Trous Noirs |
Multi-thématique, elle s’est construite depuis novembre 2008 et chaque émission appartient à l’une des sept rubriques suivantes : Terre et Liberté cultures, luttes, alternatives des peuples sans État (et qui n’en souhaitent pas) Sous les pavés… la terre cultures, luttes, alternatives paysannes Luttes sociales témoignages d’acteurs des mouvements sociaux partout dens le monde Terre et radioactivité vie sur la planète mise en danger par une société nucléarisée Tranches de vie parcours sociaux, culturels, politiques de ceux qui disent NON Anarchie et anarchistes ils existent… et y en a bien plus qu’un sur cent Liberthèmes thèmes libres et libertaires |
Luttes sociales | |
Hebdomadaire, le lundi 16h00-18h00 |
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Site de Trous Noirs |
L'enregistrement démarre 1 mn avant l'heure prévue du début de l'émission | |
Date | Programme (s'il a été renseigné par l'émission) |
23 décembre 2024 |
Rediffusion de l’émission du 17 juin 2024. À l’occasion du centenaire de la naissance de Michel Ragon (décédé en 2020), la revue Fragments et le Cercle culturel de littérature ouvrière, paysanne et sociale ont organisé un colloque intitulé Michel Ragon – la littérature prolétarienne, l’anarchisme, l’architecture les 8 et 9 juin derniers. Tous les enregistrements sont disponibles sur le site de Radio Libertaire (ˮÉvénements spéciauxˮ). Mais pour que ceux de nos auditeurs n’utilisant pas internet n’en perdent pas tout, Trous Noirs vous propose aujourd’hui un montage composé des interventions de : • Thierry Maricourt (Écrivain, essayiste, critique) : Michel Ragon, libre et libertaire. • Justine Mangeant (Universitaire) et Martine Minarovits (Bibliothécaire en retraite) : lectures croisées de Les Mouchoirs rouges de Cholet et 1793. |
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16 décembre 2024 |
Les 29 et 30 octobre derniers, en Espagne, un évènement climatique appelé DANA, pour Depresion Aislada en Nivelos Alto, soit dépression isolée de haute altitude, a provoqué des précipitations d’une extrême intensité dans les régions de Valence et de Murcia. D’autres évènements semblables sont intervenus sur la péninsule ibérique, mais avec une moindre gravité, en Catalogne, et aux Iles Baléares notamment. Cependant, c’est sur la région de Valence que les conséquences ont été les plus dramatiques. En quelques heures, des torrents de boue se sont formés et ont dévasté de nombreux villages autour et en périphérie nord de Valence. Un peu plus d’un mois après les évènements, le bilan fait état de 240 morts et disparus et de dégâts majeurs pour de nombreuses infrastructures de la région. C’est de fait une des plus graves catastrophes naturelles ayant frappé l’Europe et plus particulièrement l’Espagne. Cette catastrophe a mis en lumière deux faits importants. D’une part l’indigence coupable de la réaction des autorités régionales (Généralitat de Valencia), tout particulièrement de son président Carlos Mazon, et de l’État central espagnol. D’autre part un formidable élan de solidarité et d’entraide qui se prolonge encore aujourd’hui, pour secourir les sinistrés et remettre en état ce qui peut l’être. Pour faire le point sur cet évènement, nous recevons, pour une émission qui a été enregistrée le 6 décembre dernier, Daniel Pinos et Juan Miguel Font. Daniel Pinos séjourne très fréquemment en Espagne, où il est en contact avec les milieux syndicaux et libertaires, et il a écrit dans le Monde Libertaire de décembre un article pour rendre compte de ces évènements et de leurs conséquences. Nous aurons ensuite un échange téléphonique avec Juan Miguel Font, le secrétaire général de la CGT de Valence, et le coordinateur des actions de solidarité avec les victimes de la DANA. Avec eux, nous ferons le point sur les conséquences de la catastrophe des 29 et 30 octobre derniers, et ce qu’il faut en apprendre. |
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09 décembre 2024 |
Sous les pavés... la rage, la rage de lire du jeune saute-ruisseau Michel Ragon. Dès ses 12 ans en 1936, à Fontenay-le-Comte en Vendée, il sait ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. Il ne sera ni paysan, ni bourrelier, ni domestique comme les membres de la famille dont il est issu. Il s’entend bien avec eux, mais se sent différent. Il veut lire, apprendre, apprendre encore, écrire. Les mots écrits l’accompagnent partout, il aime jouer avec eux, apprécie l’humour. Sa mère, qui rêve pour lui d’un emploi de bureau, s’installe à Nantes lorsqu’il a 14 ans. Dans son premier roman Drôles de métiers (1953), il parlera de ses emplois successifs : garçon de courses, aide-comptable, mécanicien, emballeur... Il découvre des auteurs dans les bibliothèques des appartements que sa mère est chargée de garder : il écrira des livres plus tard ; il observe attentivement immeubles et maisons : il sera historien de l’architecture et de l’urbanisme plus tard ; il se glisse discrètement dans les galeries de peinture : il sera critique d’art plus tard. Autodidacte venu de la plèbe, il sait que la culture est un outil d’émancipation. À 19 ans, il commence à fréquenter poètes et peintres. Pour élargir son horizon et ses rencontres, il monte à Paris en 1945. Il publie plusieurs recueils de poèmes. Rapidement il rencontre Henri Poulaille, créateur du courant de la littérature prolétarienne, il tient la librairie de l’anarchiste Pierre-Valentin Berthier, sympathise avec Étienne Dorléans, spécialiste de Proudhon, Armand Robin, pacifiste, Maurice Joyeux... C’est la période pendant laquelle les communistes se voulaient hégémoniques au sein de la gauche politique et intellectuelle, mais il suit la ”voie libertaire” à laquelle il restera toujours fidèle. Il commettra le sacrilège de critiquer Louis Aragon, fervent dévot du Parti et du ”Petit Père des peuples”, Staline. Avec nous dans le studio, Thierry Maricourt auteur de l’ouvrage Une rage de lire - Le jeune Michel Ragon aux Éditions L’Échappée, ami de Michel Ragon qu’il évoque avec tendresse et passion. Lui aussi est autodidacte, auteur de romans et d’essais, et a exercé de nombreux métiers. |
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02 décembre 2024 |
Francis Linart, notre invité, est un des animateurs de la revue en ligne Les Obscurs, dont un des premiers textes ”Sans attendre” affirme : ”On ne va pas attendre cent ans pour vivre libre”, qui renvoie à la phrase ”Ce n’est pas dans cent ans qu’il faut vivre en anarchistes”. Les anarchistes individualistes, qui se reconnaissent dans ce précepte de Libertad, ont une vingtaine d’années dans les premiers jours du vingtième siècle. Ils se définissent comme des ”en-dehors” et refusent de se soumettre à l’ordre social dominant, à l’exploitation du salariat : ”Travailler librement, aimer librement, nous revendiquons toute la vie” pouvait-on lire dans le journal l’anarchie sous la signature de Victor Kibaltchiche, futur Victor Serge. Avant les dérives illégalistes de certains, ils ont concrétisé leur refus des normes et préjugés de la société, inventant d’autres relations entre hommes et femmes, adultes et enfants. La communauté d’habitat installée dans une grande maison au 22 rue du Chevalier de la Barre à Montmartre, le ”Nid rouge” pour la police, en était un noyau essentiel. Avec l’objectif de l’émancipation individuelle, ils animent diverses initiatives qui les rattachent au courant anarchiste éducationniste : les ”Causeries populaires”, le journal L’anarchie, ”Libertaire-plage” colonie de vacances pour adultes et enfants à Chatelaillon près de La Rochelle, le projet inabouti d’une école pour les enfants du quartier, alternative à l’école confessionnelle et à l’école laïque qui apprend ”le respect de l’armée, de la patrie, de la propriété et l’infériorité de l’étranger”. Les femmes sont nombreuses dans le groupe. Elles militent contre le mariage et la prostitution, pour le contraception et l’égalité avec les hommes. On peut notamment citer Anna Mahé, Rirette Maîtrejean, Émilie Lamothe, Jeanne Morand. ”La vie, toute la vie est dans le présent. Attendre, c’est la perdre”, L’anarchie. |
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25 novembre 2024 |
Le son de la révolte, deuxième partie. La musique africaine-américaine prend ses racines dans l’esclavage : en 300 ans plus de 11 millions d’Africains ont été ramenés de force dans le Deep South des États-Unis pour servir de main d’œuvre corvéable à merci pour les grands propriétaires de champs de coton. Les chants, les danses, les joutes verbales jouèrent un rôle essentiel pour supporter les souffrances et renforcer les liens communautaires entre ces déportés de différents peuples d’Afrique de l’Ouest. Dans un pays qui se présentait comme celui de la liberté et de l’égalité, les conditions de travail et de vie abominables imposées à ces humains (ségrégation, lynchages) afin de devenir la nation la plus riche du monde, étaient justifiées par les exploiteurs blancs en prétendant appartenir à une race supérieure : encore aujourd’hui ”Indios” et ”niggers” sont des injures crachées au visage de sous-hommes ”menaçant la pureté de la race”. Lutter en chantant les ”work songs” leur a permis de dénoncer les injustices, de construire un rempart contre l’aliénation. Mais qu’est-ce que le jazz ? : ”Un noir était jazz dans tout ce qu’il faisait”, Nina Simone, pianiste et chanteuse. ”Le jazz est l’éternel tam-tam qui résonne dans l’âme noire, le tam-tam de la révolte contre la lassitude de vivre dans un monde blanc”, Langston Hugues, poète. Pour l’industrie américaine du spectacle, le jazz était avant tout un produit commercial de divertissement permettant de faire des profits. Certains musiciens blancs ont tenté de le copier en éliminant son contenu social. Mais cette musique, en perpétuelle évolution depuis les zones rurales pauvres du sud et les ghettos noirs des villes industrielles, a su rendre sa dignité au prolétariat noir. Le son de la révolte (Éditions Le mot et le reste) est un récent livre référence qui retrace l’histoire des États-Unis à l’aune des musiques africaines-américaines. Nous recevons Christophe Ylla-Somers, son auteur, qui anime l’émission Soul Power sur Radio Libertaire : ”Le blues, la soul, le jazz ou le hip-hop expriment avant tout l’aspiration à un changement social”. |
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18 novembre 2024 |
