dans Le Monde Diplomatique de juillet : « Au risque de la catastrophe industrielle - Quand l’État protège les pollueurs ». À partir d’exemples en Loire-Atlantique, il montre comment « les autorités favorisent les industriels au détriment de l’environnement et de la santé publique : contrôles insuffisants, sanctions dérisoires, non-application des textes réglementaires ».

Notre invité a aussi publié dans ce même journal « Murray Bookchin, écologie ou barbarie ». Celui-ci, ouvrier à 18 ans dans une fonderie, a publié quelques années plus tard un texte dénonçant l’utilisation des pesticides. Il affirmera ensuite que « presque tous nos problèmes écologiques proviennent de problèmes sociaux profondément établis ». Désirant absolument éviter que le mouvement écologique ne devienne « le chien de garde de l’élite des affaires », il dénonçait le « capitalisme vert ».
Dans les années 1970, après avoir fondé l’Institut pour l’écologie sociale dans le Vermont, il propose un programme politique basé sur le municipalisme libertaire, création de communes autonomes ayant pour rôle de « démocratiser les villages et les villes, les confédérer, et créer un contre-pouvoir face à l’État ». Les communautés zapatistes et le confédéralisme démocratique au Rojava en sont des exemples actuels.
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04 décembre 2023

Lorsqu’on évoque l’anarchisme en Suisse, ceux qui ont quelques connaissances en histoire sociale pensent à Saint-Imier, petite ville horlogère du Jura bernois où se sont réunis mi-septembre 1872 à l’invitation de la Fédération jurassienne diverses fédérations de la 1ère Internationale (AIT), pour fonder l’Internationale anti-autoritaire. N’acceptant plus le fonctionnement centraliste et le parlementarisme du Conseil général de Londres, la grande majorité de l’AIT va ainsi continuer sur des bases de fonctionnement fédéraliste et sur l’anti-étatisme, orientations présentées dans les revendications de ce Congrès.
Certains se souviennent sans doute des rencontres internationales où des milliers d’anarchistes venant de diverses régions du monde se sont retrouvés à Saint-Imier en 2012 pour une semaine, à l’occasion des cent quarante ans de cet événement essentiel pour la branche libertaire du mouvement ouvrier.
Mais le développement du mouvement anarchiste en Suisse romande pendant ces dizaines d’années est très peu connu ; il compte notamment des militants importants tels Louis Bertoni, auteur et éditeur du journal Réveil anarchiste et André Bösiger qui anima une fédération anarcho-syndicaliste dans le secteur du bâtiment.
Notre invité, Ivar Petterson, a bien connu ce dernier et participe depuis longtemps aux initiatives et réalisations du mouvement anarchiste en Suisse romande, notamment la Fédération socialiste libertaire en 1968 ou plus récemment l’Organisation socialiste libertaire. Il s’est investi dans diverses associations dont il est à l’origine, parmi lesquelles une coordination de divers quartiers à Genève animée par le squatt du Prieuré ainsi que « Solidarité Bosnie » qui organise chaque année une « Marche internationale pour la Paix », d’abord en Suisse puis en Bosnie. Tout récemment il projette une association afin de dénoncer et s’opposer à l’intention de l’OMS d’imposer toute une série de mesures liberticides à la population mondiale en cas de nouvelle pandémie
Actuellement il participe à la mise en place d’une coordination des anarchistes de Suisse romande, d’autant plus nécessaire qu’un courant anti-organisationnel n’hésite pas à utiliser des méthodes autoritaires pour en empêcher la réalisation.
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27 novembre 2023

Malgré la récente décision du Parlement européen de classer en « énergie verte » le nucléaire, la relance par le discours macronien du « nouveau nucléaire » se heurte aux dures réalités :
L’EPR n’en finit pas d’accumuler les problèmes de fabrication, voire de conception, aussi bien à Flamanville, qu’en Finlande, en Chine ou en Angleterre.
Les petits réacteurs modulaires SMS, s’ils voient le jour, produiraient une électricité ruineuse : devant cette perspective la société américaine NuScale Power vient de renoncer à son projet.
De toute façon, ces annonces médiatiques n’expliquent pas comment trouver les énormes ressources humaines et financières nécessaires pour une telle relance.

Le nucléaire actuel accumule d’énormes difficultés (catastrophes, incidents se multipliant avec le vieillissement, perte de compétences) qui n’avaient pas été anticipées lorsque le président Eisenhower, dans son discours Atoms for peace avait lancé en décembre 1953 l’industrialisation à marche forcée de l’électricité nucléaire. Un rapport de physiciens américains estimait alors à 20 ans les études préalables nécessaires dans les domaines de la sûreté, du rendement et du coût.
Les réacteurs dans le monde (LWR), y compris le « nouveau nucléaire », sont issus de leur ancêtre né 70 ans plus tôt, le moteur du sous-marin nucléaire Nautilus, Le physicien américain Mark Lidsky en concluait : « Le LWR n’est pas mieux adapté à nos besoins d’énergie nucléaire que ne l’était le dirigeable Hinderburg aux transports aériens ».

Notre invité, Harry Bernas, qui a participé à des travaux sur les sciences nucléaires et des études sur les matériaux irradiés, a d’abord milité contre la bombe nucléaire puis s’est intéressé à l’histoire du nucléaire après Tchernobyl. Il a publié en 2022 L’île au bonheur - Hommes, atomes et cécité volontaire autour du désastre de Fukushima, et tout récemment Les merveilleux nuages - Que faire du nucléaire ?
Pour dissiper les nuages de radioactivité et les nuages de paroles qui nous entourent, il propose des solutions qui doivent se situer dans le cadre plus large d’une réflexion collective sur nos besoins réels en énergie et la nécessité d’un changement social pour en finir avec un système de domination usé qui ne sert que les possédants.
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20 novembre 2023

« Un esprit libre, une pensée libertaire et un homme profondément humaniste » : Raymond Patoux est ainsi décrit par sa fille Séverine.
Né à Angers en 1913, il entre dans la vie active dès l’âge de 12 ans. Jeune militant au Parti socialiste, il le quitte rapidement quand le gouvernement Blum refuse d’aider la révolution espagnole au nom de la non-intervention. Pendant l’occupation, il entre dans la Résistance où il est très actif, notamment dans le réseau Libération Nord. En août 1944, il devient secrétaire provisoire de l’Union départementale de la CGT Maine-et-Loire. Il est de ceux qui s’opposent à la tentative de main-mise stalinienne sur la Confédération, ce qui lui vaudra d’être régulièrement attaqué, parfois avec haine. Il s’appuie sur la Charte d’Amiens (1906), référence du syndicalisme révolutionnaire auquel il restera fidèle au cours des 46 ans de sa vie de militant syndicaliste.
La coexistence avec les communistes, qui ont comme mot d’ordre « Travailler - Produire » et affirment que « la grève est l’arme des trusts », devient vite impossible. La scission devient effective le 19 décembre 1947 et conduit à la création de la CGT-Force Ouvrière en avril 1948, regroupant partisans du syndicaliste réformiste et syndicalistes révolutionnaires.
Sa fiche dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier (Le Maitron) présente ses multiples activités pour aider au développement de cette nouvelle organisation syndicale, d’abord dans le Maine-et-Loire, puis en région parisienne, en Seine-Maritime, dans le Loiret. Ses dernières responsabilités dans ce département sont celles de l’Union des retraités en 1990. Il décède en novembre 2011, à l’âge de 98 ans.
Ses investissements militants dans ces diverses Unions départementales interprofessionnelles étaient de tous ordres : soutien aux grèves et occupations, création de sections syndicales et de syndicats professionnels, mais aussi initiatives d’association directe producteurs-consommateurs, aide à la construction de logements sociaux, solidarité internationale (Espagne, Algérie, Pologne...).
Il a des contacts amicaux avec de nombreux responsables de la CGT-FO, dont des militants anarchistes, tels Suzy Chevet et Maurice Joyeux.
Notre invité Gérard da Silva, historien du mouvement social, a récemment publié le livre Raymond Patoux - Mémoires d’un syndicaliste libre et libertaire, que celui-ci avait rédigé de 2003 à 2008.
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13 novembre 2023

