Et pourtant elle existe cette Littérature... Éditorial : Les damnés de la littérature existent. Un voile opaque dissimule des écrits et, paradoxe, il n’est aucunement nécessaire de recourir à la censure ou à la pratique de l’autodafé pour organiser cet ostracisme. Certes le roman policier a mis plusieurs décennies, quasiment un siècle, pour conquérir ses lettres de noblesse et être reconnu comme genre littéraire à part entière. Aujourd’hui le polar ou la BD sont connus, reconnus, il y a même inflation en la matière. Pour les écrits façonnés par la plume d’ouvriers, de paysans, d’employés, de vagabonds, de gens du petit peuple il n’en va pas de même. Ce courant littéraire aux origines anciennes, qui a fait irruption sur la scène publique dans la première partie du XXème siècle sous le terme générique de littérature prolétarienne, demeure en marge, ne suscitant pas la curiosité de lecteurs potentiels. Il y a des explications rationnelles à cette relative indifférence, et d’autres, conjoncturelles.
Historiquement, et dans de nombreux pays, la littérature issue du peuple, a connu une certaine notoriété, essentiellement au XXème siècle, en parallèle aux combats menés par la classe ouvrière. Mais même durant cette période « faste » l’on a pu constater des résistances, des blocages, les textes produits par des gens dont le métier n’est pas celui d’écrire est un phénomène qui déroute, inquiète, suscite parfois la méfiance. L’idéologie dominante fixe des cadres, balise des itinéraires, et il ne fait pas bon sortir des limites définies. Les catégories ont une fonction objective : certains sont des travailleurs manuels qui ont comme raison d’être de fournir des objets, plus ou moins utiles d’ailleurs, et d’autres sont des intellectuels qui ont comme tâche de mettre sur le marché des ouvrages, romans d’évasion, livres théoriques, ils ont comme matière première la pensée. L’appropriation de l’écrit par des manuels est donc une transgression des codes sociétaux, c’est une remise en cause, de fait, de l’agencement de la société capitaliste, et, inconsciemment, une anticipation d’un autre monde, que certains ont appelé le communisme, le commune libertaire, la société autogestionnaire, et dont un élément constitutif est la rupture avec les figures définies, imposées par la bourgeoisie, la séparation entre les activités manuelles et intellectuelles étant une composante essentielle de la société capitaliste. La parole du peuple bouscule donc les règles et un cordon sanitaire est mis en place.
Il y a d’autres motifs, plus complexes, à cette marginalisation de la littérature d’en bas. Dès l’émergence de ce courant des auteurs issus du prolétariat ont noté, avec une certaine amertume, que nombreux étaient les ouvriers qui rechignaient à lire ces textes, leur préférant des ouvrages d’évasion. Thierry Maricourt souligne dans son ouvrage consacré à la littérature suédoise que dans ce pays « … la littérature prolétarienne n’a pas été boudée par les lecteurs auxquels elle s’adressait... »(1), différence notable avec la France. Hostilité des experts, relative indifférence des gens du peuple, à l’exception d’une minorité soucieuse d’être fidèle à sa classe et qui refuse de parvenir, les écrivains.es du peuple doivent également affronter les partis politiques de la gauche institutionnelle qui militent pour une littérature de parti, conforme aux théories en vigueur. Ceci constitue de nombreuses digues édifiées entre le livre et le lectorat potentiel. Au XXIème siècle le recul du mouvement ouvrier organisé et conscient favorise la relégation de la littérature prolétarienne aux marges de la société, comme l’indifférence, que nous avons souvent constaté lors de salons du livre, dans des milieux militants estampillés révolutionnaires, la crainte sans doute de découvrir une réalité ouvrière en décalage avec la mythologie cultivée par les textes sacrés. L’hypothèse aussi que l’avant-garde autoproclamée considère que le peuple n’aurait pas les qualités requises pour dire, penser, écrire, l’expression ouvrière devant transiter par le prisme d’une autorité investie de cette mission.
En créant ce Cercle nous avons choisi de consacrer une partie de notre énergie militante à la promotion de ces écrits, d’hier et d’aujourd’hui. Cette valorisation de la parole exprimée par des auteurs.es du peuple est une tâche intégrée à la lutte pour l’émancipation du genre humain. La production des richesses réalisée par les ouvriers, les paysans, ne se limitent pas à la sphère matérielle.
Cette défense de la littérature prolétarienne nous entendons la mener sur plusieurs fronts : la promotion et la diffusion d’ouvrages, la réalisation d’initiatives, de rencontres, la production de textes actuels ou anciens, la création de supports adaptés pour la popularisation de ces écrits (CD-DVD).
 
Notre Feuille d’Informations, Fragments, constitue un outil de liaison et de communication de notre regroupement. Pour tout contact, demande d’adhésion, écrire : CCLOPS, 79 rue du Docteur Roux 95130 Franconville La Garenne.
Cercle culturel de Littérature ouvrière, Paysanne et sociale
3ème jeudi du mois
16h30-18h00



Avant le 16 décembre 2023 l'enregistrement démarre 5 mn avant l'heure prévue du début de l'émission
Après le 16 décembre 2023 1 mn

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17 octobre 2024

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19 septembre 2024

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15 août 2024

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18 juillet 2024

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20 juin 2024

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16 mai 2024

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18 avril 2024

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21 mars 2024

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15 février 2024

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18 janvier 2024

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21 décembre 2023

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