Nicolas Lambert pratique le ”TTT”, Théâtre tout terrain mêlant humour et politique : ”Le théâtre peut ouvrir les yeux et donner des clés pour comprendre ce qui se passe. C’est la première étape pour agir et changer le monde.” Il y a quelques années, nous l’avions reçu dans notre studio pour sa trilogie Bleu-Blanc-Rouge ou l’a-démocratie, qui traite des trois mamelles de la vie politique française : le pétrole, le nucléaire, l’armement. Dans son récent spectacle au théâtre de Belleville, La France, Empire, il joue avec ses souvenirs d’enfance et déjoue l’une des conséquences les plus néfastes de la colonisation : le silence. Il montre comment ”en m’interrogeant sur cette histoire effacée de nos mémoires collectives, je me suis rendu compte combien ça résonnait dans mon propre parcours et celui de mon entourage”. Dans une nation, le pouvoir politique demande aux citoyens d’adhérer très jeunes à un récit national. En évitant dans l’apprentissage scolaire d’évoquer le passé impérial de la France, des pans d’Histoire sont volontairement mis de côté. Ainsi, des épisodes de la guerre d’Indochine, de la guerre d’Algérie ou la guerre du Cameroun, sont oubliés. Malgré le côté parfois dramatique des sujets abordés, l’humour n’est pas absent, car Nicolas Lambert aime jouer avec les mots qui, tels des chats, adorent ça. En rétablissant des vérités concernant l’action de la France envers ses ex-colonies et, pour certaines, encore actuelles possessions telle Mayotte, il explique sa démarche : ”Il ne s’agit pas de dire du bien ou du mal de l’histoire française mais de la connaître. Le théâtre peut ouvrir les yeux et donner des clés pour comprendre ce qui se passe. C’est la première étape pour agir et changer le monde.” |
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11 novembre 2024 |
”Il a été le peintre d’une époque. Son œuvre, c’est soixante ans de chroniques de la société française”. Ces paroles ont été prononcées par Stanislas Nordey, fils de Jean-Pierre Mocky, à l’occasion de son enterrement le 12 août 2019. Réalisateur, scénariste, adaptateur, monteur, acteur, producteur, distributeur, ce franc-tireur, cet enragé, ce bouillonnant, a notamment à son actif, en soixante-quinze ans d’activités, plus de soixante longs-métrages, dont plusieurs films-culte, et quarante épisodes de séries pour la télévision. Cela méritait bien le livre de référence Jean-Pierre Mocky que vient de publier aux ”Éditions Rouge profond” Éric le Roy, historien du cinéma, qui fut son assistant au début des années 1980 : il dédie son livre à ”Jean-Pierre Mocky pour son amitié fidèle. J’ai eu la chance de croiser son chemin. Il a changé le cours de ma vie”. Agrémenté de nombreuses images, scènes de film, affiches, portraits de Mocky à diverses époques, cet ouvrage s’appuie sur des témoignages de collaborateurs techniciens ou acteurs du ”Mocky Circus”, de documents parfois inédits, permettant de partager les passions de ce créateur-artisan, amoureux de la vie et du cinéma, qui a toujours su rester indépendant. Il s’est intéressé à tous les genres : la comédie avec Un drôle de paroissien, Les Compagnons de la marguerite, La Grande Lessive (!), le drame avec Un couple, Le Témoin, Y a-t-il un Français dans la salle ?, le polar avec Solo, Un linceul n’a pas de poche, Noir comme le souvenir. Prenant le contre-pied de la mode, il utilise la farce, la satire, le grotesque. Il explique ses provocations : ”C’est pour faire réagir. Je ne puis supporter la société telle qu’elle est aujourd’hui. Mes films sont la manifestation de ce dégoût, mais je ne crois pas être misanthrope. J’aime les vrais humains, ceux qui ne piétinent pas leur dignité”. Les cibles récurrentes de celui que certains appelleront l’anartiste : Église, État, politiciens, police, argent, hypocrisie, auxquels s’opposent des héros solitaires, marginaux, romantiques dont le destin est le plus souvent tragique. Éric Le Roy montre à travers ses films et sa vie que ”Mocky perçoit que la société est pourrie. Il le vit comme un malaise et s’en révolte. Les opprimés, les délaissés, les oubliés existent dans son cinéma, avec humour et insolence. Il rêve d’un monde meilleur, de liberté, d’améliorer la vie, de changer la société”. |
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04 novembre 2024 |
La musique africaine-américaine prend ses racines dans l’esclavage : en 300 ans plus de 11 millions d’Africains ont été ramenés de force dans le Deep South des États-Unis pour servir de main d’œuvre corvéable à merci pour les grands propriétaires de champs de coton. Les chants, les danses, les joutes verbales jouèrent un rôle essentiel pour supporter les souffrances et renforcer les liens communautaires entre ces déportés de différents peuples d’Afrique de l’Ouest. Dans un pays qui se présentait comme celui de la liberté et de l’égalité, les conditions de travail et de vie abominables imposées à ces humains (ségrégation, lynchages) afin de devenir la nation la plus riche du monde, étaient justifiées par les exploiteurs blancs en prétendant appartenir à une race supérieure : encore aujourd’hui ”Indios” et ”niggers” sont des injures crachées au visage de sous-hommes ”menaçant la pureté de la race”. Lutter en chantant les ”work songs” leur a permis de dénoncer les injustices, de construire un rempart contre l’aliénation. Mais qu’est-ce que le jazz ? : ”Un noir était jazz dans tout ce qu’il faisait”, Nina Simone, pianiste et chanteuse. ”Le jazz est l’éternel tam-tam qui résonne dans l’âme noire, le tam-tam de la révolte contre la lassitude de vivre dans un monde blanc”, Langston Hugues, poète. Pour l’industrie américaine du spectacle, le jazz était avant tout un produit commercial de divertissement permettant de faire des profits. Certains musiciens blancs ont tenté de le copier en éliminant son contenu social. Mais cette musique, en perpétuelle évolution depuis les zones rurales pauvres du sud et les ghettos noirs des villes industrielles, a su rendre sa dignité au prolétariat noir. Le son de la révolte (Éditions Le mot et le reste) est un récent livre référence qui retrace l’histoire des États-Unis à l’aune des musiques africaines-américaines. Nous recevons Christophe Ylla-Somers, son auteur, qui anime l’émission Soul Power sur Radio Libertaire : ”Le blues, la soul, le jazz ou le hip-hop expriment avant tout l’aspiration à un changement social”. |
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28 octobre 2024 |
”Comédien, syndicaliste et formateur, tel fut le triptyque de ma vie” est la dernière phrase du livre de Serge Vincent : Itinéraire d’un artiste citoyen (Éditions L’Harmattan). À l’age de 21 ans, désirant devenir artiste, il quitte Montpellier pour Paris, un ”saut dans l’inconnu”. Commence alors pour lui une vie d’intermittent du spectacle, avec des petits rôles au théâtre, cinéma, séries TV, spots publicitaires. Dans le bistro-épicerie de ”La mère Vernet” à Montmartre, le café de Dédé ”Le petit Gavroche”dans le Marais, ”le couloir de la honte” des studios des Buttes Chaumont, ses diverses rencontres lui permettent de trouver des emplois dans divers domaines : opéra en occitan, doublages de film, spectacles de marionnettes, interventions dans les établissements scolaires, cours de formation en expression orale... Le tournage d’un téléfilm sur Jean Moulin et l’envie de défendre les intérêts matériels et moraux des artistes-interprètes, le décident à s’engager dans l’action syndicale. Il participe en 1980 à la création du SYDAS-CFDT. Mais, constatant que l’autogestion revendiquée par la CFDT n’était que ”du vinaigre pour attirer les mouches” et que Jack Lang, Ministre de la Culture de François Mitterrand, n’avait pour objectif que ”de mettre en place une vitrine culturelle à la gloire du régime”, il est à l’initiative de la création en 1984 du Syndicat indépendant des artistes-interprètes (SIA), beaucoup plus combatif. C’est le début de sa participation à de nombreuses actions, notamment juridiques, pour la reconnaissance de sa représentativité (contesté par le syndicat SFA-CGT majoritaire), et pour obtenir la transparence sur la gestion collective des droits auteurs et des artistes notamment concernant l’ADAMI (Administration des Droits des Artistes et Musiciens Interprètes) et la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique). La divulgation par différents médias - dont Radio Libertaire et Le Monde Libertaire - de divers scandales en ce domaine, alimentée par le SIA, par l’association ”Protection des ayants droits” qu’il a créée en 1993, et par son livre Les dessous de la loi Lang, lui vaut trois procès en diffamation, les pressions des gouvernements de gauche et de droite, les imprécations du SFA-CGT. Après des années de recours juridiques, de rapports ministériels enterrés, de décrets gouvernementaux contestés, de pressions multiples, la loi du 1er août 2000 met en place une commission de contrôle sur les comptes des sociétés incriminées. Il a aussi passé à l’Université une capacité en droit en deux ans, bien utile face aux juges, et pris pour le plaisir des cours de chant avec Armande Altaï. Aujourd’hui, Serge Vincent est ”retraité mais actif”. |
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21 octobre 2024 |
Depuis 2019, Rockwool, leader mondial de l’isolation en laine de roche veut imposer la construction d’une usine aux 1870 habitants de Courmelles, dans l’Aisne. Son maire agriculteur, Arnaud Svercek, coordonne avec les associations ”STOP Rockwoool” et ”Sauvons Soissons” un long combat qu’il décrit dans le livre Le village contre la multinationale. Appuyée par la majorité des élus (Soissons, agglomération intercommunale, région) et par le préfet, la multinationale, faisant miroiter la création de quelques emplois dans cette région au chômage important, pensait obtenir facilement le permis de construire de la commune : ”J’ai vu la force de frappe de l’industriel et de l’agglomération. À leurs yeux je ne suis qu’un pion dont on attend une signature”. Une enquête publique organisée mi-octobre 2020 est l’occasion pour les opposants de s’informer sur les dangers de cette usine, grande consommatrice d’eau et d’électricité, qui devrait s’installer sur 39 hectares du Plateau. Les vents dominants dirigeraient les fumées s’élevant des 5 cheminées vers la cuvette de Soissons, à quelques kilomètres. Elles contiennent 28 substances, certaines cancérogènes, pouvant provoquer des maladies cardio-vasculaires et pulmonaires ; plusieurs sont des perturbateurs endocriniens agissant sans seuil de dangerosité. Le procédé consiste à injecter dans un four à 1500 °C des minéraux (basalte, dolomite), dont la lave est transformée en fibres avec un liant chimique très polluant. Il est aujourd’hui dépassé par l’utilisation d’isolants biosourcés (chanvre, lin...) n’utilisant pas de produits chimiques. La consultation avec une forte participation donne 80 % d’oppositions. Cette réponse défavorable est confirmée par le commissaire enquêteur et conduit le maire à refuser le permis de construire le ler mars 2021. Rockwool et le préfet déposent alors un recours et une longue bataille juridique est engagée. Les pressions sur le maire se multiplient, menaçant notamment la commune de lourds dommages et intérêts. Les opposants au projet s’organisent, informent, manifestent : ”Se développe le mouvement social d’un village qui s’élève contre les intérêts d’une multinationale et la destruction d’un territoire. C’est une graine de révolte qui va germer”. Cela va peser sur la décision de la cour administrative d’appel qui, le 5 juillet 2024, confirme l’annulation du permis de construire. Arnaud Svrcek, notre invité, qui rappelle que ”les seuls combats perdus d’avance sont ceux qu’on ne mène pas”, a acquis une conviction forte : ”C’est la leçon de cette histoire pour moi : la base doit faire bouger les choses. le changement passera par de nouvelles formes de démocratie locale participative”. |
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14 octobre 2024 |