Nous recevons aujourd’hui Roland Nurier pour son film Yallah Gaza, en salle depuis le mercredi 8 novembre dernier. Yallah Gaza est son second film, après Le Char et l’Olivier (2018). Nul doute que le réalisateur aurait préféré une période plus sereine pour présenter son film.
Avec Le Char et l’Olivier, Roland Nurier s’employait à apporter un éclairage documenté sur l’histoire de la Palestine et à expliquer les origines d’une guerre qui dure depuis 75 ans. Apprendre du passé pour comprendre le présent ! C’est un peu la même devise qui l’incite à consacrer un film à Gaza. Car si l’enclave fait bien partie de la Palestine historique, elle s’en distingue par bien des singularités. Roland Nurier nous fait le portrait de ce territoire particulier, à rebours, ou plutôt à distance des clichés véhiculés par les médias dominants. Un éclairage nécessaire et utile en ces temps de pensée unique.
Historiens, journalistes ou chercheurs, comme Jean Pierre Filiu, Sylvain Cypel, Leila Seurat ou le Gazoui Gassan Wishah se succèdent pour rappeler les grandes dates de l’histoire de Gaza. Les activistes israéliens se relaient avec les Gazaouis pour dénoncer les conditions de vie qui sont faites à ce territoire sous blocus depuis 17 ans.
Roland Nurier n’a pas été autorisé à se rendre à Gaza, mais il a pu compter sur l’appui de Iyad Alasttal, réalisateur gazaoui - auteur des Gaza Stories visibles sur internet -, qui a pris en charge les tournages réalisés dans l’enclave. Yallah Gaza montre une population vivante, cultivée, bien éloignée de l’image de terroristes assoiffés de sang véhiculée par des médias qui s’interdisent de réfléchir.
Dans cette émission, enregistrée vendredi 10 novembre, Roland Nurier évoque avec émotion les nombreux personnages qui apparaissent dans son film, et dont il est parfois sans nouvelle depuis plusieurs jours. Agriculteurs, pêcheurs, enseignants ou danseurs de Dabké vivent une vie presque normale où la guerre s’invite sans crier gare : explosion dans une ruelle brutalement envahie de poussière. Des participants aux marches du retour (2018) se font tirer par les snipers de l’armée de défense israélienne avec des balles explosives, munitions interdites, crimes de guerre... On retrouve ces mêmes jeunes gens, amputés d’un membre, sans même une prothèse. Ils jouent au foot appuyés sur une béquille, ou se jettent à l’eau du haut d’un rocher.
À Gaza, on sait depuis longtemps, comme le disent tour à tour les protagoniste du film, que « Les droits ne sont pas donnés. Ils s’acquièrent par la lutte ».
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06 novembre 2023

Ronald Creagh est décédé le vendredi 8 septembre 2023 à Montpellier à l’âge de 94 ans, après une vie peu commune et fort bien remplie.
Citoyen britannique, né le 16 juin 1929, à Alexandrie, Égypte, il a passé son enfance à Port-Saïd entre une mère franco-libanaise, un père anglais (comptable) et une grand-mère sicilienne. Il fréquente le lycée français et, durant la guerre, est marqué par les bombardements de la ville. Compagnon atypique et attachant, Ronald Creagh s’était intéressé aux idées libertaires à la suite d’un parcours qui n’eut rien de linéaire, mais où l’envie de d’apprendre et de comprendre ont toujours été ses guides.

On le trouve commis du consulat britannique à 16 ans, membre du clergé français jusqu’à 39 ans, avant de se défroquer et s’intéresser à la sociologie et l’histoire qu’il étudie en France et aux États-Unis. Plus tard il découvre les idées libertaires et consacre une thèse à l’anarchisme américain. C’est ainsi qu’il s’était fait le spécialiste des États-Unis, des premiers socialistes (dont le fouriérisme et ses suites) et des utopies. Nous l’avons connu pour le livre qu’il a consacré à Élisée Reclus en 2013, Élisée Reclus et les États-Unis, mais on lui doit aussi, Histoire de l’anarchisme aux U.S.A (publié en 1981), Laboratoires de l’Utopie, les communautés libertaires aux Etats-Unis (1983), Sacco et Vanzetti (1984, réed. en 2004).
Nous évoquerons le site web dont il était le créateur et l’animateur RA forum - Recherche sur l’anarchisme (aujourd’hui malheureusement disparu), la revue Réfractions dont il était un contributeur régulier, ainsi que les deux CIRA auxquels il était très lié.

Avec nous en studio, Michèle Rollin pour le film qu’elle lui a consacré (Ronald Creagh une essence de l’Utopie, projection à venir à la Librairie Publico, le 15 décembre prochain). Nestor Potkine (Les Muses s’amusent) pour parler de la revue Réfraction, Federico Ferretti et Daniel Pinos au téléphone, ainsi que quelques enregistrements audio réalisés par Christiane Passevant (Chronique Rebelles).
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30 octobre 2023

« Ce n’est que lorsque le puits s’assèche que l’on reconnaît la valeur de l’eau » : l’eau, le sol, la faune, la flore et les humains sont étroitement liés, mais le capitalisme mondial ne s’en préoccupe nullement. Le contrôle de l’eau par les grands barrages est un levier essentiel de capitalisme moderne, qu’il soit libéral ou d’État. L’eau est cotée en Bourse et les géants de l’agroalimentaire embouteillent eaux minérales et eaux de source.
La Cour des comptes alerte : « En dépit de la raréfaction de la ressource, les prélèvements d’eau brute poursuivent leur progression, quels que soient le sous-bassin ou l’usage considéré ».
L’énergie (à 94 % le nucléaire) représente 22 % de la consommation annuelle globale d’eau de surface, le troisième poste derrière les consommations domestiques (24 %) et l’irrigation (48 %).
Ainsi le nucléaire pompe, réchauffe et pollue gravement l’eau dont il a besoin.
Les mégabassines, qui se multiplient, ont pour objectif de maintenir les agro-industries sous perfusion et de détruire les agro-écologies vivrières héritières des cultures paysannes et autochtones.

De nombreux hydrologues tentent de nous alerter : « Nos modes d’utilisation intense des terres provoquent l’assèchement de la planète. Une réduction de l’évapotranspiration entraîne la conversion du rayonnement solaire global en chaleur sensible. Le cycle de l’eau est essentiel ». Alors que son dérèglement croissant est un facteur essentiel dans l’évolution du climat, le phare médiatique est mis exclusivement sur l’augmentation du CO2, permettant de repeindre en vert fluorescent les réacteurs nucléaires.

Mais la prise de conscience que le cycle de l’eau, c’est le cycle de la vie, s’élargit depuis quelques années, notamment autour des bassins versants, espaces de vie végétale, animale et humaine. Des initiatives de rencontres entre les communautés riveraines permettent de créer des liens entre les luttes existantes et de réfléchir à une politique de l’eau permettant un équilibre entre les aspects environnemental, social et économique.
Nous recevons Catherine, François et Clémence qui nous parlent à partir de leurs expériences du bassin versant de la Loire.
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23 octobre 2023

La messe est dite depuis septembre 2009 : le bilan sanitaire officiel et « définitif » de l’explosion du réacteur de Tchernobyl le 26 avril 1986 est rassurant pour tous les promoteurs du développement de l’énergie nucléaire dans le monde. Bien que chaque heure jusqu’au 6 mai ait été rejeté l’équivalent des produits de fission de l’explosion d’une bombe atomique, il n’y aurait eu que quelques dizaines de décès et quelques milliers de cancers.
Pour éviter tout risque de panique, début mai, les organismes chargés de la protection radiologique au niveau mondial ont conseillé de ne prendre aucune mesure visible de protection de la population : les travaux des champs pouvaient continuer, les enfants jouer en plein air.
Par la suite, après la glorification de quelques liquidateurs morts héroïquement, il suffira de nier toute conséquence sanitaire sérieuse au sein de populations qu’on avait pris soin de ne pas protéger. La dégradation de leur santé jusqu’à aujourd’hui (cancers, leucémies, avortements, fausses-couches, enfants victimes de malformations, maladies endocriniennes, pathologies cardio-vasculaires...) ne serait due qu’aux désordres psycho-somatiques engendrés par la radiophobie, révélés par le psychiatre Mark Shaeffer ayant étudié les suites de l’accident nucléaire de Three Mile Island. Cet apport crucial d’une certaine science médicale au sauvetage de l’industrie nucléaire a ensuite été « confirmé » par de nombreux colloques, symposiums, media main stream, revues médicales.

Le physicien nucléaire biélorusse Vassily Nesterenko est l’un des rares à avoir compris la gravité de la catastrophe : ayant survolé le réacteur en feu, il avait demandé en vain d’évacuer les territoires contaminés jusqu’à 100 km de Tchernobyl. En 1989 il réussit à fonder l’Institut Belrad pour assurer un suivi médical des populations les plus contaminées, démontrant notamment que sur 300 000 enfants examinés en 15 ans, 85 % présentent des taux anormaux de césium 137. Pour aider à son élimination de la pectine est distribuée.
Les recherches médicales menées par l’Institut donnent une estimation de deux millions de personnes souffrant des suites de l’explosion, dont 500 000 enfants.

Nous recevons Yves Lenoir, président de l’association Enfants de Tchernobyl Belarus, fondée en avril 2001 à la demande de Vassili Nesterenko pour apporter à Belrad l’aide financière nécessaire. Il est l’auteur de Tchernobyl-sur-Seine et de La comédie atomique – l’histoire occultée des dangers des radiations.
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16 octobre 2023

La techno-innovation est l’instrument indispensable de la logique du profit : amélioration de la productivité et extension de la sphère marchande. L’Intelligence artificielle (IA), qui tend à se généraliser dans des domaines de plus en plus larges, est le moteur de son accélération exponentielle dans les sociétés industrielles.
Le « Forum économique mondial » (FEM), qui organise tous les ans une rencontre à Davos entre les dirigeants les plus puissants et les membres les plus influents de l’économie et de la politique mondiale, la définit ainsi : « système qui agit en détectant, en interprétant des données, apprenant, raisonnant et en décidant de la meilleure ligne de conduite ».
Klaus Schwab, fondateur et maître de cérémonie du FEM, l’affirme : « L’Intelligence artificielle est l’une des technologies ayant le plus d’impact sur les entreprises, l’économie et la Société. Elle est considérée comme l’un des moteurs de la quatrième révolution industrielle. Dans dix ans notre vie sera complètement différente, celui qui maîtrise ces technologies sera le maître du monde ».
L’IA s’intégrant aux machines les transforme en robots : la robotisation de notre monde est ainsi en marche.
La « Cité idéale » promise est incarnée par les « smart-cities », un réseau mondial de métropoles hyperconnectées, radicalement robotisées, « green, clean et safe ».
Il y aura certes des « externalités négatives » que de nouvelles innovations technologiques nous aideront à mieux contrôler.
Les « maîtres du monde » admettent cependant qu’il subsistera à l’extérieur de ce meilleur des mondes des surnuméraires qui n’auront pas su s’y intégrer : les inadaptés et inutiles, les techno-critiques, les libertaires.
Patrick, qui appartient aux deux dernières catégories, et travaille depuis longtemps sur la façon dont la lame de fond de l’Intelligence artificielle réorganise progressivement nos existences, est notre invité aujourd’hui.
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09 octobre 2023

Fils d’ouvriers, Nedjib Sidi Moussa a grandi dans le Nord de la France. Marqué par les persécutions subies, pour ses opinions messalistes, par sa famille de la part de l’armée française, du FLN et de l’OAS, il présente une thèse sur le Mouvement national algérien (MNA) en 2013.
Mais, n’obtenant pas de poste de maître de conférence en université, il va connaître une décennie d’incertitude professionnelle faite, notamment, de contrats annuels de professeur contractuel d’histoire-géographie en banlieue parisienne dans un service public d’éducation nationale de plus en plus dégradé.
Il tient, de janvier à juillet 2022, un journal de ses difficultés pour « armer intellectuellement et politiquement les générations modestes, leur apprendre à réfléchir par eux-mêmes plutôt que suivre les croyances de leurs parents ». Ce récit est la matière du livre sorti très récemment : Le remplaçant – Journal d’un prof (précaire) de banlieue. Il nous dit qu’« il reste un homme en colère, qui est la forme élémentaire de la dignité ».
Nedjib, déjà venu dans notre studio, notamment pour La Fabrique du musulman – Essai sur la confessionnalisation et la racialisation de la question sociale, présente cet ouvrage.
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02 octobre 2023

Onze ans après les Rencontres Internationales Anarchistes de 2012, les Rencontres Internationales Anti-Autoritaires se sont déroulées à Saint-Imier dans le Jura Suisse du 19 au 23 juillet dernier. Ces rencontres ont rassemblé près de 6000 personnes venues de tous les coins d’Europe et bien au-delà, et la Fédération anarchiste s’est fortement mobilisée dans l’organisation de ces journées.
L’équipe de Trous Noirs était absente de cette édition 2023, mais nous ne pouvions pas ne pas en rendre compte. C’est donc à partir des ”Cartes Postales Sonores” réalisées par nos envoyés spéciaux dans le jura suisse, ainsi que par celles puisées dans nos archives de 2012, que nous avons choisi d’évoquer les RIA version 2023. Des Rencontres riches, mouvementées, voire controversées.
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25 septembre 2023

Jean-marc Royer est l’auteur de l’appel Hiroshima, Tchernobyl, Fukushima, des crimes contre l’humanité et des livres Le monde comme projet Manhattan et La science, creuset de l’inhumanité. Décoloniser l’imaginaire occidental.
Il partage avec nous l’essentiel de sa récente intervention aux Rencontres Sciences en crise(s) organisées par le collectif Sciences critiques, pour lequel « la science est une chose trop importante pour être laissée entre les mains des seuls savants ».
Sa réflexion n’est pas un réquisitoire contre la recherche et la rationalité scientifiques, mais analyse sa déclinaison en Occident, pour laquelle un « Progrès » linéaire et sans limite permettrait la connaissance parfaite de la complexité du Réel ; par ses transgressions actuelles, la vie elle-même devient objet de manipulations.
L’histoire longue permet de comprendre comment s’est mise en place cette imprégnation de notre imaginaire par la rationalité calculatrice : « industriation » au Moyen-Âge, Réforme protestante, alliance avec le capitalisme Thermo-industriel et les États-nations modernes.
En particulier la « Guerre de 30 ans (1914 -1945) », industrielle, totale, mondiale, permise par les connaissances de scientifiques de renom, est un crime contre l’humanité qui reste impuni et menace aujourd’hui nos vies à tous : bombardements massifs de civils, eugénisme pratiqué dans plusieurs pays, bombe atomique...