”Les loups sont entrés en Ukraine”, tel est le titre du numéro 16 des Carnets de Guerre, essai d’histoire immédiate dont Jean-Marc Royer, notre invité, a entamé l’écriture depuis mars 2022. Après plus de 30 mois d’une guerre totale qui a dévasté la vie de millions d’Ukrainiens - des dizaines de milliers de civils et militaires tués ou blessés, des villes et villages rasés, six millions d’Ukrainiens partis à l’étranger, il en analyse les prémisses historiques, économiques et idéologiques, ainsi que la recomposition mondiale des rapports de force entre impérialismes. Quelle est la stratégie états-unienne qui, prétextant la nécessité de ne pas provoquer Poutine, fournit des armes au compte-gouttes et semble négocier dans le dos des Ukrainiens une ”fin honorable” ? Quelle est la stratégie européenne, qui tente de préserver ses intérêts économiques en Russie ? Quelle est la stratégie de Poutine, qui espère l’élection de Trump pour obtenir une victoire militaire et politique en Ukraine, avant de l’élargir vers la Transnistrie, la Moldavie, le couloir de Suwalki isolant ainsi les pays baltes ? Combien de temps le peuple ukrainien pourra-t-il lutter pour sa survie face à un pays qui est passé en économie de guerre et qui multiplie les ”mobilisations partielles”, recrutant majoritairement la ”chair à canon” dans des régions pauvres et lointaines, peuplées en majorité de non-russes ? Jean-Marc Royer a pu réaliser directement des entretiens avec des militants, permettant ainsi de faire connaître leurs actions et analyses : Serguei, activiste ukrainien du centre ”Solidarity Collectives” qui, tout en approuvant l’aide aux déserteurs ukrainiens, explique pourquoi des anarchistes participent à la lutte armée contre l’envahisseur ; Mishka, anarchiste biélorusse réfugié en Ukraine, qui est engagé volontaire ; un activiste de l’”Ecological Platform” qui a combattu sur divers fronts. Résister ou déserter ? |
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07 octobre 2024 |
”Le RN aux portes du pouvoir ?” est le titre de l’article annonçant l’émission d’aujourd’hui sur le blog ”Les Obscurs”, pour lequel notre invité Francis Linart participe à l’écriture d’un manifeste dont le premier texte affirme ”On ne va pas attendre cent ans pour vivre libre”. Il a écrit plusieurs articles sur le développement de l’extrême-droite en France, alertant dès les élections européennes de 2014, le FN obtenant alors 4,7 millions de voix (24,8 %) : ”Jamais un parti fasciste ou nationaliste d’extrême-droite n’avait obtenu de tels résultats”. Aujourd’hui, en adoptant comme thème central l’immigration ”risque existentiel pour les Français” (Bardella), le RN rassemble 7,8 millions de suffrages (Européennes) puis 10,6 millions (Législatives), Marine Le Pen en ayant déjà obtenu 13,3 millions au 2ème tour des Présidentielles de 2022. Cependant Francis Linart rappelle : ”La conquête du pouvoir pour le Front national, ni ne commence avec, ni ne dépend d’abord des élections. Elle passe d’abord par la domination idéologique”. Il analyse comment une longue préparation idéologique de l’opinion a permis de faire oublier l’extrême droite marginalisée et déshonorée à la Libération : la ”Le pennisation des esprits” et la ”dé-diabolisation” ont bien fonctionné. Cette pseudo ”républicanisation” a trouvé des alliés chez certains journalistes et intellectuels, chargés d’invalider la critique anti-fasciste et anti-raciste visant le FN puis le RN. Un exemple en est l’écrivain Renaud Camus, passé du chevènementisme à la droite de l’extrême-droite. Sa théorie du ”Grand Remplacement”, jouant sur la peur d’une invasion par les étrangers, suivie par celle du ”Petit Remplacement”, ”Le Grand Remplacement c’est le changement de race. Le Petit Remplacement c’est le changement de culture”, ont contribué à l’internationalisation de l’idéologie d’extrême-droite. Pour Francis Linart les compromissions avec Poutine pèsent peu dans l’opinion publique. Il affirme que ”l’opposition active au RN impose le combat des idées” et précise que ”le système représentatif n’est pas un cadre de résistance conséquent à l’extrême droite. Partisans de la démocratie directe, nous ne faisons confiance à aucun parti et leur décomposition actuelle ne fait que nous renforcer dans cette position”. |
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30 septembre 2024 |
Les transformations radicales d’une société sont un révélateur des contradictions internes qui la traversaient depuis longtemps et que le système social dominant s’efforçait de surmonter ou de dissimuler. Quand la crise commence à s’étendre, l’État tente par divers moyens de conserver le contrôle dans cette période de transition, qui semble stable pour beaucoup. La dernière étape, brutale, est marquée par l’effondrement des institutions en place. Éric Martel, notre invité, a illustré ces étapes par l’exemple soviétique, ”transition chaotique d’une société moderne qui peut le plus nous apprendre sur l’évolution de notre propre modèle sociétal”. La chute de l’URSS au début des années 1990 était déjà en gestation depuis plus de 20 ans. Pendant cette période, l’État ayant fait disparaître toute contradiction, la ”réalité” présentait une fausse apparence de pérennité, confortée par l’affirmation partagée par beaucoup qu’aucune autre société n’était possible. Les réformes libérales de la perestroïka (”reconstruction”) menées par Mikhaïl Gorbatchev, qui semblaient annoncer un avenir prometteur, n’ont pas empêché la chute du mur de Berlin, la catastrophe de Tchernobyl et la disparition de l’Union soviétique. Eltsine, désormais maître de la Russie en 1991, après avoir constaté les défaillances du libéralisme de son prédécesseur, met en place une société autoritaire au niveau institutionnel et social, marquée en 1993 par la dissolution du Parlement et l’adoption d’une nouvelle Constitution. Il s’assure une majorité en s’alliant au parti de Vladimir Jirinovski qui a pour programme : retour à un État fort, expansionnisme militaire, xénophobie... Depuis le début des années 2000, Poutine accentue cette orientation ultra-nationaliste et annonce son intention de rebâtir la ”Grande Russie”. Un siècle après les réalisations et les espoirs de la Makhnovitchina détruits par l’armée rouge, la guerre actuelle en Ukraine en est un jalon. |
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23 septembre 2024 |
Dans le cadre de sa campagne fédérale antinucléaire, le samedi 27 avril dernier, le réseau Makhno de la Fédération anarchiste avait invité Lou Marin à la librairie Publico, pour une conférence intitulée : « 40 ans de lutte anti-nucléaires non violentes en Allemagne ». Lou Marin est journaliste, traducteur, et on le connaît tout particulièrement pour son travail sur Albert Camus : Albert Camus, écrits libertaires : 1948-1960. Nous vous proposons aujourd’hui d’écouter l’enregistrement de cette conférence. Lou Marin était venu faire le récit des combats qui ont largement contribué à la mise à l’arrêt par l’Allemagne de son programme nucléaire en 2011. Tout à la fois acteur de ce combat et observateur, au travers de sa collaboration avec la revue Grasswurzel Revolution (La Révolution par la base), Lou Marin était présent pour partager l’expérience de ces luttes et des débats qu’elles ont suscité. Un retour d’expérience précieux à l’heure de l’annonce de la mise en chantier de nouveau réacteurs nucléaire en France. |
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16 septembre 2024 |
À La Gorronnière, la ferme collective autogérée en polyculture-élevage du Groupement agricole d’exploitation en commun (GAEC) ”Radis & Co” est située sur la bassin versant de la Mayenne, dans la commune de Montflours Dans ce maillage bocager, sur 42 hectares cinq paysans produisent des denrées alimentaires et pratiquent la vente directe (AMAP, marché, magasin bio) : 2 maraîchers, 1 éleveur, 1 fromager, 1 paysan-boulanger. Nous y avions déjà séjourné l’été 2011 lors de leur installation après la signature d’un bail rural environnemental de 40 ans avec la fondation ”Terre de liens”, propriétaire de l’exploitation. Aucun n’était d’origine paysanne, mais leur volonté de réussir ce projet collectif était très forte : ”Le travail de la terre, c’est ultra-important. Je me posais des questions sur ma place dans la société. J’ai décidé d’agir, de mettre les mains dans la terre, plutôt que de dire et de penser des choses sans rien faire”, Robert-Jean, maraîcher. Treize ans d’une aventure qui a vu leur projet initial évoluer : changement dans la composition du collectif, prise en compte de l’évolution des besoins, gestion attentive des rapports humains pour savoir évoluer au contact des autres et faire ensemble, insertion dans divers réseaux tel le Réseau d’échanges et de pratiques alternatives et solidaires (REPAS). Mais les pratiques essentielles sont restées : production d’une alimentation saine et respectueuse du Vivant, autonomie en intrants, rotations longues, polyvalence sur les activités. Les contacts réguliers avec leur environnement ont relancé une dynamique locale : ”Pour bénéficier d’un service, il faut participer à sa gestion : c’est ma vision du bien commun. À Montflours, ce qui nous tient à cœur, c’est que chacun puisse être acteur et responsable d’un projet comme l’éco-habitat partagé pour permettre aux anciens de rester au village, la brasserie, l’épicerie coopérative, les chantiers participatifs, la désacralisation de l’église pour en faire un lieu culturel, un bâtiment d’activités autogérées”, Marco, éleveur. Après un excellent repas très convivial, partagé avec tous ceux qui travaillent à la ferme, autour des micros : Marco, du collectif initial, Maxime (intermittent du spectacle) en train de devenir associé (paysan-boulanger), ainsi que Maëlle qui va bientôt reprendre et diversifier la ferme en élevage bio de ses parents, plus au sud en Mayenne. |
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09 septembre 2024 |
À La Parnière (sud Mayenne), nous sommes accueillis dans la ferme de Vincent et Christelle, élevage en agriculture bio de vaches laitières nourries à l’herbe du bocage breton. Nous y retrouvons leur fille Maëlle, déjà venue au printemps dans nos studios évoquer son projet de reprise des activités. C’est l’occasion d’échanger avec eux trois sur la continuité d’une agriculture paysanne, les reprises familiales se raréfiant dans un contexte favorable au modèle agricole dominant (accroissement surface, lourds investissements, rendement accru par utilisation d’intrants). Après ses études, Maëlle avait fait de longs séjours à l’étranger puis obtenu une licence ”Tourisme et écologie solidaire” à Avignon. La retraite de Vincent approchant, Maëlle s’est interrogée sur son avenir : ”Je me suis rendu compte que la manière la plus concrète d’œuvrer dans ce monde était de produire de l’alimentation saine, locale, en respect avec le vivant, en faisant vivre les territoires”. Pour préciser son projet (ferme collective, diversification, activités socio-culturelles...) elle a fait divers séjours en Bretagne dans des lieux où sont pratiqués différentes alternatives : ferme collective, diversification production, activités dynamisant le territoire... Actuellement, elle suit pendant un an un ”stage paysan créatif visant à faciliter l’installation de projets agricoles innovants”, qui s’adresse à tous ceux qui souhaitent devenir paysan : pourquoi pas des auditeurs de Trous noirs ? |