Arrive à l’âge adulte la première génération nourrie par les écrans, les objets connectés, le « Cloud », le « distanciel » : les algorithmes et l’Intelligence Artificielle dicteront-ils notre futur ?
Patrick, qui alerte sur ces graves dangers, sera aussi dans le studio.
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18 septembre 2023

Notre invité, Pierre Gouletquer, est un archéologue préhistorien « iconoclaste » : « Ma carrière a été le reflet de ma personnalité, de ma passion pour le dessin et pour l’écriture, de mon inquiétude de militant humanitaire, de médiateur de nos connaissances, de conteur, de fils d’ouvriers égaré dans la classe moyenne ».
Lors d’une intervention récente, il est présenté sous de multiples facettes : géologue, ethnographe, artiste, poète, conteur, marcheur, prospecteur bigouden, vulgarisateur…, les yeux rieurs protégés par un chapeau.
Afin de sortir du ghetto de l’université et de participer à l’éducation populaire, il a longtemps organisé des sorties sur le terrain, notamment avec des enfants. La question de Ronan, 10 ans, « Pourquoi les hommes préhistoriques se sont installés là ? », l’a orienté vers la nécessité de tenter de reconstituer et de comprendre les activités des humains ayant produit les objets découverts ; c’est ce qu’il a pratiqué dans ses recherches en Bretagne et ses nombreuses missions au Niger.
Mais l’État contrôle de plus en plus l’action comme les publications des archéologues et une uberisation de la profession se met en place. Parmi les nouvelles générations, la résistance s’organise, en particulier dans les GAEL (Groupe Archéologie En Lutte). Gwénolé Kerdivel, présent dans le studio, regrette que « l’archéologie moderne évolue vers la scientificité et le rationalisme en passant par la normalisation bureaucratique ». Découvrant Préhistoire du futur de Pierre Gouletquer, il décide avec un autre archéologue, Sébastien Plutniak, de le rééditer : « Ce livre m’a encouragé dans ce qu’a été pour moi l’archéologie, c’est-à-dire un travail de passion pour passionnés et un bel exercice d’éducation populaire ».
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11 septembre 2023

Nicolas Trifon est décédé le 18 août dernier. Nous lui rendons hommage en rediffusant l’une des émissions que nous avions faites avec lui (le 14 février 2022).
Roumanie : Mélange de nombreuses populations d’origines très variées (une vingtaine de minorités ethniques reconnues), les trois entités territoriales de cette région des Balkans ont subi de nombreux envahisseurs venant de tous horizons (est, ouest, sud et nord). L’empire ottoman, la Hongrie, la Bulgarie, la Russie, l’Allemagne y ont étendu leur influence selon les périodes.
En 1940, la Wermacht occupe le pays sous la dictature d’Antonescu, le parti fascisant de la Garde de fer assassine opposants politiques et juifs. En 1944, l’armée rouge permet la mise en place d’un régime communiste, imposant la croyance que « la lumière vient de l’Est ».
En décembre 1989, l’exécution du « conducator » Ceausescu amène au pouvoir ceux pour qui « la lumière vient de l’Ouest », souvent des ex-communistes ralliés au libéralisme.
Aujourd’hui la Roumanie, pauvre et déshéritée, a adhéré à l’OTAN et appartient à l’Union européenne. Dégouté du capitalisme d’État, victime du néolibéralisme triomphant, abreuvé d’une historiographie manichéenne, ce peuple trouvera-t-il les forces pour se révolter, alors que 3 millions ont quitté le pays et qu’une partie détourne leur colère contre certaines minorités et contre les émigrants fuyant les guerres au Moyen-Orient ?
Notre invité, Nicolas Trifon, qualifié de « social-hippie » par le régime stalinien roumain, avait réussi à fuir en France en 1977, où il anima Iztok, revue libertaire sur les pays de l’Est, dont certains textes, traduits en roumain, polonais, hongrois, bulgare ont contribué à diffuser la pensée anarchiste à l’Est. Son récent livre Oublier Cioran & Cie présente des chroniques roumaines, parues dans Le courrier des Balkans, qui apportent des informations et analyses dans de nombreux domaines : social, politique, économique et culturel.
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04 septembre 2023

Julian Assange, a fêté ses 52 ans en juillet dernier, entre les murs de sa cellule. Le cofondateur de Wikileaks est privé de liberté depuis 13 ans, en raison de son activité de journaliste. Dans l’attente d’une réponse de la justice britannique à la demande d’extradition des États Unis, Julian Assange est incarcéré dans la prison de Haute Sécurité de Belmarsh près de Londres. Les États Unis réclament Assange au nom de L’espionnage Act, une loi de 1917 qui vise à faire taire toute forme d’opposition à une guerre menée par les États Unis. Si la demande d’extradition devait être acceptée (une éventualité qui se rapproche) Assange serait confronté à une justice d’exception où il ne pourrait faire valoir ses droits à la défense.

Pour évoquer Assange, un cas qui est loin d’être unique dans le monde, mais exceptionnel par l’acharnement qu’il suscite en occident, nous recevons Viktor Dedaj, informaticien, journaliste, membre du comité de soutien Assange, contributeur du site d’information Le Grand Soir, Journal militant d’information alternative tel qu’il se définit.
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28 août 2023

Du 5 au 9 juillet les Reclusiennes à Sainte-Foy-la-Grande (lieu de naissance d’Élisée Reclus) avaient pour thème « Partage ». Nous vous en avons proposé un premier extrait le 10 juillet ; aujourd’hui, nous écouterons :
- Manon Florez : Les conflits d’espace et d’usage en Bretagne
- Carine Pachoud : Partager le foncier agricole pour diversifier
- Les jardins partagés à Sainte-Foy-la-Grande
- Mathieu Eisinger : Le partage en dansant, Discosoupe
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21 août 2023

En ces jours où l’étiquetage des individus semble prendre de l’ampleur, nous rediffusons l’émission du 1er novembre 2021 :
Le « post-modernisme » fait fureur dans certains milieux intellectuels et militants. Sous l’influence des sciences sociales américaines, les « déconstructeurs » s’attachent à rendre visibles sous chaque idée ou comportement les multiples dominations, car dans ce monde où le pouvoir est partout, « personne n’est innocent ». L’anthropologue anarchiste David Graeber a dénoncé cette posture, qui ne prend pas en compte les luttes, passées et actuelles, contre l’exploitation et l’aliénation dans la société capitaliste : « on reste dans la perspective que le pouvoir est l’ingrédient de base de toute chose, qu’il n’existe aucune échappatoire à un système totalisant ».
Dans ce monde désertique, il n’existe plus de valeurs universelles. Chaque individu peut cumuler plusieurs discriminations (noir, homosexuel, âgé…), que l’« intersectionnalité » est chargée de relier tant bien que mal. Isolé dans la multitude, il doit se bricoler une identité « floue », liée à la façon dont il se perçoit lui-même.
Le camp « décolonial » avec notamment les « indigènes de la République », utilise les concepts de « racisation », « blanchité », « fragilité blanche », et affirme la permanence en chaque blanc de l’être colonial, notion essentialiste. Descartes est à mettre aux oubliettes, car « la maîtrise de la logique est un privilège blanc »...
Dénonçant l’émergence de ces théories, qui séduisent notamment les gauches « radicales », Renaud Garcia, philosophe de tradition anarchiste, avait publié il y a six ans Le désert de la critique – Déconstruction et politique, qui avait eu un écho important, notamment chez les « déconstructeurs » de tous bords, qui l’ont compris comme une menace.
Constatant la présence grandissante de ces « nouveaux chiens de garde de la post-pensée », l’ouvrage est aujourd’hui disponible en édition de poche, complété par une préface de 60 pages.
Pour échanger avec l’auteur, sont présents dans notre studio :
Freddy Gomez ; qui en a fait une recension très favorable dans le site À Contretemps,
Nedjib Sidi Moussa, dont le livre La fabrique du musulman – Essai sur la confessionnalisation et la racialisation de la question sociale est cité plusieurs fois dans la préface,
Patrick, dont les textes sur la « robocratie » rejoignent la dénonciation par Renaud Garcia du « parti technologique ».
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14 août 2023

En ce long week-end d’été, nous vous proposons de nous rafraîchir en forêt avec la rediffusion de l’émission du 26 juin dernier.
La forêt, les forêts, discrètes occupantes du territoire, se sont rappelées à notre attention, à la lumière des nombreux et dévastateurs incendies de l’été 2022. Domaines publiques ou privés, que nous en fassions un usage récréatif ou professionnel, les forêts occupent une large place dans nos imaginaires. Qu’elles soient livrées à elle-même, ou exploitées avec les moyens de l’industrie, elles évoquent La Nature.
Au début du printemps, Trous Noirs s’est déplacé en Corrèze à la rencontre des animateurs d’une association appelée Faîtes et Racines, dont le projet avait retenu notre attention.

« De quel Bois nous sommes faits »
L’association Faîte et Racines est née en juillet 2018 à l’initiative d’habitants de la vallée de la Dordogne, soucieux de leur environnement boisé, et scandalisés par la destruction et l’exploitation massive de leur forêts corréziennes, coupes rases, monocultures.
Décidée à agir pour laisser un patrimoine forestier vivant et diversifié aux générations futures, l’association achète des parcelles forestières menacées. Ces parcelles deviennent un bien commun, lieux de découverte du milieu forestier, lieux d’expérimentation et de pratiques sylvicoles douces. Au fil des « dimanches en forêt », les membres de l’association redécouvrent et partagent une connaissance de la forêt menacée par l’exploitation industrielle. Au fil des « dimanches en forêt », il s’agit tout autant de ré-inventer des solidarités, de faire ensemble à l’ombre des grands arbres... De partager, quoi !
Grâce à leurs membres donateurs Faîte et Racines achète des parcelles forestières menacées. L’objectif principal de l’association est d’agir pour laisser un patrimoine forestier vivant et diversifié aux générations futures.
Plus d’informations sur Faîtes et Racines :
https://www.faite-et-racines.org/
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07 août 2023

Rediffusion de l’émission du 1er mai 2023.
Les 31 mars, 1er et 2 avril, la Fédération Anarchiste organisait à Marseille un week-end anti-nucléaire de conférences débats. Radio Libertaire, radio de la Fédération Anarchiste, y était et a enregistré ces débats ; ils sont sur le site de la radio, sous l’onglet « Événements spéciaux ».
Nous vous proposons d’écouter aujourd’hui Jean Marc Royer, auteur d’un appel intitulé Hiroshima, Tchernobyl, Fukushima, des crimes contre l’humanité.
Il a publié : Le monde comme projet Manhattan. Des laboratoires du nucléaire à la guerre généralisée au vivant, Le Passager Clandestin, 2019 et ses Carnets de guerre sont disponibles sur les sites fukushima-blog.com et autrefutur.net
Le Monde comme projet Manhattan fait le récit de l’histoire du projet états-unien d’élaboration de l’arme atomique. Un projet qui n’est pas un simple projet militaire et industriel, mais au fond un « projet de société ». Jean Marc Royer orientera son intervention sur un rappel de cette historicité, et la manière dont elle resurgit dans la menace d’un débordement nucléaire possible dans un conflit, telle la guerre en Ukraine.
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31 juillet 2023

Rediffusion de l’émission du 24 avril 2023.
Les 31 mars, 1er et 2 avril, la Fédération Anarchiste organisait à Marseille un week-end anti-nucléaire de conférences débats. Radio Libertaire, radio de la Fédération Anarchiste, y était et a enregistré ces débats ; ils sont sur le site de la radio, sous l’onglet « Événements spéciaux ».
Nous vous proposons d’écouter aujourd’hui Philippe Pelletier, professeur de géographie, auteur de : Climat et Capitalisme vert, de l’usage politique et économique du catastrophisme, Nada éditions, 2015.
Une intervention sur le thème de l’instrumentalisation du climat pour valoriser le nucléaire, démonter l’idée reçue propagée par les médias et le pouvoir : « Le nucléaire peut sauver le climat, car le nucléaire produit une énergie décarbonée ».
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24 juillet 2023

Rediffusion de l’émission du 10 avril 2023.
1er et 2 avril, la Fédération Anarchiste organisait à Marseille un week-end anti-nucléaire de conférences débats. Radio Libertaire, radio de la Fédération Anarchiste, y était et a enregistré ces débats ; ils sont sur le site de la radio, sous l’onglet « Événements spéciaux ».
Nous vous proposons d’écouter aujourd’hui Thierry Ribault, chercheur en sciences sociales au laboratoire Clersé du CNRS (Université de Lille) et auteur, en particulier, de Contre la résilience - À Fukushima et ailleurs.
À partir d’un travail d’enquête et de recherche mené à Fukushima durant plusieurs années, Thierry Ribault orientera son intervention sur le changement d’approche qu’a constitué l’administration de ce désastre dans les politiques de gestion et d’acceptation de la catastrophe, à travers notamment ce qui a été nommé « politique de résilience nationale ». À Fukushima et ailleurs, en France notamment, la résilience est une nouvelle religion d’État qui empêche de s’attaquer aux causes des désastres présents et à venir.
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17 juillet 2023

Rediffusion de l’émission du 3 avril 2023.
Les 31 mars, 1er et 2 avril, la Fédération Anarchiste organisait à Marseille un week-end anti-nucléaire de conférences débats. Radio Libertaire, radio de la Fédération Anarchiste, y était et a enregistré ces débats.
L’un d’eux a été monté dans le train du retour et nous vous le proposons aujourd’hui : Antoine Calandra et Jean Revest, membres de la Coordination Antinucléaire du SudEst.
Ces deux interventions apporteront des informations concrètes sur les réalités des sites nucléaires dans la région PACA : vieillissement installations, et rafistolages en cours. La centrale de Tricastin fait office de laboratoire pour expérimenter les possibilités de prolonger les centrales françaises. Présence de ces installations dans des zones sismiques (Cadarache, Tricastin...)
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10 juillet 2023

De retour, hier soir, des Reclusiennes, qui se sont déroulées à Sainte- Foy-la-Grande (lieu de naissance d’Elisée Reclus), nous vous proposons dès aujourd’hui un premier enregistrement.

Nous écouterons d’abord Patrick qui nous propose une discussion sur les origines de l’I.A. (« intelligence artificielle ») et ses objectifs tels qu’ils ont été définis lors de la création du domaine, à l’été 1956. Le projet scientifique, financé dès ses débuts par l’armée américaine, est de créer des machines au moins aussi intelligentes que les humains. Ces machines devront être capables d’apprendre et de s’auto-améliorer. Il s’agit du 2ème âge de la machine qui leur confère des capacités de perception, de décision et de coopération potentiellement très supérieures aux nôtres.
Ce projet est reconnu comme très dangereux par une partie croissante du milieu des scientifiques et des ingénieurs. Certains, comme ici, se présentent comme des lanceurs d’alerte. Il est devenu nécessaire et urgent de critiquer et repenser cette relation aux machines. Leurs promoteurs – militaires et capitalistes – ne sont pas nos amis ; leurs machines non plus.
Cette intervention est suivie d’un débat, puis nous écouterons Jacques van Helden : Partager les données de la recherche … c’est pas gagné.
Les sciences de l’univers, de la terre, de la vie et de l’homme s’appuient de plus en plus sur la production ou sur la collecte de données massives. Des politiques nationales et internationales ont été mises en place pour permettre de retrouver ces données, d’y accéder, de les croiser avec d’autres données et de les réutiliser (principe FAIR: Findable, Accessible, Interoperable and Reusable). Ceci se place dans le cadre plus général de la science ouverte, qui promeut la gratuité de l’accès aux publications, aux données sous-jacentes, et au code logiciel. En France, la Loi pour une République Numérique rend obligatoire l’ouverture des données produites par des financements publics, moyennant des aménagements pour assurer la protection des données personnelles.
Cependant, les politiques de financement de la recherche ont institué comme valeurs-clé la compétition et le productivisme (publish or perish), de sorte que certains chercheurs rechignent à partager les données qu’ils ont produites, en invoquant le risque de se faire court-circuiter par des collègues. Ils négocient l’accès à leur donnée en exigeant d’être co-auteurs de toute publication qui les ré-utiliserait, même s’ils ont déjà publié les résultats qui ont motivé la collecte initiale de ces données.
J’illustrerai ces enjeux contradictoires sur base de quelques exemples concrets liés à l’initiative mondiale de mise en partage des séquences du virus SARS-CoV-2 pour la détection des nouveaux variants (la ”surveillance génomique” de l’évolution du virus).
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03 juillet 2023