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02 septembre 2024 |
Rediffusion de l’émission du 5 décembre 2022. Rojava : « Femmes, Vie, Liberté », repris aux funérailles de Mahsa Amini dans le Kurdistan iranien, vient à l’origine du Rojava (Nord-Est de la Syrie) où les femmes ont un rôle essentiel dans la révolution en devenir. Les États de la région, et au-delà, sont très inquiets de sa valeur d’exemple : ainsi un écrivain iranien a été condamné à 11 ans de prison pour avoir traduit en persan le livre Petite clef d’un grand but, la Révolution au Rojava. La société civile organisée dans le TEV-DEM (Mouvement de la société démocratique) a adopté une Charte qui pourrait s’appliquer partout dans le monde : « Sans rien attendre de l’État, les communes cherchent par elles-mêmes des solutions aux questions sociales, éducatives, de santé et d’autodéfense. Elles constituent une société prenant en compte la liberté des femmes, l’écologie et où est instituée la démocratie directe ». De même, le Contrat Social, adopté en 2016, propose : « Le système fédéral démocratique consensuel garantit la participation égalitaire de tous les individus et de tous les groupes sociaux à la discussion, à la décision et à la gestion collective ». Mais le contexte de guerre, l’hostilité des États environnants, les traditions (religions, tribus) particulièrement dans les régions à majorité arabe, freinent la réalisation de cet idéal, qu’il est important de confronter aux réalités concrètes du terrain. C’est l’objet d’un récent colloque dont les travaux ont permis la réalisation d’un ouvrage : La démocratie sous les bombes – Le Rojava entre idéalisation et répression. Nous recevons deux de ses contributeurs : Somayeh Rostampur qui étudie comment fonctionne l’alliance entre le mouvement des femmes et le leader charismatique Abdullah Öcalan, et Pierre Bance, qui analyse les pouvoirs et contre-pouvoirs au Rojava. |
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26 août 2024 |
Rediffusion de l’émission du 21 novembre 2022. Alain Gras, notre invité, s’intéresse à la socio-anthropologie des techniques. Il a récemment publié La servitude électrique, du rêve de liberté à la prison numérique. Il s’intéresse à la question de l’énergie dans notre société thermo-industrielle : « Nous vivons aujourd’hui la fin de la période de grande abondance matérielle fondée sur des sources temporaires d’énergie concentrée et à bon marché ». Le « Pacte Vert » européen nous promet pour 2050 une société « juste et prospère, dotée d’une économie moderne, efficace dans l’utilisation des ressources, leader mondial dans le domaine de l’économie verte au cœur d’une croissance durable et inclusive » : la taxonomie verte inclut le gaz et l’énergie nucléaire. Les politiciens et une partie des écologistes présentent l’électricité comme une « énergie propre » permettant la transition énergétique. En réalité l’électricité est un « vecteur énergétique » qui transporte une énergie produite ailleurs : l’électrification du système énergétique, ainsi que la mobilité électrique vont générer la construction accélérée de centrales thermiques et nucléaires : → L’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans Le Futur est électrique présente un scénario pour 2040 qui prévoit 950 millions de véhicules électriques et l’augmentation de 50 % de la production de centrales à combustible fossile ou nucléaire. → La Chine prévoit la construction d’un énorme parc de centrales à charbon pour alimenter ses « autoroutes de l’électricité » et projette d’être le leader mondial des véhicules électriques. Alain Gras nous invite à réfléchir et agir pour la sobriété énergétique dans un « monde post-croissant et post-fossile » empreint de « justice écologique et sociale ». |
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19 août 2024 |
Du 9 au 13 juillet les Reclusiennes à Sainte-Foy-la-Grande (lieu de naissance d’Élisée Reclus) avaient pour thème « Co-habiter ». Nous vous proposons aujourd’hui d’écouter : - Cécile Asanuma-Brice, CNRS, Université de Lille/Centre de recherche de la Maison Franco-Japonaise, - Thierry Ribault, CNRS, Université de Lille. |
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12 août 2024 |
Claire Auzias est décédée ce mardi 6 août. Nous lui rendons hommage en rediffusant une émission que nous avions faite avec elle le 30 août 2010. Les Roms, peuple sans État, citoyens du monde, citoyens européens ? Claire Auzias, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, nous en parle et ne mâche pas ses mots sur l’attitude du gouvernement français ! |
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05 août 2024 |
Du 9 au 13 juillet les Reclusiennes à Sainte-Foy-la-Grande (lieu de naissance d’Élisée Reclus) avaient pour thème « Co-habiter ». Nous vous proposons aujourd’hui d’écouter : - Difficultés d’habiter, errer, se loger : Patricia Willame et Jolanta Szulc évoquent des femmes victimes de violences conjugales rencontrées dans le cadre de l’association Le Lien (à Libourne), - Habiter en migration : Catherine Withold de Wenden, politologue spécialiste des migrations nous parle de « Un monde en mouvement : quelles citoyennetés ? ». |
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29 juillet 2024 |
James Scott est décédé le 19 juillet. Nous lui rendons hommage par la rediffusion de l’émission que nous avions faite avec Charles Macdonald le 17 juin 2019 à l’occasion de la sortie à La Découverte de Homo Domesticus – Une histoire profonde des premiers États : James Scott est professeur de science politique et d’anthropologie à l’université Yale aux États-Unis. Ses précédents ouvrages parus en France, Zomia ou l’art de ne pas être gouverné et Petit éloge de l’anarchisme se situent dans la continuité de Pierre Clastres et de David Graeber.Il contribue à mettre à mal les récits civilisationnels faisant de l’émergence de l’État l’outil que les humains auraient construit pour sortir de la « barbarie ». Dans son dernier livre, Homo Domesticus – Une histoire profonde des premiers États, s’appuyant sur de récentes découvertes en archéologie, il montre que « l’État est à l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres ».Il met à mal le « Grand Récit » dominant attribuant à l’État le « bien-être » apporté par l’irrigation, la domestication, l’ordre social. En réalité, la sédentarité a déjà existé plusieurs milliers d’années avant l’agriculture sédentaire, il a fallu attendre ensuite plus de 4 000 ans pour voir apparaître les premières cités-États, dans lesquelles l’État c’est le contrôle des populations, la servitude et la guerre. Monarque, prêtres et collecteurs d’impôts forment l’élite qui vit du travail forcé de ses habitants. Comprendre son origine, c’est découvrir qu’une autre voie était possible et qu’elle l’est encore aujourd’hui. Pour en parler avec nous Charles Macdonald, auteur du livre passionnant L’Ordre contre l’Harmonie – Anthropologie de l’Anarchie et Patrick, du Comité de rédaction du Monde Libertaire [en 2019], dont le dernier numéro contient des recensions de ces deux livres. |
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22 juillet 2024 |
Retransmission de la présentation du nouveau livre de Philippe Pelletier, Figures de l’anarchisme – Femmes et hommes de liberté, édité au Cavalier bleu, qui s’est tenue le 15 juin dernier à la librairie de Monde Libertaire (Publico), 145 rue Amelot, Paris (11e). Présentation sur le site de l’éditeur : « De la fin du XIXe siècle à nos jours, le mouvement libertaire est animé par des hommes et des femmes dont les noms ont marqué ses étapes clés de révolution ou de réforme. Au travers de 22 figures … ˮVingt-deux, v’là les anars !ˮ, plus une, Philippe Pelletier tisse les liens, les moments forts, les compagnonnages et les controverses entre elles. De Virginia Bolten à Stig Dagerman, d’Errico Malatesta à Emma Goldman, en passant par Dario Fo, Sam Mbah ou Murray Boockchin, de l’Europe aux Amériques en passant par l’Asie et l’Afrique, chacune et chacun incarne à sa manière la pensée et l’action anarchiste. Ces femmes et ces hommes ont ainsi contribué à façonner le socialisme libertaire en investissant de nombreux domaines : syndicalisme, gestion directe (autogestion), condition féminine, anti militarisme et antibellicisme, anticolonialisme, instruction, art, théâtre, littérature, ajisme (auberges de jeunesse), environnementalisme. Diplômé en géographie ainsi qu’en langue et civilisation japonaises, Philippe PELLETIER est professeur émérite près l’Université Lyon 2. Outre le Japon, ses travaux actuels portent sur les liens entre écologie et géographie, ainsi que sur les rapports entre géographie et anarchie. » |
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15 juillet 2024 |
Comme tous les ans à cette période de l’année, l’équipe de Trous Noirs est partie aux Reclusiennes à Sainte-Foy-la-Grande, lieu de naissance d’Elisée Reclus, d’où nous vous rapporterons quelques enregistrements. |
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08 juillet 2024 |
Comme tous les ans à cette période de l’année, l’équipe de Trous Noirs est partie aux Reclusiennes à Sainte-Foy-la-Grande, lieu de naissance d’Elisée Reclus, d’où nous vous rapporterons quelques enregistrements. |
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01 juillet 2024 |
À l’occasion du centenaire de la naissance de Michel Ragon (décédé en 2020), la revue Fragments et le Cercle culturel de littérature ouvrière, paysanne et sociale ont organisé un colloque intitulé Michel Ragon – la littérature prolétarienne, l’anarchisme, l’architecture les 8 et 9 juin derniers. Tous les enregistrements sont disponibles sur le site de Radio Libertaire (ˮÉvénements spéciauxˮ). Mais pour que ceux de nos auditeurs n’utilisant pas internet n’en perdent pas tout, Trous Noirs vous propose aujourd’hui un montage composé des interventions de : • Raphaël Romnée (Postier retraité, syndicaliste) : Michel Ragon et mai 68, • Abbi Patrix (Conteur) : sketchs à partir du livre Drôles de métiers, • Christophe Carassou (Comédien) : lecture théâtralisée d’extraits de La Mémoire des vaincus. |
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24 juin 2024 |
Le 13 juin dernier, Sciences Critiques et l’Association française contre l’intelligence artificielle (AFCIA) organisaient une rencontre-débat sur les conséquences du développement de l’intelligence artificielle (IA) sur l’emploi. C’est ce que nous vous proposons d’écouter aujourd’hui. |
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17 juin 2024 |