Comme chaque année l’équipe de Trous Noirs est partie aux Reclusiennes à Sainte-Foy-la-Grande, lieu de naissance d’Elisée Reclus, d’où nous vous rapporterons quelques enregistrements ; retrouvons-nous à notre retour.
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26 juin 2023

La forêt, les forêts, discrètes occupantes du territoire, se sont rappelées à notre attention, à la lumière des nombreux et dévastateurs incendies de l’été 2022. Domaines publiques ou privés, que nous en fassions un usage récréatif ou professionnel, les forêts occupent une large place dans nos imaginaires. Qu’elles soient livrées à elle-même, ou exploitées avec les moyens de l’industrie, elles évoquent La Nature.
Au début du printemps, Trous Noirs s’est déplacé en Corrèze à la rencontre des animateurs d’une association appelée Faîtes et Racines, dont le projet avait retenu notre attention.

«  De quel Bois nous sommes faits »
L’association Faîte et Racines est née en juillet 2018 à l’initiative d’habitants de la vallée de la Dordogne, soucieux de leur environnement boisé, et scandalisés par la destruction et l’exploitation massive de leur forêts corréziennes, coupes rases, monocultures.
Décidée à agir pour laisser un patrimoine forestier vivant et diversifié aux générations futures, l’association achète des parcelles forestières menacées. Ces parcelles deviennent un bien commun, lieux de découverte du milieu forestier, lieux d’expérimentation et de pratiques sylvicoles douces. Au fil des « dimanches en forêt », les membres de l’association redécouvrent et partagent une connaissance de la forêt menacée par l’exploitation industrielle. Au fil des « dimanches en forêt », il s’agit tout autant de ré-inventer des solidarités, de faire ensemble à l’ombre des grands arbres... De partager, quoi !
Grâce à leurs membres donateurs Faîte et Racines achète des parcelles forestières menacées. L’objectif principal de l’association est d’agir pour laisser un patrimoine forestier vivant et diversifié aux générations futures.
Plus d’informations sur Faîtes et Racines :
https://www.faite-et-racines.org/
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19 juin 2023

Séance de rattrapage pour ceux qui auraient loupé notre émission du 22 mai :
Durruti, Sacco et Vanzetti, Kropotkine, Rudof Rocker, Malatesta, Proudhon, Emma Goldman, Ricardo Florès Magon, Eugène Varlin, Henri Poulaille, Voline, Élisée Reclus, « ont par leurs écrits ou leurs actions participé à l’émancipation de l’humanité ».
La revue d’histoire sur l’anarchisme Itinéraire : une vie, une pensée a fait revivre ces figures marquantes, suscitant beaucoup d’intérêt des lecteurs par la qualité des textes et une iconographie particulièrement soignée. Pour mieux comprendre leurs engagements, les enjeux et le contexte de leur époque sont à chaque fois évoqués ; chaque portrait est accompagné d’une chronologie détaillée.
Le projet avait été initié en 1987 par quelques militants de la Fédération anarchiste qui annonçaient leur intention d’« élargir le champ culturel, le nôtre, et aussi celui de nos lecteurs ».

Nous évoquerons aussi avec Didier et José, membres du groupe d’origine, ainsi qu’Olivier qui y a contribué, le numéro double (100 pages) consacré à Ricardo Florès Magon :
« De la fondation du journal Regeneracion en août 1900 à son assassinat dans le pénitencier de Leavenworth le 22 novembre 1922, Ricardo Florès Magon et les membres du Parti libéral mexicain ont tout mis en œuvre pour que le Révolution mexicaine s’épanouisse sur des base anarchistes. »
Son mot d’ordre « Tierra y Libertad » a donné son titre à notre rubrique « Terre et Liberté ».

Les premiers numéros sont épuisés, mais ceux qui restent disponibles, jusqu’à celui sur Élisée Reclus de 1998, seront en vente à la libraire Publico.
https://trousnoirs-radio-libertaire.org/sons/565_22mai2023.mp3Anarchie et anarchistes
Durruti, Sacco et Vanzetti, Kropotkine, Rudof Rocker, Malatesta, Proudhon, Emma Goldman, Ricardo Florès Magon, Eugène Varlin, Henri Poulaille, Voline, Élisée Reclus, « ont par leurs écrits ou leurs actions participé à l’émancipation de l’humanité ».
La revue d’histoire sur l’anarchisme Itinéraire : une vie, une pensée a fait revivre ces figures marquantes, suscitant beaucoup d’intérêt des lecteurs par la qualité des textes et une iconographie particulièrement soignée. Pour mieux comprendre leurs engagements, les enjeux et le contexte de leur époque sont à chaque fois évoqués ; chaque portrait est accompagné d’une chronologie détaillée.
Le projet avait été initié en 1987 par quelques militants de la Fédération anarchiste qui annonçaient leur intention d’« élargir le champ culturel, le nôtre, et aussi celui de nos lecteurs ».

Nous évoquerons aussi avec Didier et José, membres du groupe d’origine, ainsi qu’Olivier qui y a contribué, le numéro double (100 pages) consacré à Ricardo Florès Magon :
« De la fondation du journal Regeneracion en août 1900 à son assassinat dans le pénitencier de Leavenworth le 22 novembre 1922, Ricardo Florès Magon et les membres du Parti libéral mexicain ont tout mis en œuvre pour que le Révolution mexicaine s’épanouisse sur des bases anarchistes. »
Son mot d’ordre « Tierra y Libertad » a donné son titre à notre rubrique « Terre et Liberté ».

Les premiers numéros sont épuisés, mais ceux qui restent disponibles, jusqu’à celui sur Élisée Reclus de 1998, seront en vente à la libraire Publico.
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12 juin 2023

« L’homme, c’est la nature prenant conscience d’elle-même », phrase d’Élisée Reclus dans son livre L’Homme et la Terre, dans lequel il développe son projet de géographie sociale, basé sur la « mésologie », étude de la relation entre les êtres vivants et leur milieu. Il y écrit aussi : « La plus haute expression de l’ordre, c’est l’Anarchie ».
Dès le début, les anarchistes ont combattu le développement capitaliste et ses conséquences désastreuses pour les individus et la nature. Ils ne séparent pas la nature des êtres humains, ne la sacralisent pas tels les « primitivistes », ou ne réifient pas le vivant par la cybernétique telle l’« hypothèse Gaïa » lancée par le climatologue anglais James Lovelock.
À notre époque, tout le monde est « vert », politiques et industriels compris. Ainsi, les désastres de plus en plus visibles seraient de la responsabilité de tous, aussi bien du patron de multinationale que de l’ouvrier exploité ou du paysan en voie de disparition.
Ainsi les « petits gestes » du quotidien » des « colibris » participeraient à sauver la planète et le climat, venant en complément des « solutions » technologiques avancées par les instances internationales et leurs « experts » nucléocrates.
Plutôt que de l’éviter, préparons-nous à la catastrophe en cultivant notre « résilience », nouvelle religion d’État : les « meilleurs d’entre nous » survivront, les collapsologues et les survivalistes le prédisent.
Mais nous continuerons à combattre l’État et le capitalisme, même « vert et durable », qui nous exploite et veut nous condamner à vivre dans un air irrespirable et envahi de radiations mortifères.
La croissance accélérée de la production et la centralisation de l’énergie,
du numérique et de l’« Intelligence artificielle » qui contrôlent et planifient nos vies,
de l’interconnexion mondiale des réseaux électriques et de communication, occultant les dégâts humains et environnementaux de l’extractivisme qu’ils nécessitent, en Amérique Latine ou en Afrique notamment.
Contre ce monde aliénant et dystopique, ne laissons pas s’éteindre la révolte qui est en nous : « L’anarchisme ne cherche pas à sauver la planète sans aspirer à une vie plus libre et plus égalitaire, fondée sur l’entraide et la subversion des rapports de domination », phrase qui figure dans l’introduction à l’ouvrage Nature et Anarchie dont l’auteur Jack Déjean est notre invité.
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05 juin 2023

Qui ne s’est un jour interrogé sur les attitudes et choix d’une personne, proche ou non, mais aussi sur notre propre réaction en réponse à une motivation personnelle : les contraintes du monde extérieur, mais aussi de notre monde intérieur sont une part de l’explication.
La lucidité intellectuelle est essentielle pour comprendre soi-même et autrui, et nécessite connaissances et pratiques dans le domaine de la « psychologie de la motivation ».
Le refoulement de ces questions risque de conduire à des attitudes rigides et à un fonctionnement mental produisant une cuirasse caractérielle, empêchant un fonctionnement mental serein et adaptable, nécessaire pour une bonne adéquation entre nos désirs, nos capacités, et le monde extérieur, physique et social.
Un bon équilibre mental est nécessaire pour s’orienter dans un monde parfois déroutant et pour éventuellement le changer en agissant sur le réel, individuellement et collectivement.
Notre invité, Jean-Manuel Traimond, auteur du récent ouvrage Comprendre nos choix, partage avec nous une méthode d’auto-observation qu’il pratique depuis trois décennies, basée sur les connaissances en « psychologie de la motivation » exposées par Paul Diel, dont les travaux ont été largement diffusés en France après la seconde guerre mondiale, à travers une association, des livres, des conférences, des cours...
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29 mai 2023

Absence exceptionnelle ; retrouvons-nous la semaine prochaine.
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22 mai 2023

Durruti, Sacco et Vanzetti, Kropotkine, Rudof Rocker, Malatesta, Proudhon, Emma Goldman, Ricardo Florès Magon, Eugène Varlin, Henri Poulaille, Voline, Élisée Reclus, « ont par leurs écrits ou leurs actions participé à l’émancipation de l’humanité ».
La revue d’histoire sur l’anarchisme Itinéraire : une vie, une pensée a fait revivre ces figures marquantes, suscitant beaucoup d’intérêt des lecteurs par la qualité des textes et une iconographie particulièrement soignée. Pour mieux comprendre leurs engagements, les enjeux et le contexte de leur époque sont à chaque fois évoqués ; chaque portrait est accompagné d’une chronologie détaillée.
Le projet avait été initié en 1987 par quelques militants de la Fédération anarchiste qui annonçaient leur intention d’« élargir le champ culturel, le nôtre, et aussi celui de nos lecteurs ».

Nous évoquerons aussi avec Didier et José, membres du groupe d’origine, ainsi qu’Olivier qui y a contribué, le numéro double (100 pages) consacré à Ricardo Florès Magon :
« De la fondation du journal Regeneracion en août 1900 à son assassinat dans le pénitencier de Leavenworth le 22 novembre 1922, Ricardo Florès Magon et les membres du Parti libéral mexicain ont tout mis en œuvre pour que le Révolution mexicaine s’épanouisse sur des base anarchistes. »
Son mot d’ordre « Tierra y Libertad » a donné son titre à notre rubrique « Terre et Liberté ».

Les premiers numéros sont épuisés, mais ceux qui restent disponibles, jusqu’à celui sur Élisée Reclus de 1998, seront en vente à la libraire Publico.
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15 mai 2023

« L’État, la propriété privée et la religion ne sont pas des institutions naturelles mais le produit d’une histoire » est une phrase du récent ouvrage Le Sauvage et le Politique dont l’auteur, Édouard Jourdain notre invité, est connu pour ses travaux sur Joseph Proudhon, sur l’histoire de l’anarchisme et sur la dynamique des « communs ».
Ce livre de théorie politique traite de l’anthropologie, à partir notamment des écrits de Pierre Clastres, Marshall Sahlins, James C. Scott, David Graeber et de notre compagnon Charles Macdonald. Il s’agit de « sélectionner de manière critique dans les traditions des peuples autochtones des éléments susceptibles d’ouvrir des brèches vers d’autres futurs ».
À l’origine « le sauvage » vivait dans une société sans classe sociale, sans propriété, sans État : Pierre Clastres parlait de société contre l’État. Quels sont les brèches qui ont amené l’émergence d’un appareil coercitif séparé de la société ?
Comment le « chef », chargé des références ancestrales, s’est-il transformé en roi sacré puis en roi divin ?
Comment les chamanes, médiateurs entre le visible et les puissances invisibles, se sont-il transformés en prophètes puis en prêtres ?
Comment les guerres ont-elles conduit à l’autonomisation des guerriers et à la création d’un appareil militaire ?
Ces questions, parmi d’autres, sont abordées de façon dialectique, l’histoire n’étant pas une évolution linéaire et inéluctable guidée par les seuls changements économiques, les choix politiques ayant un rôle essentiel pour expliquer l’éventail d’organisations sociales pratiquées par les différents peuples.
Pour Édouard Jourdain, c’est « le politique » qui est le moteur de l’histoire.
Le dernier chapitre, « De la démocratie sauvage », explore les brèches de liberté collective qui ont ébranlé nos sociétés modernes, tels les pirates, la Commune de Paris ou la révolution espagnole.
La démocratie directe et le fédéralisme horizontal pourront-ils « ensauvager » la société capitaliste dominante ?
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08 mai 2023

« L’espèce humaine a réussi à passer à un âge nouveau : l’âge atomique », se réjouissait le journal France-soir quelque temps après l’usage « scientifique » de la bombe atomique sur des centaines de milliers de cobayes au Japon les 6 et 9 août 1945.
La rédemption pour ce crime contre l’humanité était annoncée le 8 décembre 1953 à l’ONU par le président Eisenhower : « L’objectif de mon pays est d’aider à sortir de la chambre des horreurs pour aller vers la lumière ». Son texte Atoms for Peace promet la quasi-gratuité de l’énergie nucléaire et l’impossibilité de tout accident ; quant au problème des déchets radioactifs, la science va très rapidement trouver une solution !
Sur ce dernier point, la réalité en France est que La Hague est au bord de la saturation et que l’État envoie sa Police et sa Justice imposer par tous les moyens une énorme poubelle à Bure.
L’enjeu est d’autant plus important que le gouvernement et les nucléocrates tentent de relancer la filière nucléaire. Pour combattre leur propagande, il est essentiel de faire connaître aux générations actuelles les quarante années de luttes sociales, souvent victorieuses, contre le stockage des déchets nucléaires.
C’est justement l’objectif du « Comité Centrales », collectif qui souhaite « réveiller les esprits antinucléaires » pour s’opposer au « modèle totalitaire de la société nucléaire ». Notre terre mourra proprement est un documentaire réalisé à base d’entretiens avec divers collectifs qui ont participé à ces luttes, afin de réveiller la parole populaire et la faire circuler : « À chaque tentative, les ”gens du coin” se sont révoltés et ont fait échouer le projet de l’Andra. La logique était celle du ni ici ni ailleurs avec un soutien entre les diverses luttes locales ».