À l’occasion du centenaire de la naissance de Michel Ragon (décédé en 2020), la revue Fragments et le Cercle culturel de littérature ouvrière, paysanne et sociale ont organisé, les 8 et 9 juin derniers, un colloque intitulé Michel Ragon – la littérature prolétarienne, l’anarchisme, l’architecture. Tous les enregistrements sont disponibles sur le site de Radio Libertaire (ˮÉvénements spéciauxˮ). Mais pour que ceux de nos auditeurs n’utilisant pas internet n’en perdent pas tout, Trous Noirs vous propose aujourd’hui un montage composé des interventions de : • Thierry Maricourt (Écrivain, essayiste, critique) : Michel Ragon, libre et libertaire. • Justine Mangeant (Universitaire) et Martine Minarovits (Bibliothécaire en retraite) : lectures croisées de Les Mouchoirs rouges de Cholet et 1793. |
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10 juin 2024 |
Nous recevons le réalisateur Daniel Kupferstein pour une émission enregistrée le 24 mai dernier. Il était de passage à Paris pour présenter son dernier film Béziers, l’envers du décor, film consacré à la gestion de la ville de Béziers par Robert Ménard, son maire d’extrême droite, vue au travers de son journal municipal. Nous en avons profité pour proposer à Daniel Kupferstein de poser un regard rétrospectif sur son travail en nous attardant sur quelques films de sa riche filmographie. Observateur engagé et impliqué, Daniel fait des films sur des sujets qui l’interrogent, et il se tourne le plus souvent vers ce qui se passe près de chez lui. En revenant souvent sur les mêmes thèmes, il construit un regard sur la durée. Ses films se tournent vers le passé pour mieux regarder le présent. Ils trouvent ainsi un écho dans notre quotidien, et tout particulièrement dans l’actualité de ces derniers mois. Les films réalisés par Daniel s’articulent autour de quatre grandes thématiques qui se recoupent et s’enrichissent : • La Guerre d’Algérie mémoire et blessures. Nous nous attarderons plus particulièrement sur un film qui enquête sur un drame quasiment oublié : réalisé en 2014, Les balles du 14 juillet 1953, raconte comment, au moment de la dislocation d’une manifestation en l’honneur de la Révolution Française, la police parisienne a chargé et tiré sur un cortège de manifestants algériens, tuant sept personnes (6 algériens et un français). • Les Cités et la Cité Balzac de Vitry-sur Seine, avec notamment Dans le regard de l’autre ! en 2009. • Dans Pas en mon nom ! réalisé en 2019, Daniel Kupferstein s’interroge sur l’injonction qui est faite aux personnes d’origine juive de soutenir inconditionnellement l’État d’Israël, lorsque les conflits reprennent au Proche-Orient. Une question éminemment actuelle pour qui refuse de s’enfermer dans cette assignation communautaire, tout en craignant le développement de l’antisémitisme. • En 2023, avec Béziers, l’envers du décor, il observe comment le journal de la ville façonne la ligne politique et idéologique d’une France catholique intégriste, rejetant les musulmans, tout en voulant contrôler et surveiller l’ensemble de ses habitants. Une vision glaçante de l’extrême droite au pouvoir... |
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03 juin 2024 |
Michel Ragon est décédé le 14 février 2020 ; il aurait eu 100 ans cette année. À l’occasion de ce centenaire, la revue Fragments et le Cercle culturel de littérature ouvrière, paysanne et sociale organisent un colloque intitulé Michel Ragon – la littérature prolétarienne, l’anarchisme, l’architecture les 8 et 9 juin prochains à l’AGECA, 117 rue de Charonne, Paris (11e). Radio Libertaire y sera et enregistrera les débats. Aujourd’hui, Trous Noirs vous propose de réécouter l’émission que nous avions enregistrée dans son appartement parisien et diffusée le 17 mai 2010. Né dans une famille paysanne vendéenne très pauvre, tout jeune il se passionne pour la littérature, la peinture, la poésie. À Paris, il exerce de « drôles de métiers » avant de devenir bouquiniste sur les quais de la Seine. Il publie des romans, fait des rencontres, des voyages, partage dans des revues ses enthousiasmes : anarchisme, littérature prolétarienne, art abstrait, architecture, dessin satirique. Proche de Louis Lecoin, il l’aide financièrement à fonder le journal Liberté. Antimilitariste et pacifiste, il collabore au Monde Libertaire et soutient Radio Libertaire. Parmi ses nombreux romans La mémoire des vaincus, à lire absolument, est une histoire romancée basée sur les faits réels du mouvement anarchiste de la première moitié du XXe siècle. |
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27 mai 2024 |
Une ”cybervie” artificielle omniprésente s’efforce de faire de nous des individus connectés, voire des objets connectés. Les nouvelles générations sont capturées dès le plus jeune âge : on fabrique des poussettes avec un support pour smartphone ! La moitié des Français consulte leur smartphone au moins toutes les 10 minutes, y compris à table, dans la rue, le métro, à l’école… Avec 9 milliards d’appareils dans le monde, la planète devient ”smart”. Pour qu’un utilisateur puisse accéder à diverses ressources il est nécessaire d’utiliser un moteur de recherche. À sa création en 1998 dans la Silicon Valley, Google disposait du plus performant, ce qui lui a permis de passer de 10 000 requêtes par jour à des milliards aujourd’hui (80 % des recherches web aux États-Unis). Ces milliards de milliards de données numériques sont stockées et traitées dans des ”data center”, dont les plus récents consomment l’équivalent de l’électricité d’une ville de plusieurs dizaines de milliers d’habitants. Des algorithmes constituent le profil de chaque utilisateur afin de personnaliser les offres de consommation. Cet aspect économique s’accompagne d’une surveillance politique qui intéresse les États pour contrôler leurs citoyens. Cette double domination du ”Nouvel âge digital” conforte le système capitaliste et tend à faire de nous des individus prévisibles et résignés. Philippe Godard, notre invité, est l’auteur de Le pouvoir selon Google, paru aux Éditions du Monde Libertaire. |
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20 mai 2024 |
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13 mai 2024 |
Pour galvaniser l’unité nationale soutenant l’invasion de l’Ukraine, Poutine exalte la ”Grande Guerre patriotique” contre l’Allemagne nazie, particulièrement les habitants de Leningrad ”défenseurs héroïques de Leningrad assiégée, symboles du courage et de l’amour sacré du peuple pour sa patrie”. Quelques années plus tôt un survivant, enfant pendant le blocus, rappelait : ”On n’était en rien des héros, on survivait”. Poutine rejoint ainsi l’utilisation politique par ses prédécesseurs, notamment en 1944, des terribles souffrances de centaines de milliers de civils : ”Pas un instant ils n’ont douté de la Victoire, parce qu’ils savaient que le grand Staline était avec eux”. Sarah Gruszka, qui y a fait de longs séjours, a notamment questionné les enfants d’une classe en 2018, leur demandant de choisir un mot évoquant le siège de Leningrad ; leurs réponses : famine, pain, larmes, horreur, souffrances, mort, froid, survie... Faire entendre les voix des assiégés, ”humains jetés dans les tourments de l’Histoire”, rejoignant celles des victimes du goulag, des camps de concentration, d’Ukraine, de Gaza, prend une dimension universelle. Elle a consulté dans divers centres d’archives de la ville plus de 400 journaux intimes tenus pendant le blocus, contredisant totalement l’instrumentalisation par le discours officiel des morts pendant le siège (leur nombre, estimé à 800 000, est ”secret défense”). Ses recherches ont abouti à soutenir une thèse de doctorat fin 2019 : ”Voix du pouvoir, voix de l’intime. Les journaux personnels du siège de Leningrad (1941-1944)”. Nous la recevons pour présenter le livre qui en est issu : Le siège de Leningrad Septembre 1941 - Janvier 1944. Elle le dédie aux ”blokadniki” (assiégés). |
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06 mai 2024 |
Le Lycée autogéré de Paris (LAP) est en grave danger : le rectorat a engagé une procédure disciplinaire contre quatre enseignants pour ”méconnaissance du devoir d’obéissance”, avec interdiction de se rendre au lycée, de rentrer en contact avec leurs collègues et élèves. Mais c’est l’ensemble du fonctionnement du lycée qui est remis en cause et le rectorat veut en imposer de nouvelles modalités à la prochaine rentrée, en supprimant tous les aspects autogestionnaires : gestion collective de tout ce qui concerne la vie de l’établissement, pas de hiérarchie, de proviseur, de surveillants, de notes, de compétition. Dès juin 2022 il avait refusé de renouveler la convention en vigueur depuis 2011, puis de prendre en compte les propositions des membres du LAP faites pendant l’année scolaire suivante. Le LAP, 42 ans d’existence, est l’aboutissement de réflexions et d’échanges dans les années 1960 entre des enseignants acquis à la méthode Freinet et souhaitant la création de lycées aux antipodes du ”lycée caserne” : ”Le lycée est un lieu qui fabrique des moutons ou des casseurs, on se soumet ou on explose”. Parmi eux, deux professeurs de Saint-Nazaire, André Daniel et Gaby Cohn-Bendit. Ils obtiennent en 1982 d’Alain Savary, ministre de l’Éducation nationale, la création de quatre établissements expérimentaux, dont le Lycée expérimental de Saint-Nazaire et le LAP. C’est cette alternative pour enseignants ne supportant plus le système scolaire tel qu’il est et élèves ”revenus de tout sans être allés nulle part” que l’État veut faire disparaître. Pascal, enseignant au LAP, est notre invité. |
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29 avril 2024 |
Les animateurs de trois nouvelles émissions sont présents dans le studio : - Mathieu pour Le nucléaire et son monde ”Politique, éthique, sociologique et un peu technique aussi, multiplions les regards sur le nucléaire. Nucléaire et démocratie ne font pas bon ménage. Nucléaire et paix non plus. Place de la science et des scientifiques dans nos sociétés modernes, responsabilité auprès des générations futures, nature des risques... les questions ne manquent pas quand on aborde le sujet du nucléaire”. - Yves pour Gabriel, Maurice, Claude et les autres ”Les compositeurs français de la fin du XIXe siècle furent influencés par de nombreux apports exotiques (musique orientales et extrême-orientale pour Debussy par exemple), ou par le jazz, comme Ravel, ou plus tard Dimitri Chostakovitch ou Sergueï Rachmaninoff. Ils eurent une influence énorme sur d’autres expressions artistiques : peinture, sculpture, poésie, cinéma naissant, théâtre, danse, apportant une nouvelle vision poétique, spirituelle et politique”. - Christophe pour Soul power ”Soul Power est consacrée aux implications socio-politiques des musiques noires américaines. À la fois témoignage des réalités sociales et célébration de l’identité noire, la musique a toujours été un puissant instrument de combats contre les injustices structurelles. Au-delà de faire danser ou de vendre des disques, la soul, le jazz ou le hip-hop expriment avant tout l’aspiration à un changement social”. |
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22 avril 2024 |
Revue des Revues n°2 Les Revues peuvent avoir des vies très brèves, un numéro, ou très longues, plus d’un siècle... Leur diffusion est souvent modeste, parfois confidentielle, leur lectorat aléatoire... Pourtant, chaque année, de nouvelles aventures éditoriales et économiques voient le jour, avec enthousiasme toujours. Il y a deux ans, dans Tous Noirs (mars 2022) nous avions invité quelques revues pour les faire connaître, comprendre leurs projets et leurs ambitions. Ce lundi 22 avril, nous renouvelons l’initiative en invitant trois revues à notre table radiophonique : Jehan (animateur de Ondes de choc, le lundi de 14h30 à 16h, s’accrochera au micro jusqu’à 18h pour présenter la Revue In Toto, et tout particulièrement le n°5 paru en décembre 2023, et le très bel hommage qu’il rend à son compère Jymmy Gladiator, Aka Lord Jim, et dont la devise était « Ni Dieu, ni maître, sauf maître Kanter ». Rachid Ouadah, pour la revue Zélium, irrégulomadaire bête et méchant, qui se définit comme un journal satirique à thèmes, mêlant textes et dessins. Au sommaire du n°12, « Folies Humaines et Règne Animal ». https://www.zelium.info/ Daniel Pinos et Mireille Mercier viendront présenter Chroniques Noir et Rouge, revue trimestrielle de critique bibliographique du mouvement libertaire dont ils sont des contributeurs réguliers ; revue qui vient de publier sont n°16 en mars 2024. https://editionsnoiretrouge.com/download/chroniques16.pdf |
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15 avril 2024 |
Le 26 avril 1986, l’explosion d’un réacteur de la centrale Lénine de Tchernobyl produit la plus grande catastrophe nucléaire de tous les temps. Aujourd’hui, près de 4 décennies plus tard, les enfants de la région développent diverses maladies. Yves Lenoir, président de l’association ”Enfants de Tchernobyl Belarus” en présente la réalité dans ”Effets à long terme du déni des effets des radiations, le cas Tchernobyl”, contribution à La pieuvre nucléaire (Éditions du Monde Libertaire), coordonné par le réseau Makhno. Alors que les nucléocrates tentent désespérément de prolonger l’ère atomique, il est essentiel de proposer au plus grand nombre des informations précises pour combattre les mensonges d’État sur les graves dangers de ces êtres radioactifs, qui concernent de très nombreuses générations. C’est l’objectif des contributeurs de ce livre, tous engagés depuis longtemps dans la lutte contre la pieuvre nucléaire. Sont ainsi abordés : fausses promesses du nucléaire ; risques de la production d’électricité d’origine nucléaire ; les travailleurs du nucléaire ; instrumentalisation de la question climatique ; Fukushima : la résilience technologie du consentement ; le nucléaire, nouvelle époque de l’Histoire. Les libertaires ont été présents depuis les années 1970, rappelant que le nucléaire, civil ou militaire, implique décisions autoritaires, secrets d’État et contrôle policier. Une ”Coordination nationale antinucléaire” a été créée en juin 2023 pour mieux fédérer les actions des divers groupes locaux. La Fédération anarchiste y participe depuis l’origine : conférences-débat, dossiers dans Le Monde Libertaire, émissions sur Radio Libertaire... Protons, neutrons et électrons seront donc présents dans le studio. |
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08 avril 2024 |
Émission en hommage à Américo Nunes Décédé en février dernier, Américo Nunes est né au Mozambique en 1939. Il a vécu au Portugal, à Alger puis en France, où il sera enseignant universitaire à partir de 1972. Proche du groupe Socialisme ou Barbarie et de l’Internationale situationniste, il s’est intéressé aux théories du communisme des conseils et des thèses de l’Internationale situationniste. Nous rediffusons une émission que nous avions faite le 13 décembre 2010 : Il y a 100 ans, campesinos avec Zapata, bandoleros avec Villa, anarcho-communistes avec Flores Magon entament la Révolution mexicaine. Cette lutte des pauvres contre l’oligarchie financière, le Clergé et le capital est évoquée par Américo Nunes, auteur de « Les révolutions du Mexique ». |
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01 avril 2024 |
Sud Mayenne : un couple de paysans dans une petite ferme en agriculture biologique avec 30 vaches laitières. Leur fille Maëlle 26 ans, après quelques tranches de vie en Nouvelle-Zélande, Andalousie, Madagascar, est de retour : ses parents partant bientôt en retraire, elle décide de préparer sa reconversion vers l’agriculture paysanne. Désirant conjuguer idéaux paysans, gestion collective et revitalisation des territoires ruraux, elle part 5 mois en vélo dans la région ouest pour un périple de 3 000 km vers ceux qui pratiquent une agriculture en phase avec le vivant dans des fermes collectives, GAEC, coopératives, tiers-lieux... Participant à leurs activités, gîte, couvert et échanges passionnants lui sont offerts. Elle partage son aventure sur un site appelé Grains de route (du malgache ”Voandalana”), ceux que l’on sème pour faire germer nos rêves. Prolongeant son voyage jusque dans les studios de Radio Libertaire, Maëlle évoque pour nous plusieurs de ses rencontres. Quelques exemples : Un couple de deux naturalistes installés depuis 5 ans en agroécologie dans le ”Champ des Possibles” : maraîchage, pain à la ferme, traction animale, ventes directes (AMAP, épiceries et restaurants locaux). Cinq associés, les ”Radis & Co”, usufruitiers d’une belle ferme aux bords de la Mayenne. Installés en polyculture-élevage sur des terres achetées par ”Terre de liens”, ils produisent et vendent localement une alimentation de base : une quarantaine de légumes, céréales transformées en pain, farine, galettes ; viande de bœuf, veaux, porcs, produits laitiers. Nous les avions rencontrés quelques mois après leur installation (émissions des 26 septembre et 3 octobre 2011) et sommes ravis d’apprendre qu’ils ont relancé une dynamique dans le bourg de Monflours : brasserie associative, lieu partagé, atelier de vannerie, marché de producteurs... Ces nouvelles générations de paysans mettent en place des projets hors du modèle dominant de l’agro-industrie (énormes surfaces, monoculture, mécanisation onéreuse, intrants chimiques) : petites ou moyennes surfaces, diversification des activités, conservation de la biodiversité, production d’une alimentation respectant la santé du vivant (humains, animaux, plantes), ventes directes, vie collective permettant entraide, gestion des liens humains et temps pour soi... Alors, tentés par un retour à la terre ? |
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25 mars 2024 |
Tchernobyl, 26 avril 1986, 1h23 min 45 sec, le réacteur n°4 de la centrale Lénine explose ; trois ans auparavant l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) l’avait qualifié de ”grande sécurité”. Protéger l’industrie nucléaire et éviter la panique des populations, tels sont alors les objectifs immédiats des organismes internationaux accompagnant depuis la seconde Guerre mondiale l’entrée dans l’ère atomique : la Commission internationale de protection (CIPR), le Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des rayonnements ionisants (UNSCEAR), l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Réunis à Copenhague le 6 mai 1986, leurs experts étaient formels, précisant ”les actions qui ne se justifient pas actuellement” : rester à l’intérieur des locaux, ne pas inhaler des poussières dans les travaux extérieurs, éviter la consommation d’eaux de surface ou souterraines pour la boisson, prendre des comprimés d’iode. La messe irradieuse est dite : ”les conséquences sanitaires seront insignifiantes”, ”la société pourrait bien considérer cette liste de pertes humaines comme un prix acceptable pour une énergie bon marché et propre”, AIEA août 1986. La maladie à combattre est ”le syndrome de radio-phobie pouvant faire peser une menace sur la santé plus grande que l’exposition aux radiations”, AIEA avril 1987. Par la suite, les décès et maladies des liquidateurs et des populations des zones irradiées se multipliant, les ”experts” des organismes internationaux, couverts par le label OMS, utilisent leurs connaissances en intoxication, manipulation et secret pour rédiger des rapports rassurants. Plus tard, le ”bilan définitif” sera publié dans le Chernobyl forum report ”Tchernobyl : l’ampleur réelle de l’accident 20 ans après”. Dénombrant moins de 50 décès suite à la catastrophe, le déni des détriments de Tchrenobyl est ainsi gravé dans le marbre : ”aucune incidence grave sur la santé du reste de la population des zones avoisinantes, ni de contamination de grande ampleur”. Nous recevons Yves Lenoir, président de l’association Enfants de Tchernobyl Belarus et auteur de Tchernobyl-sur-Seine et de La comédie atomique - l’histoire occultée des dangers des radiations. |
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18 mars 2024 |
Jean-Marc Royer a entamé en mars 2022 ses Carnets de Guerre, essai d’histoire immédiate afin de décrire et analyser l’évolution de la situation après l’agression russe en Ukraine. Le numéro 14 intitulé ”Du goulag polaire aux sous-sols d’une centrale nucléaire” vient d’être publié, deux ans plus tard. Ils peuvent être regroupés entre quatre rubriques : - Les antériorités de la guerre d’agression - La Russie de Poutine, ses idéologues et ses suppôts - Les dimensions nucléaires de la guerre - La guerre que le peuple ukrainien affronte Sur ce dernier point qui traite de l’actualité, Jean-Marc Royer resitue la guerre d’usure imposée au peuple ukrainien dans un cadre géopolitique qui montre les États-Unis s’en désintéressant progressivement et l’Europe n’ayant pas les moyens militaires de prendre la relève. Dans la période actuelle, on doit s’interroger sur la redistribution des rapports de force en cours entre impérialismes. Depuis l’effondrement du capitalisme d’État soviéto-stalinien, ”la contre-révolution néolibérale est devenue internationalement dominante”. La nature du pouvoir et le mode de gouvernement évoluent et le dégoût pour le ”sérail politicien” classique se traduit par la montée en puissance de clans représentés par Bolsonaro, Poutine, Milei, Modi, Trump... dont les choix politiques sont difficilement prévisibles et risquent d’entraîner de graves conséquences pour les populations de nombreux pays. |
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11 mars 2024 |
Sylvain Boulouque, historien spécialiste du communisme, de l’anarchisme et du syndicalisme a publié récemment Meurtres à la Grange-aux-Belles - Quand les communistes flinguaient les anarchistes. À l’occasion du centième anniversaire d’un événement où ”pour la première fois en France des ouvriers ont tiré sur d’autres ouvriers”, causant la mort de deux anarchistes et plusieurs blessés graves, il présente de nombreux documents permettant de reconstituer ce qui s’est passé le 11 janvier 1924 lors d’un meeting appelé par le Parti communiste dans la grande salle du siège de la CGTU (Confédération générale du travail unitaire) à Paris : témoignages, rapports de police, articles de l’Humanité (organe officiel du PCF) et du Libertaire (alors quotidien). Cet épisode sanglant intervient dans une période particulièrement conflictuelle dans le mouvement ouvrier : Sur le plan politique, au Congrès de Tours de décembre 1920, une majorité de membres de la SFIO créent la SFIC (Section française de l’Internationale communiste) liée au Komintern (Internationale communiste), entérinant un alignement inconditionnel sur la politique décidée à Moscou. Sur le plan syndical, la bolchévisation de la CGTU est confirmée à son IIè congrès à Bourges où est votée l’adhésion à l’ISR (Internationale syndicale rouge) inféodée au Komintern, malgré l’opposition de la minorité syndicaliste révolutionnaire. Ainsi l’utilisation de la violence par les communistes résonne fortement avec les connaissances qu’ont les anarchistes de la réalité de la dictature bolchevique sur le prolétariat russe, notamment à Kronstadt et en Ukraine. Par la suite, beaucoup de syndicalistes libertaires vont quitter la CGTU, ce qui accentuera encore la main-mise des communistes sur le syndicat. Les coups de feu tirés à la Grange-aux-Belles y ont certainement joué un grand rôle. En rappeler le déroulement est d’autant plus important que la vérité à longtemps été occultée par les mensonges, le journal L’Humanité par exemple accusant du crime des provocateurs qui, ”sous le masque de l’anarchie ouvrent la voie au fascisme”... |