Nous recevons François, co-réalisateur, qui évoque ces luttes oubliées. Nous en profiterons pour lui demander sa perception de l’état actuel du mouvement antinucléaire, à partir de la récente tournée de plusieurs mois de conférences-débat autour de ce film, organisée dans de nombreuses villes.
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01 mai 2023

Les 31 mars, 1er et 2 avril, la Fédération Anarchiste organisait à Marseille un week-end anti-nucléaire de conférences débats. Radio Libertaire, radio de la Fédération Anarchiste, y était et a enregistré ces débats ; ils sont sur le site de la radio, sous l’onglet « Événements spéciaux ».
Nous vous proposons d’écouter aujourd’hui Jean Marc Royer, auteur d’un appel intitulé Hiroshima, Tchernobyl, Fukushima, des crimes contre l’humanité.
Il a publié : Le monde comme projet Manhattan. Des laboratoires du nucléaire à la guerre généralisée au vivant, Le Passager Clandestin, 2019 et ses Carnets de guerre sont disponibles sur les sites fukushima-blog.com et autrefutur.net
Le Monde comme projet Manhattan fait le récit de l’histoire du projet états-unien d’élaboration de l’arme atomique. Un projet qui n’est pas un simple projet militaire et industriel, mais au fond un « projet de société ». Jean Marc Royer orientera son intervention sur un rappel de cette historicité, et la manière dont elle resurgit dans la menace d’un débordement nucléaire possible dans un conflit, telle la guerre en Ukraine.
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24 avril 2023

Les 31 mars, 1er et 2 avril, la Fédération Anarchiste organisait à Marseille un week-end anti-nucléaire de conférences débats. Radio Libertaire, radio de la Fédération Anarchiste, y était et a enregistré ces débats ; ils sont sur le site de la radio, sous l’onglet « Événements spéciaux ».
Nous vous proposons d’écouter aujourd’hui Philippe Pelletier, professeur de géographie, auteur de : Climat et Capitalisme vert, de l’usage politique et économique du catastrophisme, Nada éditions, 2015.
Une intervention sur le thème de l’instrumentalisation du climat pour valoriser le nucléaire, démonter l’idée reçue propagée par les médias et le pouvoir : « Le nucléaire peut sauver le climat, car le nucléaire produit une énergie décarbonée ».
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17 avril 2023

La recherche d’un lieu d’enfouissement pour la poubelle nucléaire par l’Association nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra) ayant rencontré de fortes résistances dans divers lieux de l’Hexagone, en 1994, ce sont les villages de Bure, Saudron, Bonnet, Mandres et Ribeaucourt qui sont choisis pour la construction du Centre industriel de stockage des déchets radioactifs Cigéo.
L’État nucléocrate a jeté son dévolu sur cette zone rurale, éloignée des grands axes de communication et très appauvrie par une agriculture industrielle qui fait disparaître les paysans et, avec eux, l’entraide et la vie communautaire : « Il faut avoir créé un désert agricole pour bâtir un cimetière du nucléaire ».
Pourtant les résistances s’organisent, avec l’aide de soutiens venus de l’extérieur : en 2004 l’association « Bure zone libre » construit la « Maison de la Résistance » dans une vieille ferme.
Mais en 2016, après avoir acheté pendant des années des terrains pour disposer des 3 000 hectares nécessaires, Cigéo démarre les travaux dans le bois Lejuc. Sans avoir obtenu l’autorisation de démarrer les travaux est construit notamment un « mur de la honte » de trois kilomètres. Malgré l’intervention violente de sa milice privée et de gendarmes mobiles, les opposants réussissent à réoccuper la forêt et à fêter mi-août la « Chute du bure de Merlin ». Ils ont pour objectifs de protéger un lieu, de construire des cabanes et des lieux de vie, de tisser des liens pour la lutte en habitant le territoire.
Depuis, le combat de paysans, habitants et soutiens doit affronter quotidiennement l’État nucléocrate, sa Police et sa Justice : contrôles, arrestations, procès, condamnations, prison. Les innombrables perquisitions, saisies de matériel, filatures, écoutes des communications téléphoniques vont permettre de monter de toute pièce l’accusation d’« association de malfaiteurs », lancée en 2018 contre une dizaine d’opposants soigneusement choisis pour tenter de paralyser le travail en commun. : « Si rêver dʼune vie libérée des contraintes du capitalisme et de lʼÉtat fait de nous des malfaiteurs, des criminels ou des bandits, alors nous en sommes ».
Aujourd’hui, le gouvernement tente de relancer la filière nucléaire, se dotant de tout un arsenal législatif permettant d’accélérer la construction de nouveaux réacteurs, en contournant les textes contraignants (permis de construire, loi littoral, délais d’expropriations) et attribuant aux réacteurs une « raison impérative d’intérêt public ». La résistance à Bure risque de bloquer ce plan.

Un appel a été lancé par des organisations locales, signé notamment par la Fédération anarchiste :
Cent Mille Ans – Cent Mille luttes – Cent Mille espoirs à Paris Le 3 juin à Paris
Appel à cortège et grand rassemblement des luttes écologiques et sociales
Contre le nucléaire, ses bombes, ses déchets ET son monde !

Notre invitée Angèl, militante particulièrement visée par la répression étatique sur place, nous parle des résistances et des initiatives en cours, notamment celle du 3 juin.
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10 avril 2023

Les 31 mars, 1er et 2 avril, la Fédération Anarchiste organisait à Marseille un week-end anti-nucléaire de conférences débats. Radio Libertaire, radio de la Fédération Anarchiste, y était et a enregistré ces débats ; ils sont sur le site de la radio, sous l’onglet « Événements spéciaux ».
Nous vous proposons d’écouter aujourd’hui Thierry Ribault, chercheur en sciences sociales au laboratoire Clersé du CNRS (Université de Lille) et auteur, en particulier, de Contre la résilience - À Fukushima et ailleurs.
À partir d’un travail d’enquête et de recherche mené à Fukushima durant plusieurs années, Thierry Ribault orientera son intervention sur le changement d’approche qu’a constitué l’administration de ce désastre dans les politiques de gestion et d’acceptation de la catastrophe, à travers notamment ce qui a été nommé « politique de résilience nationale ». À Fukushima et ailleurs, en France notamment, la résilience est une nouvelle religion d’État qui empêche de s’attaquer aux causes des désastres présents et à venir.
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03 avril 2023

Les 31 mars, 1er et 2 avril, la Fédération Anarchiste organisait à Marseille un week-end anti-nucléaire de conférences débats. Radio Libertaire, radio de la Fédération Anarchiste, y était et a enregistré ces débats ; ils seront très prochainement sur le site de la radio, sous l’onglet « Événements spéciaux ».
L’un d’eux a été monté dans le train du retour et nous vous le proposons aujourd’hui : Antoine Calandra et Jean Revest, membres de la Coordination Antinucléaire du SudEst.
Ces deux interventions apporteront des informations concrètes sur les réalités des sites nucléaires dans la région PACA : vieillissement installations, et rafistolages en cours. La centrale de Tricastin fait office de laboratoire pour expérimenter les possibilités de prolonger les centrales françaises. Présence de ces installations dans des zones sismiques (Cadarache, Tricastin...)
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