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04 mars 2024 |
”Moins que jamais l’école n’est le lieu de l’émancipation individuelle. On y apprend le rendement, l’adaptabilité, la mise sous pression : au lieu de têtes bien faites, la taylorisation des neurones”. Cette phrase figure dans La déconstruction de l’école - Journal d’un enseignant français 2021-2022, ouvrage de Renaud Garcia, professeur de philosophie ”par vocation”. Il constate l’obsolescence programmée d’un métier qui repose à l’origine sur la relation vivante avec les jeunes. L’accélération s’en fait particulièrement sentir dans la période récente, facilitée par la gestion étatique de la Covid et par la religion du numérique. Ceux qui résistent sont des perturbateurs, pour l’administration comme pour la majorité des élèves et de leurs parents. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation pendant 5 ans, a été un ”officier zélé de la technocratie en marche”. Pour le bac, l’importance d’options de spécialités, dont les résultats sont connus en mars, limitent l’intérêt des élèves aux six premiers mois, l’obsession de la note étant devenue prégnante avec le rendez-vous incontournable avec le logiciel Parcoursup. L’angoisse des élèves et de leurs parents est d’autant plus grande que les algorithmes gérant la sélection des demandes sont secrets et peuvent varier d’un établissement à l’autre. Après plusieurs années d’utilisation, un sondage montre qu’une forte majorité le jugent stressant, injuste et inégalitaire. Le fond d’investissement Educapital signale que l’enseignement scolaire est le marché ayant le plus gros potentiel en France. Parmi les innovations auxquelles doivent se soumettre les professeurs : le logiciel Santorin qui impose sur écran une correction des copies scannées ; le logiciel Pronote où est saisie en direct la vie scolaire : notes, absences, emplois du temps, cours en ligne..., obligeant une consultation régulière sur écran induisant inquiétude des élèves, conflits professeurs-parents, espionnage par l’administration ; le logiciel Pix permettant d’évaluer et d’améliorer son ”profil Pix”, reflet de sa maîtrise du numérique. Renaud Garcia nous rappelle plus largement que ”les dernières innovations technologiques entrant dans le champ des espaces numériques se diffusent comme un long poison inodore”. |
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26 février 2024 |
Ange Pottin, jeune chercheur en postdoctorat à l’Université de Vienne (Autriche), s’intéresse aux résidus de l’industrie nucléaire française. Vient de paraître Le Nucléaire imaginé - Le rêve du capitalisme sans Terre, prolongement de sa thèse consacrée au cycle des déchets nucléaires et aux faux espoirs de les réutiliser indéfiniment en les retraitant et en évoquant le mirage du surgénérateur, pourtant un fiasco mémorable (Superphénix définitivement arrêté en 1997). Il analyse la rhétorique actuelle des nucléocrates, qui s’articule autour de la défense du climat et de la souveraineté énergétique. En rappelant les réalités concrètes de cette industrie, il déconstruit un tel discours, rapporté avec zèle par les médias complaisants. Il montre les signes de faiblesse qui se multiplient concernant les capacités à assurer la sécurité des installations vieillissantes, à en construire de nouvelles, et à gérer pour des milliers d’années les déchets stockés et retraités à La Hague ainsi que ceux enfouis à Bure. La fumée repeinte en vert qui s’échappe des réacteurs ne peut faire oublier que ”cette énergie est symptomatique d’un capitalisme industriel traversé par une étrange contradiction : tout en promettant l’indépendance vis-à-vis de la Terre, il étend sans cesse sa pesante emprise terrestre”. |
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19 février 2024 |
Après LʼOrdre contre lʼHarmonie – Anthropologie de lʼAnarchie, un autre ouvrage de Charles Macdonald va sortir au printemps prochain, L’autorité sans le pouvoir - Anthropologie critique, perspectives libertaires. Afin de mieux comprendre le présent il développe une hypothèse sur la source et l’origine de l’organisation humaine : ”la modernité peut devenir plus intelligible dans la perspective d’une théorisation de l’anarchie, qui s’avère l’une des idées les plus productives que j’aie jamais rencontrées dans ma carrière d’anthropologue professionnel”. Il rappelle que ”les êtres humains peuvent vivre et ont vécu très longtemps non pas dans une structure sociale rigide et mécanique, mais dans le respect de valeurs propices à un mode de vie libre, ouvert, égalitaire, solidaire. C’est ce qui survit dans le cœur de beaucoup et apparaît chaque fois que l’État faiblit”. Il présente les principes de la vie collective anarchique : partage, égalité, fraternité, autonomie, liberté, solidarité, pacifisme, par lesquels le ”primitif”, le ”sauvage” construisait et maintenait l’harmonie collective. À l’opposé, dans la continuité de la société marchande du Moyen-Âge, du capitalisme industriel de 19è siècle et du capital financier d’aujourd’hui, les principes socio-hiérarchiques ont transféré les liens de dépendance personnelle à une entité abstraire transcendante dotée d’une valeur suprême : Dieu, Nation, État, Patrie, Devoir, Obéissance, Honneur... Nous lui devons une loyauté indéfectible, intériorisée par beaucoup et imposé par la contrainte aux autres. Pour Charles Macdonald ”le sauvage moderne civilisé est le bureaucrate, le fanatique religieux, le patriote”, mais il nʼexiste aucune prédestination dans la ”nature” de lʼHomo Sapiens pour une telle forme de vie hiérarchisée, individualisée, marchandisée car ”l’anarchie, une société sans gouvernement, existe depuis des temps immémoriaux” et ”le sauvage moderne non civilisé est l’anarchique, celui qui vit en la plupart d’entre nous”. |
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12 février 2024 |
Exceptionnellement, cette émission sera constituée de deux parties : la première nous emmènera à la découverte d’une estive en Ariège ; la seconde est un hommage à Claude Villers décédé le 16 décembre 2023 et enregistré par l’équipe de Trous Noirs à l’occasion des Reclusiennes en 2013 et 2015. Première partie : Jean Samouillan est documentariste et s’intéresse au mouvement néo-rural dans les Pyrénées ariégeoises. Il a notamment rencontré Paulo et Martine Garcia qui vivent de leur élevage de chèvres depuis le mouvement des communautés des années 70. Dans leur ferme-ressource, il accueillent des stagiaires qui se perfectionnent dans l’élevage caprin et la fabrication de fromages, frais ou en tomme. Les accompagnant pour la transhumance annuelle menant le troupeau de plusieurs élevages à l’estive en altitude, il y rencontre un collectif de quatre jeunes bergers qui ont choisi cette existence pour partager une vie riche, respectueuse de la nature, des animaux et de la planète. Mais l’ancienne fromagerie qu’ils aménagent ne correspond pas aux normes et il doivent en construire une nouvelle. Ils se servent des pierres et des arbres de la montagne pour en réaliser la structure à l’aide d’un chantier participatif. Dans La réponse des bergers Jean Samouillan nous transmet son plaisir de leur donner la parole et de filmer chèvres, chiens, cochons, équidés... et la montagne, si belle. Seconde partie : En 2013, lors de la première édition des Reclusiennes à Sainte-Foy-la-Grande (lieu de naissance d’Elisée Reclus), Claude Villers animait une table ronde consacrée à Reclus et les Amériques ; nous en écouterons l’introduction. En 2015, de retour aux Reclusiennes, il était interviewé par Lydia Ben Ytzhak et répondait aux questions du public. |
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05 février 2024 |
Après avoir reçu Harry Bernas pour son ouvrage Les merveilleux nuages - Que faire du nucléaire ?, nous le retrouvons pour parler de L’île au bonheur - Hommes, atomes et cécité volontaire. Dans ce livre se mêlent ”bribes de sa vie”, enchaînement des faits qui ont mené à Fukushima et chemins de scientifiques menant vers ”un présent et une science lestés par la bombe”. Le projet Manhattan, lancé par Roosevelt, a permis à la Sainte-Alliance militaires, industriels et scientifiques de réaliser cette extraordinaire expérience scientifique ”in vivo” sur le Japon, démontrant au monde la supériorité américaine. Quelques déclarations émerveillées après l’essai Trinity au Nouveau-Mexique : ”Dieu a confié aux États-Unis de conduire le monde, la bombe est la baguette magique qui en garantira le succès”, le physicien Arthur Compton ; après la ”réussite” du largage de ”Little boy” sur Hiroshima : ”Ce que nous venons de faire est le plus grand succès de la science organisée, le président Harry Truman et ”C’est le début d’un ère nouvelle. Cette découverte aura peut-être pour l’avenir de la civilisation une importance comparable à celle qui permit aux hommes de maîtriser le feu”, le philosophe des sciences Paul Langevin. Oppenheimer, directeur scientifique du projet, déclarera deux années plus tard : ”Un véritable scientifique estime qu’il est bon d’offrir à l’espèce humaine la plus grande puissance possible afin de contrôler le monde, de le gérer en fonction de ses lumières et de ses valeurs”. En fait, il l’a remise entre les mains d’un tout petit nombre d’hommes de pouvoir. Par la suite, certains conseillers, tel le ”thin-tank” RAND, proposent de développer l’énergie nucléaire : ”Se servir de l’atome dans un contexte domestique ou hospitalier le fera admettre sur le champ de bataille”. Malgré l’avertissement du physicien Enrico Fermi : ”Il n’est pas évident que le public acceptera une source d’énergie qui engendre autant de radioactivité et qui est susceptible d’être détournée pour fabriquer des bombes”, le 8 décembre 1953 le président Eisenhower prononce son discours ”Atom for peace” aux Nations Unies. En plus des États-Unis et de l’URSS, la France, la Grande-Bretagne et... le Japon vont se précipiter pour construire des réacteurs nucléaires, court-circuitant les études nécessaires pour en estimer la sûreté et le coût réel. Après le désastre de Fukushima, la Commission d’investigation parlementaire rappellera : ”Ayant une foi aveugle en la puissance technologique du pays, nous avons échoué à mesurer le risque de construire des réacteurs nucléaires dans un pays sujet aux tremblements de terre”. Harry Bernas nous rappelle dans son livre qu’on est passé ”de la cécité volontaire à l’aveuglement imposé” et qu’ en matière de déni Fukushima (”Île au bonheur”) rime avec Hiroshima. |
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29 janvier 2024 |
Guy Chapouillié, après des études à l’Institut agronomique de Paris et à l’Université, soutient deux thèses au croisement du monde paysan et du cinéma. Plus tard, il fonde l’École supérieure d’audiovisuel de l’Université de Toulouse. Faisant le choix d’un cinéma ”qui s’efforce de fixer les enjeux de la représentation au niveau où se situent ceux des transformations sociales”, il a réalisé de nombreux films, beaucoup montrant la vie et les luttes des agriculteurs, la rente dégagée par leur travail étant ”détournée au profit des banques et des industries agroalimentaires”. Ces dernières années, dans leurs fermes, leurs étables, leurs champs, leurs vignes, leurs alpages, avec sa compagne Dominique Bricard, il a partagé le quotidien de ceux qui tournent le dos au productivisme qui ”lessive les humains et déchire le tissu rural”. Son documentaire Prendre soin de la terre montre comment ils cultivent et élèvent afin de ”prendre soin de la terre, prendre soin de soi et prendre soin des autres”. La recherche d’une harmonie entre nature et humains se concrétise dans leurs divers choix : bio, biodynamie, circuit court, ferme collective... Ils la partagent avec une grande variété d’espèces animales, brebis, chevaux, poules, canards, vaches, cochons, chats, chiens... et connaissent l’importance de la faune dans le sol pour la qualité du terroir, que l’agriculture industrielle détruit. Ainsi Pierrick fustige une porcherie industrielle : ”ils arrivent le matin, allument l’ordinateur pour voir ce qu’il y a à faire ; le côté charnel, tactile, de sensibilité disparaît”. Éleveur de vaches pie noire en Bretagne, il participe à relancer cette race rustique : ”on produit différemment, on commercialise différemment, pour vivre différemment, être autonome, proposer une bonne nourriture”. Montrant avec émotion haies, arbres, animaux qui l’entourent, il poursuit : ”C’est ça la vie, toute cette richesse. On doit accompagner la nature et non pas la contraindre”. Guy Chapouillié décrit tous ceux qui témoignent, dans ce très beau film, de leur vécu et de leurs espoirs : ”ils donnent corps à une société nouvelle, plus fraternelle, plus partageuse, soucieuse de transmettre une terre saine et grosse de promesses”. |
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22 janvier 2024 |
”L’indépendance de pensée et d’expression que je rencontrai dans le Jura suisse m’interpellèrent d’autant plus fort ; et après quelques semaines passées auprès des horlogers, mon opinion était certaine : j’étais un anarchiste”, Pierre Kropotkine 1877. Désordres, film du réalisateur suisse Cyril Schäublin dont la famille travaillait dans l’horlogerie, a pour titre original Unrueh qui signifie ”le balancier” (d’une montre) et aussi ”l’émeute” en langue allemande. Ce très beau long métrage aborde le travail de l’horlogerie dans le vallon de Saint-Imier en 1872, période charnière entre deux époques : les ouvriers se retrouvent progressivement dans des fabriques où s’installe le chronométrage de leurs gestes afin d’augmenter les cadences, les déposséder de leur savoir-faire, les rendant ainsi interchangeables. Dans un atelier voisin, les ouvriers et ouvrières anarchistes organisés en coopérative lisent à tour de rôle les journaux pendant leur travail, échangent les nouvelles sur les luttes collectives et organisent la solidarité internationale par des caisses de grève. Ils appartiennent à une des 120 sections de l’Association internationale des travailleurs (AIT) en Suisse regroupant alors 10 000 adhérents et ayant un rôle essentiel dans le mouvement ouvrier international. Des bâtiments du XIXè siècle, des costumes d’époque et de nombreux acteurs amateurs de la région, dont Michel Nemitz de la ”Fédération libertaire des montagnes” en crieur public, reconstituent la vie quotidienne de ce petit bourg si particulier, où le mélange des langues, français, suisse allemand, russe, traduit la forte immigration dans le Jura afin de travailler dans l’horlogerie. Alors âgé de 30 ans, Pierre Kropotkine membre de la Société géographique de Saint‑Pétersbourg, fait un premier voyage en Suisse en 1872. Dans le film, il se promène autour de Saint‑Imier pour établir une carte intégrant les noms de lieux-dits, ignorés par la carte officielle. On le suit dans ses promenades et ses rencontres de militants anarchistes, d’une ouvrière horlogère, d’une magnifique forêt voisine. Il a aujourd’hui dirigé ses pas vers les studios de Radio Libertaire sous les traits d’Alexei Evstratov, qu’il a choisi avec bonheur pour jouer son rôle. |
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15 janvier 2024 |
La traduction en français du livre Les veines ouvertes de l’Amérique latine en 1981 avait eu un écho très important. Son auteur Eduardo Galeano, journaliste et écrivain, y dénonçait la spoliation des richesses du continent américain, de la colonisation espagnole jusqu’aux ravages de l’impérialisme. Depuis quelques années, les Éditions du Québec Lux ont entrepris de publier en français d’autres ouvrages majeurs de cet auteur, décédé à Montevideo en 2015. Nous présentons aujourd’hui Sens dessus dessous. L’école du monde à l’envers, dans lequel il décrit le monde qui est le nôtre : exacerbation des injustices et des inégalités, dévastation de la planète, haines sexiste et raciste, règne de la domination et de l’exploitation par des élites politiques et économiques, violence et guerres partout présentes... Avec humour et sarcasme, il déplore : ”le XXème siècle né sous le signe de la révolution est mort marqué par le désespoir”. Ce ”monde à l’envers” nous fait perdre espoir en la capacité humaine de changer l’Histoire car il ”nous apprend à subir la réalité au lieu de la changer, oublier le passé au lieu de l’écouter et accepter l’avenir au lieu de l’imaginer”. Refusant de ”s’agenouiller devant l’un des deux autels”, capitalisme libéral ou capitalisme d’État, il s’intéresse aux mouvements sociaux alternatifs, tels les communauté zapatistes au Mexique et les ”sans-terre” au Brésil. Pour nous en parler, nous recevons Lydia Ben Ytzhak, traductrice d’un ouvrage encore plus d’actualité aujourd’hui, le capitalisme mondial étendant ses crimes partout dans le monde. |
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08 janvier 2024 |
La fabrique du progrès - Scientisme, système technicien et capitalisme vert de notre invité, Arthur Guerber, correspond à un long travail qu’il a réalisé pour analyser le rôle des sciences dans l’évolution de nos sociétés. Il souhaite contribuer à ”éveiller notre sens critique face au discours dominant”. Il remet en cause une certaine vision du progrès, liée à une philosophie linéaire et finaliste de l’Histoire, dont le marxisme s’est nourri pour tenter d’imposer sa vision du ”socialisme scientifique”. Aujourd’hui le capitalisme occidental, vantant les bienfaits miraculeux de la technologie, substitue à la foi religieuse vieillissante une foi scientifique ”moderne” : le scientisme. Le sujet de cet ouvrage est d’une actualité que chacun peut constater, dans laquelle s’accélère chaque jour la dérive technocratique du pouvoir. Ainsi, pour Arthur Guerber, le déploiement effréné des technologies numériques par les industriels et l’État ”constitue la plus grande menace sur les libertés”. Dans les deux premières parties il analyse l’histoire des sciences et leurs limites et comment s’est installé le mythe d’une technologie rédemptrice. Une seconde émission évoquera ces sujets. Les échanges d’aujourd’hui portent sur le développement du capitalisme vert, sur la naturalisation des problèmes sociaux et sur la culpabilisation individuelle du consommateur afin de lui faire accepter une gouvernance environnementale mondiale. Sont présentés les impasses de divers courants écologistes : l’écologie catastrophiste, l’écologie individualiste, l’écologie politique des ”Verts”, l’écologie profonde. Le dernier chapitre, reprenant notamment certaines propositions de l’écologie sociale de Murray Bookchin, évoque une écologie anarchiste bien illustrée par la phrase du géographe anarchiste Élisée Reclus : ”L’homme est la nature prenant conscience d’elle-même”. |
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01 janvier 2024 |
Rediffusion de l’émission du 13 novembre 2023. Nous recevons aujourd’hui Roland Nurier pour son film Yallah Gaza, en salle depuis le mercredi 8 novembre dernier. Yallah Gaza est son second film, après Le Char et l’Olivier (2018). Nul doute que le réalisateur aurait préféré une période plus sereine pour présenter son film. Avec Le Char et l’Olivier, Roland Nurier s’employait à apporter un éclairage documenté sur l’histoire de la Palestine et à expliquer les origines d’une guerre qui dure depuis 75 ans. Apprendre du passé pour comprendre le présent ! C’est un peu la même devise qui l’incite à consacrer un film à Gaza. Car si l’enclave fait bien partie de la Palestine historique, elle s’en distingue par bien des singularités. Roland Nurier nous fait le portrait de ce territoire particulier, à rebours, ou plutôt à distance des clichés véhiculés par les médias dominants. Un éclairage nécessaire et utile en ces temps de pensée unique. Historiens, journalistes ou chercheurs, comme Jean Pierre Filiu, Sylvain Cypel, Leila Seurat ou le Gazoui Gassan Wishah se succèdent pour rappeler les grandes dates de l’histoire de Gaza. Les activistes israéliens se relaient avec les Gazaouis pour dénoncer les conditions de vie qui sont faites à ce territoire sous blocus depuis 17 ans. Roland Nurier n’a pas été autorisé à se rendre à Gaza, mais il a pu compter sur l’appui de Iyad Alasttal, réalisateur gazaoui - auteur des Gaza Stories visibles sur internet -, qui a pris en charge les tournages réalisés dans l’enclave. Yallah Gaza montre une population vivante, cultivée, bien éloignée de l’image de terroristes assoiffés de sang véhiculée par des médias qui s’interdisent de réfléchir. Dans cette émission, enregistrée vendredi 10 novembre, Roland Nurier évoque avec émotion les nombreux personnages qui apparaissent dans son film, et dont il est parfois sans nouvelle depuis plusieurs jours. Agriculteurs, pêcheurs, enseignants ou danseurs de Dabké vivent une vie presque normale où la guerre s’invite sans crier gare : explosion dans une ruelle brutalement envahie de poussière. Des participants aux marches du retour (2018) se font tirer par les snipers de l’armée de défense israélienne avec des balles explosives, munitions interdites, crimes de guerre... On retrouve ces mêmes jeunes gens, amputés d’un membre, sans même une prothèse. Ils jouent au foot appuyés sur une béquille, ou se jettent à l’eau du haut d’un rocher. À Gaza, on sait depuis longtemps, comme le disent tour à tour les protagoniste du film, que « Les droits ne sont pas donnés. Ils s’acquièrent par la lutte ». |
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